Les pays les plus riches du monde réunis au G20 en Australie se sont engagés samedi à «éradiquer» l'épidémie d'Ebola, qui a fait plus de 5000 morts en Afrique de l'Ouest, alors qu'une propagation du virus est redoutée au Mali.

«Les membres du G20 s'engagent à faire tout ce qu'il faut pour éradiquer l'épidémie et à couvrir ses conséquences économiques et humanitaires à moyen terme», indique un communiqué publié à l'issue de la première journée du sommet qui s'achève dimanche.

«Nous allons travailler via des coopérations bilatérales, régionales et multilatérales, et en collaboration avec des acteurs non gouvernementaux», poursuit le communiqué du G20 qui ne revèle aucun engagement financier tangible.

Cette annonce intervient alors que les pressions sur le G20 pour agir rapidement se sont nettement intensifiées avant l'ouverture du sommet à Brisbane, dans l'est de l'Australie.

Dans la matinée, le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon, présent au G20, a insisté sur «la nécessité d'intensifier la réponse internationale» pour endiguer l'épidémie de fièvre hémorragique.

Le Togo, qui coordonne la lutte contre Ebola en Afrique de l'Ouest, a lui exhorté la communauté internationale à «ne pas relâcher l'effort».

Selon le dernier bilan de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) publié vendredi, l'épidémie a fait 5177 morts sur 14.413 cas dans huit pays, les plus touchés étant la Guinée, le Liberia et la Sierra Leone.

Le décès ces derniers jours au Mali de trois personnes sur quatre testées positives à l'Ebola, après une toute première victime fin octobre, font craindre une propagation de l'épidémie à ce vaste pays d'Afrique de l'Ouest.

Cette hypothèse a été jugée «inquiétante» par la France qui a dépêché d'urgence au Mali la secrétaire d'État chargée du Développement, Annick Girardin, et étendu samedi ses contrôles aux passagers des vols en provenance de Bamako, dans les deux plus grands aéroports parisiens, Charles-de-Gaulle et Orly.

«Pas suffisant»

Réagissant à l'annonce du G20, des ONG se sont déclarées sceptiques, voire «très déçues», à l'image d'Oxfam.

Ce dernière a estimé qu'il y a avait «un vrai risque que la bonne volonté du G20 et ses préoccupations ne débouchent sur pas grand-chose de concret pour ceux dont la vie est menacée, au Sierra Leone, au Liberia et en Guinée».

L'ONG ONE a relevé pour sa part que l'engagement du G20 n'était «pas suffisant au regard de l'ampleur de la crise».

«Où sont les actions concrètes sur lesquelles s'engage chaque État membre du G20 pour contrôler l'épidémie et aider les pays à se remettre de cette crise?», a interrogé Friederike Röder, directrice de ONE France parlant pour l'ensemble de l'organisation.

Par ailleurs, le Sénégal, qui avait fermé le 21 août ses espaces aérien et maritime aux avions et bateaux en provenance de Guinée, Liberia et Sierra Leone en raison de l'épidémie d'Ebola, avait annoncé vendredi leur réouverture partielle.

Le Liberia, pays le plus touché par l'épidémie, avait franchi jeudi une étape décisive avec la levée de l'état d'urgence, après le net ralentissement de la propagation d'Ebola dans le pays et l'annonce de premiers essais de traitements clinique du virus.

Mais l'OMS a mis en garde contre tout relâchement des efforts pour combattre Ebola.

Selon la Banque mondiale, la propagation de l'épidémie actuelle pourrait coûter plus de 32 milliards de dollars à l'Afrique de l'Ouest d'ici à la fin 2015.

Le secrétaire général de l'ONU a aussi observé que la crise d'Ebola pourrait se répercuter dans d'autres domaines et entraîner ainsi une crise alimentaire en raison de la perturbation des récoltes agricoles dans les pays affectés en Afrique de l'Ouest, en raison des zones de quarantaine et des restrictions aux déplacements.