L'Organisation mondiale de la Santé (OMS) débutera samedi en Guinée l'essai d'un vaccin contre le virus Ebola développé dans un laboratoire de Winnipeg, afin d'en vérifier l'efficacité.

La stratégie de vaccination de l'OMS - qui se concentrera en Basse-Guinée, la région la plus touchée dans le pays - est de créer une zone-tampon autour d'un patient afin de prévenir la propagation de la maladie. L'essai sera mené en collaboration avec Médecins sans frontières, l'organisme d'épidémiologie Épicentre, l'institut norvégien de la santé publique et le gouvernement guinéen.

Plus tard ce mois-ci, les Centres pour le contrôle et la prévention des maladies des États-Unis testeront le vaccin VSV-EBOV - qui est désormais breveté chez Newlink Genetics et Merck - en Sierra Leone.

Au Liberia, les autorités sanitaires testeront deux vaccins - le canadien et un américain - sur un échantillon important de la population. Environ 27 000 personnes, dont un groupe contrôle qui recevra un placebo, devraient participer à l'étude.

Les essais des vaccins expérimentaux commencent plusieurs mois en retard, alors que l'épidémie d'Ebola a ralenti considérablement. Mais ces tests demeurent importants pour se sortir de l'épidémie actuelle et prévenir les subséquentes, selon le docteur Jeremy Farrah, directeur de la fondation Wellcome Trust, qui a financé le projet en Guinée.

Le vice-président des affaires médicales et de la politique sanitaire de Merck, le docteur Mark Feinberg, est confiant qu'au moins un des vaccins franchira le processus de validation.

À l'automne, les centres de soins pour l'Ebola du Liberia débordaient de patients, ce qui offrait un «laboratoire» intéressant aux autorités pour procéder à des essais.

À l'heure actuelle, toutefois, ces mêmes centres sont vides. Le directeur du système de gestion des incidents, Tolbert Nyenswah, a indiqué à l'Associated Press qu'il n'y avait plus de cas d'Ebola confirmés dans le pays. Mercredi, il a affirmé qu'une fois la dernière patiente renvoyée chez elle, le Liberia pourrait enclencher un décompte de 42 jours afin d'être déclarée sans Ebola selon les protocoles et exigences de l'OMS.

Il s'agit d'une bonne nouvelle, certes, mais cela complique le travail des autorités pour prouver l'efficacité du vaccin si le virus ne se propage plus.

Espoirs en Sierra Leone et en Guinée

Les espoirs sont donc tournés vers la Sierra Leone et la Guinée, où de nouveaux cas ont été confirmés encore récemment.

«Nous tentons d'optimiser la mesure de l'efficacité avec un seul vaccin. (Si nous avions) deux autres groupes, nous pourrions difficilement mesurer l'efficacité», a expliqué la docteure Anne Schuchat, des Centres pour le contrôle et la prévention des maladies pour la vaccination et les maladies respiratoires.

Les Centres ont choisi le vaccin canadien parce qu'il serait plus susceptible de fonctionner avec une seule dose, mais aussi parce qu'il offrirait une protection plus longue que l'américain. «Avec moins de cas, et la possibilité que les essais soient plus longs, nous avions besoin d'une réponse plus durable», a expliqué la docteure Schuchat.

Les experts américains observeront la réaction du corps à l'injection (fièvres et douleurs musculaires) et ses conséquences sur le système immunitaire à l'aide de prises de sang.

En Guinée, la technique de la «vaccination en anneau» sera utilisée - où, lorsqu'un nouveau cas est confirmé, on sélectionnera aléatoirement des gens de l'entourage du malade pour leur offrir le vaccin immédiatement ou dans un délai de trois semaines.