Candidat au poste de vice-président des Etats-Unis, Joe Biden devait passer ce soir son premier grand oral devant la convention démocrate réunie à Denver (Colorado) avec la tâche difficile de ne pas se laisser voler la vedette par Bill Clinton.

Chargé d'apporter du mordant à la campagne de Barack Obama, le «vétéran» Joe Biden qui n'a jamais mâché ses mots, devrait mettre sa verve en action dès mercredi soir.

Orateur redoutable, il avait envoyé au tapis par une phrase assassine l'ex-maire républicain Rudolph Giuliani durant la campagne des primaires, en affirmant que le candidat à l'investiture républicaine était incapable d'utiliser autre chose qu'un «nom, un verbe et le "11-Septembre" dans une phrase».

Cette pugnacité devrait être bienvenue alors que le camp républicain a adopté ces dernières semaines un ton résolument négatif contre M. Obama, n'hésitant pas à faire flèche de tout bois. Mercredi, l'équipe du candidat républicain John McCain a lancé un nouveau spot de campagne qui reproche au sénateur de l'Illinois de minimiser la menace iranienne... en utilisant des phrases de M. Obama sorties de leur contexte.

«L'heure de Biden est arrivée à Denver», affirmait sur sa Une mercredi le quotidien politique Roll Call.

Biden «a travaillé avec John McCain. Il connaît John McCain. Il peut très précisément expliquer pourquoi John McCain n'est plus» le franc-tireur indépendant qui a fait sa réputation, affirme Debbie Stabenow, une sénatrice du Michigan proche du président de la commission des Affaires étrangères du Sénat.

Il va prononcer «un discours costaud», a indiqué un conseiller du sénateur de Delaware.

Mais la partie n'est pas gagnée pour M. Biden. Les partisans de la sénatrice de New York Hillary Clinton, frustrés que leur championne ne soit pas la candidate du parti, ont espéré jusqu'au dernier moment qu'elle serait choisie comme candidate à la vice-présidence.

Après Hillary Clinton mardi soir, son mari, l'ancien président Bill Clinton, doit s'exprimer mercredi soir et M. Clinton n'est pas réputé pour aimer rester dans l'ombre.

Les républicains estimaient mercredi que Mme Clinton avait effectué un service minimum mardi soir en restant vague, selon eux, sur les capacités du sénateur de l'Illinois à être commandant en chef. Le camp républicain espère que Bill Clinton --longtemps leur ennemi juré-- savonnera un peu la planche du candidat démocrate.

«Ceux qui doutent de l'engagement du président Clinton pour que Barack Obama soit élu en novembre devraient impérativement écouter son discours mercredi soir», a cependant indiqué un conseiller de l'ancien président au journal politique The Hill.

Mais des médias américains ont également indiqué que l'ancien président snoberait jeudi le grand discours que doit prononcer M. Obama à Denver.

Plusieurs autres poids-lourds du parti démocrate doivent s'exprimer mercredi soir à la convention. Outre MM. Biden et Clinton, on attend les discours de l'ancien candidat à la Maison Blanche John Kerry et du chef de la majorité démocrate au Sénat Harry Reid.

Deux personnalités qui avaient souvent été citées pour le poste de colistier de M. Obama, le sénateur de l'Indiana Evan Bayh, proche des Clinton, et le gouverneur du Nouveau-Mexique Bill Richardson, sont attendus dans la soirée à la tribune de la convention.