Les élèves de Sierra Leone ont commencé mardi à reprendre le chemin de l'école, après huit mois de fermeture en raison de l'épidémie d'Ebola, dont le pays compte le plus grand nombre de cas.

«C'est un pas important vers un retour à la vie normale en Sierra Leone», a affirmé le représentant de l'UNICEF (Fonds des Nations unies pour l'enfance) dans le pays, Roeland Monasch.

«Il est important que tous les enfants aillent à l'école, y compris ceux qui n'y allaient pas avant l'épidémie d'Ebola», soit plus de 230 000 sur un total de 1,8 million d'élèves, selon les statistiques officielles, a-t-il ajouté.

Avec neuf cas confirmés pour la semaine qui s'est achevée le 5 avril, contre 25 la précédente, et le plus bas niveau depuis quelque 11 mois, la Sierra Leone est sur la bonne voie, s'est félicitée l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) dans son dernier bilan hebdomadaire publié le 8 avril.

L'UNICEF a annoncé avoir, en vue de cette rentrée exceptionnelle, formé 9000 enseignants à la prévention d'Ebola et fourni 24 300 dispositifs de lavage des mains, soit une moyenne de trois pour chacun des quelque 8000 établissements du pays.

La réouverture des écoles, initialement programmée le 30 mars, avait été reportée de deux semaines, à la suite notamment d'une recrudescence du virus dans l'ouest, où se trouve Freetown, la capitale.

Un porte-parole du ministère de l'Éducation, Brima Turay, a annoncé qu'il y aurait désormais cours le samedi «pour rattraper le temps perdu».

Les enseignants sont préparés pour faire classe pendant 25 semaines sans interruption, en sacrifiant certaines disciplines, «comme le sport ou les remises de prix» pour rattraper le retard, a indiqué Sylvester Meheux, président d'une organisation de directeurs d'écoles secondaires.

«Venue pour voir»

«Nous évitons les contacts corporels et l'entassement. C'est pourquoi les élèves sont séparés et non pas serrés comme des sardines», a expliqué à l'AFP la directrice d'une école primaire de l'est de Freetown, Leticia Greywoode, où les élèves devaient se faire prendre la température à l'entrée.

«Avant Ebola, nous avions des classes de 50 ou 60», a-t-elle indiqué.

Dans une école secondaire de filles voisine, les élèves en blouse rayée font la queue pour s'inscrire et sont aussitôt dirigées vers des rangées de seaux d'eau chlorée pour se désinfecter les mains.

«J'ai déjà retrouvé certaines de mes camarades, mais malheureusement d'autres sont mortes d'Ebola en allant visiter leur famille en province», confie l'une d'entre elles, Mariama Gibril.

Une mère célibataire, Aminata Turay, a précisé «être venue uniquement pour voir comment se passait la réouverture le premier jour afin de décider ou non d'amener (sa) fille le lendemain».

Dans une école maternelle privée où seule une dizaine de la cinquantaine d'élèves étaient présents, Salvetta Jones, mère d'un garçon de 4 ans, a indiqué préférer le garder à la maison tant que le virus n'a pas été éradiqué.

Dans le sud du pays, l'absentéisme était élevé pour ce premier jour, mais la situation était meilleure dans plusieurs provinces du nord, selon les médias locaux.

Des trois pays les plus touchés, la Sierra Leone est le dernier à rouvrir ses écoles, après la Guinée le 19 janvier et le Liberia 16 février.

Le retour des élèves a été progressif, avec actuellement 1,3 million en Guinée (85 %) et 800 000 au Liberia, selon l'UNICEF, soit environ la moitié.

L'épidémie d'Ebola en Afrique de l'Ouest, la plus grave depuis l'identification du virus en Afrique centrale en 1976, est partie en décembre 2013 du sud de la Guinée avant de se propager au Liberia et à la Sierra Leone voisins.

Selon le dernier bilan de l'OMS, nettement sous-évalué de l'aveu même de l'organisation, elle a fait plus de 10 600 morts - dont près de 4000 identifiés en Sierra Leone - sur quelque 25 000 cas, à plus de 99 % dans ces trois pays.

Les États-Unis ont signé lundi un accord avec l'Union africaine (UA) pour soutenir le projet de l'UA, dans la foulée de l'épidémie d'Ebola, de Centre africain de prévention et de contrôle des maladies, sur le modèle des  Centres fédéraux américains de contrôle et de prévention des maladies (CDC).