Les dirigeants des trois pays africains frappés par l'Ebola et les représentants de la communauté internationale examinaient mardi à Bruxelles les moyens de venir à bout de l'épidémie et de garantir le versement de l'aide promise de 4,9 milliards de dollars américains.

Même si la contamination reflue, «l'épidémie n'est pas finie, nous devons encore concentrer tous nos efforts pour vaincre Ebola une bonne fois pour toutes», a souligné à son arrivée la chef de la diplomatie européenne, Federica Mogherini.

«Il faut aussi réaliser que ce sont des communautés entières, des sociétés et des pays qui doivent se rétablir» de l'impact de l'épidémie, a-t-elle ajouté.

Agences de l'ONU, Banque mondiale, ONG ainsi que délégations européennes, américaine, chinoise, cubaine ou australienne : tous les acteurs de la lutte contre l'Ebola sont représentés à la réunion, qui vise à conduire la région vers le «zéro cas» humain, et aider au rétablissement des pays touchés.

À l'épicentre de l'épidémie qui s'est déclarée en décembre 2013, le Liberia, la Sierra Leone et la Guinée sont représentés par leurs chefs de l'État, respectivement Ellen Johnson Sirleaf, Ernest Bai Koroma et Alpha Condé.

Mme Sirleaf a déclaré à l'AFP attendre de la conférence la mise au point «d'une feuille de route» pour le rétablissement économique de la région. «Nous ne devons pas relâcher l'effort» face à l'Ebola, a-t-elle ajouté, s'affirmant «optimiste» sur l'issue de la bataille.

«Cela va être une tâche très difficile et méticuleuse», a souligné le coordinateur de l'ONU pour la lutte contre l'épidémie, David Nabarro, lors d'un point de presse à Bruxelles.

Depuis le pic de l'épidémie, durant l'automne, les nouveaux cas ont été divisés par dix, passant de quelque 900 à une centaine en moyenne par semaine, selon l'ONU. Quoique tardifs, le sursaut international et l'engagement africain ont permis de contenir l'épidémie, qui a fait plus de 9700 morts recensés.

Si parmi les trois pays les plus touchés, le Liberia est sur la bonne voie, la tendance est toutefois repartie à la hausse dans certaines zones côtières de Guinée et de Sierra Leone, avec la persistance de foyers aléatoires dans des zones reculées de ces pays.



Garantir le versement de l'aide

«Nous n'en sommes pas encore à tourner la page. Il faut maintenir la mobilisation et vérifier que tout le nécessaire est fait», souligne-t-on à la Commission européenne.

Parmi les priorités, la mise en place d'équipes sanitaires volantes pour mieux ventiler la riposte. Une des préoccupations est de convaincre des «communautés qui résistent encore» d'adopter les bonnes pratiques, selon Ismaïl Ould cheikh Ahmed, qui dirige la mission de coordination des Nations unies pour l'Ebola.

En matière de personnel, «il manque encore de 200 à 300 spécialistes de santé publique», à trouver surtout en Afrique pour plus d'efficacité, a expliqué M. Nabarro à l'AFP.

Le retard pris pour mobiliser et former les quelques milliers de soignants requis a toutefois été comblé pour l'essentiel, grâce à l'engagement de nombreux Africains et à la mise en place d'un système d'évacuation de nature à rassurer les volontaires étrangers.

L'enjeu est aussi de garantir le bon versement des aides promises, pour un montant total de 4,9 milliards de dollars américains, dont 2,4 milliards ont déjà été déboursés, selon des chiffres de la Commission.

La contribution européenne, 1,2 milliard d'euros (1,34 milliard de dollars américains), a déjà été versée «pour plus de la moitié», selon une source européenne, se félicitant d'une «rapidité très rare».

Mais «il ne s'agit pas d'une conférence de donateurs», assure-t-on. L'examen d'éventuelles rallonges financières a été renvoyé à deux prochains rendez-vous internationaux sur l'Ebola, en avril à l'initiative de la Banque mondiale et en mai à l'appel du secrétaire général de l'ONU.

Chute de 12 % du PIB de la région touchée, systèmes de santé sinistrés, avec le risque que le sida ou la malaria regagnent du terrain, production agricole réduite de moitié, secteur minier affecté : un soutien à long terme est de fait requis pour faire face au désastreux impact économique et social de l'épidémie et aider les pays touchés à un complet rétablissement, selon l'exécutif européen.

La conférence vise à «préparer cette transition» pour «éviter que cette déstabilisation ait des effets pervers à moyen et long terme», dans une zone qui émerge à peine de décennies de sanglantes guerres civiles.