Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon, en tournée dans les trois pays touchés par Ebola en Afrique de l'Ouest, les a assurés vendredi de l'appui de la communauté internationale pour endiguer l'épidémie et reconstruire leurs services de santé sinistrés afin d'en éviter de nouvelles.

«Aujourd'hui nous avons des raisons d'être prudemment optimistes de voir cette terrible épidémie vaincue. La propagation du virus ralentit au Liberia», s'est félicité M. Ban lors d'une conférence de presse conjointe avec la présidente libérienne Ellen Johnson Sirleaf.

«Notre stratégie de mobilisation marche», a-t-il ajouté, accompagné dans cette tournée par la directrice générale de l'Organisation mondiale de la santé [OMS], le Dr Margaret Chan, le coordinateur de l'ONU pour la lutte contre l'épidémie, le Dr David Nabarro, et le chef de Mission de l'ONU pour la lutte contre Ebola (UNMEER) Anthony Banbury.

«Ce n'est pas le moment de relâcher nos efforts», a-t-il néanmoins souligné, exprimant sa «grande admiration et (son) respect pour les milliers de secours nationaux et internationaux qui contribuent à sauver des vies sur la ligne de front, y compris les États-Unis» qui ont envoyé des milliers de militaires et civils au Liberia.

«Nous serons avec vous jusqu'à ce que l'épidémie soit maîtrisée et que le pays se soit rétabli», a assuré le secrétaire général de l'ONU, qui dispose d'une Mission au Liberia, la MINUL, comptant quelque 8600 employés, dont le départ est prévu fin 2015, a-t-il rappelé.

«Nous devons intensifier nos efforts pour rétablir des services sociaux fondamentaux, renforcer les services de santé, soutenir l'activité économique et consolider la résilience du pays», a-t-il dit.

Arrivé dans la matinée en provenance d'Accra, capitale du Ghana, siège de l'UNMEER, où il a débuté son voyage jeudi soir, M. Ban a été accueilli à sa descente d'avion par le vice-président libérien Joseph Boakai, avec les honneurs militaires.

Il devait ensuite se rendre dans l'après-midi en Sierra Leone, puis samedi en Guinée et au Mali, dernier pays touché mais qui ne compte plus de cas, avant de retourner au Ghana.

L'épidémie, la plus grave depuis l'identification du virus en Afrique centrale en 1976, partie en décembre 2013 du sud de la Guinée, a fait au moins 6915 morts sur 18 603 cas recensés, dont plus de 99 % dans ces trois premiers pays, selon le dernier bilan de l'OMS arrêté au 14 décembre.

Limogeage de chefs villageois 

En Sierra Leone, pays le plus touché en nombre de cas (plus de 8500, soit près de la moitié), une soixantaine de malades ont été identifiés au cours de la première journée d'une campagne de porte-à-porte lancée mercredi dans l'Ouest, la région la plus affectée, comprenant la capitale, Freetown, selon les autorités sanitaires.

Le but de l'opération, qui doit durer jusqu'à la fin de l'année, est «d'évacuer les malades potentiels vers des centres pour les tester au virus Ebola», a expliqué aux journalistes le chef du Centre national de lutte contre l'épidémie (NERC) Palo Conteh, précisant qu'elle se concentrait sur 21 «foyers» de contamination dans la région.

Soucieuse de la mobilisation de toutes les autorités, la ministre de l'Administration locale, Diana Konomani-Kabba, a par ailleurs annoncé le limogeage de 60 chefs villageois du secteur de Waterloo, une des zones les plus affectées, à la périphérie est de Freetown, pour ne pas avoir assisté à une réunion de sensibilisation à laquelle 105 étaient conviés.

À Conakry, la capitale guinéenne, où M. Ban est attendu samedi, un incendie d'origine indéterminée dans un entrepôt de l'aéroport a détruit jeudi d'importantes quantités de matériel destiné à la lutte contre Ebola.

Le sinistre a été constaté «alors qu'une grande partie du magasin avait été dévorée par les flammes», a indiqué à l'AFP Abdel Kader Yombouno, conseiller juridique de la Sogeac (Société de gestion de l'aéroport de Conakry), précisant qu'une grande partie des produits «stockés à l'aéroport par le Programme alimentaire mondial (PAM) étaient partis en fumée».

L'UNMEER a confirmé le feu dans «un entrepôt des Nations unies en Guinée contenant des médicaments et du matériel de laboratoire», déplorant «une perte regrettable dans les approvisionnements», sans toucher les équipements de protection stockés à proximité.

Il s'agit de la tournée du plus haut niveau dans ces pays depuis le début de l'épidémie. Le seul chef d'État non africain à s'y rendre a été le président français François Hollande, en visite en Guinée le 29 novembre.