L'éruption du volcan Eyjafjöll se poursuit mais le panache de cendre émis depuis près d'une semaine et qui paralyse le ciel européen a nettement diminué, affirment mardi les scientifiques islandais, alors que l'Europe a craint l'arrivée d'un nouveau nuage.

D'autant que le volcan a commencé à projeter de la lave, ce qui signifie que le glacier Eyjafjallajokull enrobant la montagne déverse moins d'eau dans le magma et que de ce fait il y a moins de cendre qui s'en échappe pour aller se déverser sur l'Europe.

«Il y a moins de cendre. La situation s'améliore pour l'Europe, mais l'éruption se poursuit», affirme une météorologue de l'Office météorologique islandais, Gudrun Nina Petersen.

D'après le volcanologue français Patrick Allard, la hauteur du panache de cendre a été divisée par deux ces dernières 48 heures car «il y a moins d'interaction entre le magma et le glacier, qui a fondu au fur et à mesure, s'est fait vaporiser. Cela contribue à diminuer l'intensité de l'activité explosive».

Pour Mme Petersen, les informations parues en Europe concernant l'arrivée d'un nouveau nuage de cendre dans le ciel européen sont faussées par une mauvaise interprétation.

Les autorités aéronautiques britanniques (Nats) ont annoncé lundi soir que l'éruption du volcan islandais s'était intensifiée, envoyant un nouveau nuage de cendres vers la Grande-Bretagne.

Mais selon Mme Petersen, «si des cendres ont été détectées au-dessus de l'Angleterre (lundi soir), ce sont des cendres qui ont été rejetées 24 heures plus tôt», avant le début de l'éruption de lave.

Quant à l'intensification supposée de l'éruption, elle est fermement démentie par une géophysicienne de l'Université d'Islande à Reykjavik, Sigrun Hreinsdottir.

«Nous constatons toujours une contraction du volcan, ce qui est toujours bon signe. Je m'inquièterais si nous voyions une expansion du volcan, mais nous voyons le volcan se ramasser», a-t-elle affirmé à l'AFP.

Les scientifiques préviennent cependant que le volcan, entré en éruption le 14 avril, continuait de produire de la cendre et que la quantité de cette cendre qui entrait dans l'espace aérien européen était en grande partie liée à la force et à la direction des vents.

Les prévisions météorologiques annoncent de faibles vents à basse altitude dans la zone du volcan ces prochains jours, puis de la pluie durant le week-end. Mais en altitude, les vents au-dessus de l'Islande sont violents et soufflent en direction de l'Europe.

Si bien que l'un des facteurs clés pour le ciel européen sera la hauteur de la colonne de cendre s'échappant de l'Eyjafjöll: atteindra-t-elle l'altitude critique des vents violents ?

«Très difficile à prévoir», répond mardi Mme Petersen.

Actuellement, le panache ne dépasse pas les 4.000 m, selon les scientifiques, ce qui le situe en-dessous des vents d'altitude. En outre, il contient désormais beaucoup de vapeur.

«Il y a toujours un panache qui s'échappe du cratère, mais il est plus petit et plus clair, ce qui signifie qu'il n'y a plus beaucoup de cendre dedans», affirme la police islandaise en faisant état d'une «activité volcanique considérable» de l'Eyjafjöll, matérialisée par trois cratères actuellement en activité.

Malgré ces observations rassurantes, les scientifiques soulignent que le volcan n'est pas en train de se rendormir, même si aucun signe avant-coureur d'une nouvelle grosse éruption n'a été enregistré, ni pour l'Eyjafjöll, ni pour aucun de ses voisins parmi lesquels le bien plus redouté Katla.

«Il n'y a aucune activité sismique sur le Katla», a affirmé une autre météorologue de l'Office météorologique islandais, Kristin Vogfjord.