Le gang des «Aztecas» (Aztèques), accusé par Mexico et Washington du meurtre de deux Américains du consulat de Ciudad Juarez dans le nord du Mexique, s'est constitué à la fin des années 80 à l'intérieur de prisons du Texas, au sud des États-Unis.

La bande autrefois petite a beaucoup grossi depuis sa création en 1986 par un détenu mexicain pour se défendre, en prison, contre d'autres gangs, afro-américains surtout, selon la police de l'État de Chihuahua où se trouve Ciudad Juarez, à la frontière du Texas face à El Paso.

Ils seraient maintenant 2000, employés comme tueurs à gages par le puissant cartel de la drogue «de Juarez», dans la ville du même nom, mais aussi de l'autre côté de la frontière, de la Californie au Texas en passant par l'Arizona et le Nouveau-Mexique.

La police les considère aujourd'hui comme «un des gangs les plus puissants de la frontière» américano-mexicaine, longue de 3000 km de la Californie au Texas.

Le cartel «de Juarez», conduit par Vicente Carrillo Fuentes, dont la tête est mise à prix cinq millions de dollars aux États-Unis, livre une lutte sanglante pour le contrôle du trafic de la drogue au cartel de «Sinaloa», dirigé depuis sa cavale par Joaquin «El Chapo» (le petit) Guzman, évadé d'un pénitencier mexicain en 2001 et classé maintenant comme milliardaire en dollars par le magazine américain Forbes.

Les meurtres, samedi, d'une fonctionnaire américaine du consulat des États-Unis à Ciudad Juarez, de son mari, américain lui aussi, et de l'époux mexicain d'une autre employée consulaire, sont les plus récents d'une longue liste attribuée aux «Aztèques».

Ils sont accusés, par exemple, du massacre d'une quinzaine de jeunes, lycéens pour la plupart, au cours d'une fête en ville à l'aube du 31 janvier. On les soupçonne aussi d'avoir tué, il y a un an, 20 détenus du pénitencier local, des hommes de main présumés du cartel «de Sinaloa», rival de celui «de Juarez».

On reconnaîtrait les membres du gang à leurs tatouages préhispaniques: pyramides, serpents à plumes. On en aurait vu arborant des panaches emplumés et jouant du tambour rituel lors de plusieurs de leurs attaques, selon des médias locaux.

Ils se donnent des grades, depuis «indien» jusqu'à «général», en passant par «soldat», «sergent», «lieutenant» ou «capitaine». Ils ont interdiction de consommer de la cocaïne, dont ils sont devenus revendeurs au détail. Leurs «activités» s'étendent maintenant au racket de commerçants. L'interdiction pour les «Aztèques» de consommer des psychotropes est en fait un mode de protection pour l'organisation. Drogués, ils risqueraient de révéler les secrets du gang.

Un de leurs «cadres supérieurs», Eduardo Ravelo, fait partie des dix fugitifs les plus recherchés par le FBI (Bureau fédéral d'enquêtes) américain.

Celui à qui on attribue le massacre des lycéens, Adrian Ramirez, avait été tué le lendemain dans un échange de tirs avec l'armée. Il était de nationalité américaine, né en 1979 à El Paso, où il était recherché pour le non-respect des règles prévalant à sa liberté conditionnelle, selon les autorités des deux pays.