Il y aura un an demain que l'épidémie d'Ebola s'est déclarée, en Afrique de l'Ouest. Le «patient zéro», un garçon de 2 ans, est mort le 6 décembre 2013 dans un petit village de Guinée. Douze mois et 6000 morts plus tard, des progrès sont enfin constatés sur le terrain, mais ils sont nettement insuffisants. Voici trois bonnes et trois moins bonnes nouvelles au sujet d'Ebola.

Les bonnes

Vaincre Ebola est possible

Quand les moyens sont mis de l'avant, il est possible de stopper l'épidémie. C'est ce qu'a constaté Médecins sans frontières (MSF) à Foya, dans le nord du Liberia, près des frontières de la Guinée et de la Sierra Leone. La mise en oeuvre des mesures de lutte contre le virus et la forte mobilisation de la communauté ont fait en sorte qu'il n'y a à cet endroit «aucun cas confirmé depuis plus de quatre semaines», écrivait l'ONG dans son état des lieux, cette semaine. Il y a d'ailleurs une «forte diminution du nombre de malades» dans la région, à cheval sur trois pays, où l'épidémie a commencé, indique Meinie Nicolai, présidente de MSF-Belgique, jointe par La Presse à Bruxelles.

Le taux de guérison augmente

Le virus Ebola tue jusqu'à 70% des personnes qu'il affecte, mais Médecins sans frontières parvient à réduire ce taux entre 50 et 60% dans ses centres de traitements. «Au début, c'était pire parce que nous n'étions pas bien installés, explique Meinie Nicolai. Il y avait tellement de malades qu'on ne pouvait pas absorber tout le monde.» Maintenant, au fur et à mesure que l'accès aux soins s'améliore, le taux de guérison augmente. «Ce qui est sûr, c'est que plus les gens viennent tôt dans un centre de traitement, plus ils ont de chances de survie.»

Le vaccin canadien «bien toléré»

Le vaccin expérimental canadien VSV-ZEBOV contre le virus Ebola est «bien toléré par les volontaires» qui l'ont reçu, ont indiqué cette semaine les Hôpitaux universitaires de Genève (HUG), en Suisse, où se déroule un essai clinique depuis le 10 novembre. Les 34 personnes qui ont reçu soit le vaccin, soit un placebo, n'ont ressenti «aucun effet secondaire préoccupant», indique le communiqué, ajoutant que «les injections ont déclenché des réponses inflammatoires qui étaient attendues, elles ont été d'intensité faible à modérée». D'autres essais cliniques du même vaccin sont aussi en cours au Canada, aux États-Unis, en Allemagne, au Gabon, et bientôt au Kenya.

Les mauvaises

L'objectif de l'ONU raté

Les Nations unies souhaitaient qu'au 1er décembre, 70% des cas d'Ebola soient isolés et traités et que 70% des enterrements soient faits de façon sécuritaire. Or, si plus de 70% des cas rapportés sont pris en charge en Guinée et au Liberia, ce n'est pas encore le cas en Sierra Leone. De plus, MSF rappelle que c'est essentiellement dans les grands centres que les choses s'améliorent. «Dans les zones rurales, on ne sait pas exactement ce qui se passe, dit Meinie Nicolai. Les routes sont mauvaises, il n'y a pas encore de centre de transit ou de traitement proches des communautés.» Quant à l'objectif concernant les enterrements sécuritaires, il n'a été atteint dans aucun des trois pays.

Risque de «double échec»

MSF craint un «double échec» de la communauté internationale: que la réaction à l'épidémie, qui a d'abord été trop lente, soit maintenant inadéquate. L'ONG donne l'exemple de nouveaux centres de prise en charge en construction dans la capitale libérienne, Monrovia, «alors que les capacités d'isolement sont suffisantes et que le nombre de cas baisse». Meinie Nicolai insiste: «Il faut s'adapter à l'épidémie et aller là où elle frappe le plus fort.» En ce sens, elle se réjouit que l'armée américaine ait déclaré mercredi envisager de réduire ses opérations au Liberia pour rediriger ses ressources vers les deux autres pays touchés. Quelque 2900 militaires américains sont déployés en Afrique de l'Ouest pour lutter contre Ebola.

Manque d'intervenants dans les centres d'isolement

Depuis le début de la mobilisation internationale, MSF répète la même chose: construire des centres de traitement et d'isolement est certes une bonne chose, mais encore faut-il avoir du personnel pour les faire fonctionner, ce qui manque cruellement pour l'instant. Il faut non seulement du personnel médical, mais aussi logistique: des gens pour former du personnel local, faire de la sensibilisation, procéder à des inhumations sécuritaires, retracer tous ceux qui ont été en contact avec une personne testée positivement. «La communauté internationale a peur», se désole Meinie Nicolai, qui rentre elle-même d'un séjour en Guinée et au Liberia.