L'apparition récente de l'épidémie d'Ebola en Afrique de l'Ouest forcera les pays de la Francophonie à faire preuve de solidarité a souligné samedi, le premier ministre Stephen Harper. Les vaccins expérimentaux développés au Canada seront mis à la disposition des pays concernés a-t-il annoncé.

Prenant la parole samedi après-midi à l'ouverture du 15e sommet de la Francophonie, le premier ministre canadien a emboité le pas du président français François Hollande qui, arrivant de Guinée, a fait de la lutte à l'Ebola la priorité dans ses interventions au sommet.

La situation «interpelle la solidarité internationale» de souligner M. Harper, constatant que «grâce à des efforts de prévention remarquables des autorités gouvernementales et du personnel médical, le Sénégal a échappé aux pires effets de ce malheur». Un seul cas avait été constaté et le malade s'en était tiré. L'Organisation mondiale de la Santé a déclaré le Sénégal exempt du virus.

Mais la situation reste «préoccupante» constate-t-elle. Le Canada avait réagi rapidement à cette menace en appuyant tant les pays touchés que leurs voisins.

Le Canada annonce d'autres gestes au sommet dont «le prochain déploiement d'équipes médicales et de militaires sur le terrain pour prêter main-forte aux populations locales, en plus de fournir des laboratoires mobiles». «Nous fournirons aussi des vaccins expérimentaux et de l'assistance financière à l'Organisation mondiale de la Santé et à d'autres partenaires internationaux» de préciser M. Harper.

Le Canada a annoncé 500 millions pour la création de vaccins dans le cadre d'un budget international de 3,5 milliards pour la lutte contre la mortalité infantile. «Chaque année, des centaines de milliers de femmes ne survivent pas à leur grossesse ou à leur accouchement et, en 2013, plus de six millions d'enfants sont morts avant leur cinquième anniversaire de naissance» d'observer M. Harper.

«Le Canada a suscité une mobilisation mondiale afin de réduire la mortalité maternelle et d'améliorer la santé des mères et des enfants dans les pays les plus pauvres du monde» insistera M. Harper, soulignant que depuis trois ans, deux millions de décès avaient été prévenus grâce à l'accès aux vaccins. Le Canada propose au sommet une résolution sur la santé des mères, des nouveau-nés et des enfants. 

M. Harper s'adressait au sommet dans le cadre de la séance d'ouverture de plus de trois heures, où une quinzaine de chefs d'État ont pris la parole. De nombreuses performances d'artistes de la francophonie ont eu lieu, dont celles de Diane Dufresne et Zachary Richard. La cérémonie se déroulait dans un nouveau centre des congrès, moderne, appelé Abdou Diouf, du nom de l'ancien président. On l'aura construit au milieu de nulle part, en pleine savane, à 45 minutes d'autoroute de la capitale, pour créer un nouveau pôle de développement au «Sénégal émergent».

Dans son intervention le premier ministre canadien a paru faire une allusion au débat récent au Québec autour de Samuel de Champlain.

«Depuis que Samuel de Champlain a fondé notre première capitale nationale, Québec, 1608, la langue et la culture françaises font partie de l'ADN du Canada» a-t-il dit évoquant même «l'accent d'Amérique» la nouvelle identification de la ville de Québec.

Pour François Hollande, «la vie peut gagner contre l'épidémie. Faisons en sorte que l'espoir soit possible, il y a une vie aussi après Ebola, il conviendra de mettre en place toutes les structures sanitaires pour qu'il n'y ait plus d'Ebola nulle part au monde».

Son discours d'ouverture fut aussi l'occasion d'un vibrant plaidoyer en faveur de la langue française, «la langue de la décolonisation». Il y aura bientôt 750 millions de personnes parlant français, grâce notamment à la jeunesse africaine.

Dans un appel à une plus grande démocratie, il a salué le retour de Madagascar au sein de la famille francophone, un pays mis au ban pour son traitement des libertés fondamentales.

Hôte de la réunion Macky Sall le président du Sénégal a martelé les thèmes du sommet, les femmes et le développement économique. «La francophone c'est la culture et les droits de l'homme, mais c'est aussi l'économie et les échanges commerciaux» a-t-il dit.

«Que serait le monde sans la contribution des femmes et sans l'enthousiasme de sa jeunesse. Pourtant les femmes et les jeunes sont les plus exposées en temps de conflit, les plus vulnérables en temps de paix», a-t-il souligné.