Quatre-vingt-dix personnes étaient toujours portées disparues mercredi après le glissement de terrain qui a dévasté ce week-end le village d'Oso près de Seattle, alors qu'aucun nouveau corps n'a été extrait des décombres.

Lors d'un point presse en fin de journée, John Pennington, chef des services de secours du comté de Snohomish (État de Washington, nord-ouest des États-Unis), a annoncé que le nombre de personnes portées disparues avait été ramené à 90, contre 176 auparavant.

Il a également précisé qu'aucun corps n'avait été extrait des décombres mercredi. A ce jour, 16 dépouilles ont été récupérées et huit autres ont été localisées, portant le bilan probable à 24 morts -- un chiffre qui devrait être revu à la hausse jeudi, selon les secours.

M. Pennington a également déclaré que 35 autres personnes, en plus des 90 identifiées, «pourraient manquer à l'appel». Le chiffre est à prendre avec précaution car il pourrait désigner des personnes mal identifiées ou des doublons.

Samedi, un pan entier d'une colline surplombant Oso s'est détaché et s'est précipité dans une rivière voisine, entraînant une coulée de boue qui a tout détruit sur son passage.

Quelque 200 personnes, venues des quatre coins de l'État et dépêchées par le gouvernement fédéral, ont continué mercredi à ratisser le bourbier à la recherche d'éventuels survivants, avec l'aide de chiens et le renfort de deux nouveaux hélicoptères.

Le gouverneur de l'État de Washington, Jay Inslee, interrogé sur la chaîne CNN, n'a cependant pas caché son pessimisme quant à un alourdissement du bilan dans les prochains jours.

«Je pense que personne ne peut arriver à une autre conclusion», a-t-il déclaré. «La violence de ce glissement de terrain défie l'imagination. Le terrain de l'éboulement est dévasté à 100%».

Les recherches vont s'arrêter pour la nuit, a déclaré à l'AFP Bob Caulkings, un porte-parole des secouristes. «On ne peut pas mener d'opérations de recherches après la tombée du jour, c'est trop dangereux», a-t-il dit.

La communauté rurale d'Oso, à une centaine de kilomètres au nord-est de Seattle (État de Washington, nord-ouest), avait déjà été victime d'un glissement de terrain en 2006 et certains se demandent si les autorités ont été à la hauteur en termes de prévention.

Mais M. Pennington a réaffirmé que ses services ont fait «tout ce qu'ils ont pu» pour sécuriser la zone, «très propice aux glissements de terrain» et aux inondations.

«Plusieurs millions de dollars» ont notamment été dépensés pour aménager la rivière Stillaguamish, qui court aux abords d'Oso. Et malgré «plusieurs inondations», «les gens se sentaient en sécurité. Mais ils connaissaient les risques», a insisté M. Pennington.

Il a également rappelé qu'après les fortes pluies de l'hiver, ses services avaient alerté à plusieurs reprises les riverains. «On a fait ce qu'on a pu (...). Mais parfois, des catastrophes comme celles-là arrivent», a-t-il dit.

Mardi, il avait précisé qu'un petit séisme de magnitude 1,1 s'était produit le 10 mars à une centaine de mètres du glissement de terrain, sans savoir dans l'immédiat si les deux événements étaient liés.

Le Seattle Times a souligné pour sa part que l'exploitation forestière intensive, sur les collines environnantes, pourrait avoir contribué à rendre les sols instables.

M. Inslee n'a pas souhaité répondre aux interrogations sur une éventuelle responsabilité des autorités.

«Nous irons au bout de ce sujet quand nous aurons le temps de nous y pencher en profondeur», a-t-il dit, ajoutant que sa priorité dans l'immédiat était «de secourir les victimes».

Certains riverains sont également frustrés de ne pas pouvoir participer aux opérations de secours et d'être tenus à distance de leurs maisons -- ou de ce qu'il en reste.

Kraig Wenrick affirme ainsi que «tout le monde est énervé. Ils doivent nous laisser aller là-bas et faire notre travail», a-t-il déclaré à l'AFP.

«Nous connaissons les maisons, nous savons où habitaient les gens, nous connaissons ces lieux mieux que quiconque. Et avoir des personnes qui viennent ici, qui ne connaissent rien et qui nous disent ce qu'on doit faire, c'est inacceptable», ajoute-t-il.