Dans la foulée de la disparition du Boeing 777 de Malaysia Airlines, en mars, plus de 200 experts se sont réunis pendant deux jours au siège de l'Organisation de l'aviation civile internationale (OACI), à Montréal. L'industrie aérienne s'est engagée à adopter des mesures volontaires pour améliorer le repérage des avions. Mais pour de nouvelles normes internationales, il faudra attendre des années.

Coup d'oeil sur ce dossier complexe.

Les transporteurs ne sont pas obligés de suivre leurs avions

Aussi étonnant que cela puisse paraître, l'OACI n'oblige pas les compagnies aériennes à assurer le suivi continu de leurs avions en vol. Il faut dire que plusieurs des normes internationales ont été établies alors qu'il n'existait pas de technologie de repérage hormis les radars, dont la couverture n'est que partielle au-dessus des océans. Le conseil de l'OACI a promis hier de rendre obligatoire le suivi des avions, mais il faudra faire preuve de patience: l'instauration d'une nouvelle norme internationale prend au moins trois ans.

Peu de leçons tirées de l'accident du vol AF 447

Le 1er juin 2009, le vol 447 d'Air France, qui reliait Rio de Janeiro à Paris, s'est abîmé dans l'océan Atlantique, tuant 228 personnes. Hier, une contre-expertise judiciaire a confirmé que l'accident a été causé par une «réaction inappropriée de l'équipage après la perte momentanée des indications de vitesse». Il a fallu près de deux ans pour retrouver les deux boîtes noires de l'avion. Même si l'appareil avait communiqué sa dernière position cinq minutes avant de sombrer, la zone de recherche était tout de même immense: 17 000 km2. Les avions long-courriers d'Air France transmettent désormais leur position aux 60 secondes, mais plusieurs autres transporteurs s'en tiennent toujours à des communications aux 10 minutes, voire 20 minutes.

De modestes changements en marche

En réaction à l'accident du vol AF 447, l'OACI a tout de même prolongé de 30 à 90 jours la durée d'émission du signal des boîtes noires. La nouvelle norme, entrée en vigueur en novembre 2012, ne sera toutefois imposée à tous les avions qu'en... 2018. À partir de novembre prochain, les règles de l'OACI obligeront aussi les transporteurs à faire en sorte que leurs avions envoient des signaux aux tours de contrôle en cas de déviation par rapport au plan de vol.

Plusieurs solutions possibles

De nombreuses technologies existent pour suivre la trajectoire d'un avion où qu'il se trouve. Certaines d'entre elles sont déjà utilisées par des compagnies aériennes, mais c'est l'exception plutôt que la règle. Pas moins de 30 fournisseurs proposent actuellement des solutions de repérage plus ou moins complètes, a relevé hier Kevin Hiatt, expert de l'Association du transport aérien international (IATA). Les systèmes les plus avancés permettent l'envoi de signaux de détresse aussitôt qu'un imprévu survient (plan de vol non respecté, perte de vitesse, défaillance du système de communication, etc.). Ils peuvent être activés à distance et sont conçus pour que l'équipage ne puisse pas les désactiver.

Des boîtes noires dans le nuage

L'entreprise Inmarsat a fait un coup d'éclat lundi en mettant à la disposition de 11 000 avions, soit la quasi-totalité des appareils long-courriers, un service gratuit de repérage par satellite. La plupart de ces avions sont déjà équipés pour communiquer avec les satellites d'Inmarsat. La firme britannique projette aussi d'offrir le téléchargement en continu des informations des boîtes noires (black box in the cloud), ce qui permettrait d'accélérer les enquêtes lorsque les épaves des appareils sont difficiles à retrouver.

Une question de coûts

Selon un sondage réalisé par l'OACI auprès d'une vingtaine de fournisseurs, l'installation d'un système de localisation pourrait coûter moins de 100 000$ par avion. Il s'agit tout de même d'une somme considérable pour les transporteurs qui exploitent des centaines d'appareils.