L'Union européenne s'est engagée lundi à fournir un «effort accru» pour «endiguer» l'Ebola dans les pays africains touchés, augmentant ses promesses d'aide et offrant des «garanties» d'évacuation sanitaire aux humanitaires infectés par la maladie.

«Un effort uni, concerté et accru est nécessaire pour endiguer l'épidémie et fournir l'aide nécessaire et appropriée aux pays touchés», ont affirmé les ministres européens des Affaires étrangères à l'issue d'une réunion à Luxembourg.

Parallèlement, en Espagne, l'infirmière infectée dans un hôpital madrilène semble guérie. Un premier test, dont les résultats doivent encore être confirmés lundi, a indiqué dimanche soir que Teresa Romero, première personne à avoir contracté la maladie hors d'Afrique, n'avait plus le virus.



La patiente norvégienne est «guérie»


La femme médecin norvégienne qui avait contracté le virus d'Ebola lors d'une mission en Sierra Leone est guérie, a annoncé lundi son employeur, la branche norvégienne de Médecins sans Frontières (MSF).

«Nous sommes très heureux d'apprendre que notre collègue est guérie», a déclaré à l'AFP le porte-parole de MSF Norvège, Jonas Haagensen.

Juste auparavant, l'hôpital universitaire d'Oslo avait indiqué que la patiente allait sortir d'une unité spéciale d'isolement réservée aux grands contaminés où elle était confinée depuis son rapatriement de la Sierra Leone le 7 octobre.

«C'est une très bonne nouvelle», a souligné M. Haagensen, qui a dit s'exprimer en accord avec l'intéressée.

La nature du traitement qui a été prodigué à la Norvégienne de 30 ans n'est pas connue à ce stade.

Il y a une semaine, l'équipe médicale qui la traite avait indiqué qu'elle était dans un état «stationnaire avec des signes d'amélioration».

Alors que l'Ebola a fait plus de 4500 morts, selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), la présidente du Liberia Ellen Johnson Sirleaf a exhorté dimanche «le monde entier» à «participer» à la lutte contre cette maladie «qui ne connaît pas de frontières».

L'OMS a déclaré lundi sa fin officielle au Nigeria, après le Sénégal vendredi. Dans les deux pays, la réaction très rapide des autorités et le déploiement d'équipes chargées de surveiller toutes les personnes entrées en contact avec des malades ont été des éléments-clés pour stopper la chaîne de contamination.

Mais l'épidémie continue de faire rage en Guinée, en Sierra Leone et au Liberia, où Mme Sirleaf a réclamé «l'engagement de chaque Nation (...) en mesure d'aider, soit avec des fonds d'urgence, des fournitures sanitaires ou de l'expertise médicale».

C'est «un problème grave que nous ne devrions pas sous-estimer. Ce n'est pas un problème qui va se cantonner à une seule partie du globe», a souligné lundi la chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton, à son arrivée à la réunion des ministres des Affaires étrangères de l'UE.

Les ONG réclament un dispositif garantissant l'évacuation vers l'Europe en 48 heures de leur personnel s'il était infecté. Sans cela, difficile de trouver des volontaires pour aller soigner des patients hautement contagieux dans des conditions difficiles.

«Plateforme européenne»

«C'est un enjeu capital pour enrayer la progression de la maladie sur le terrain», a souligné un diplomate européen.

Les ministres devraient se mettre d'accord sur un système de rapatriement mixte, à la fois par des avions privés d'une société américaine spécialisée, affrétés par la Commission européenne, et des appareils civils ou militaires, quelle que soit la nationalité de l'humanitaire tombé malade.

Les ministres français, britannique et allemand, qui forment le «moteur» des propositions d'aide, devaient se réunir avant le début du Conseil des 28 ministres.

«C'est une crise sanitaire majeure. Il ne nous reste pas beaucoup de temps pour y répondre et empêcher qu'elle ne s'étende hors de tout contrôle», a prévenu le Britannique Philip Hammond. Il a réitéré l'appel à augmenter à un milliard d'euros (1,4 milliard de dollars) l'aide européenne, qui s'élève aujourd'hui à environ 500 millions, dont 180 apportés par la Commission.

Le ministre allemand Frank-Walter Steinmeier a plaidé pour la création d'une «plateforme européenne» pour que des pays n'ayant pas les moyens de mettre sur pied leur propre mission puissent contribuer à l'aide, avec des ambulances spécialisées, des laboratoires ou des lits.

Il n'est toutefois pas question d'envoyer sous l'égide de l'UE des militaires dans les pays touchés, comme l'a réclamé l'ONG OXFAM. Les États-Unis vont déployer 3000 soldats au Liberia et la Grande-Bretagne 750 en Sierra Leone. La France a préféré apporter une réponse civile en Guinée, où elle construit un centre de traitement en forêt équatoriale.

Jeudi et vendredi, les chefs d'État et de gouvernement européens doivent discuter à Bruxelles d'un sujet brûlant alors que l'opinion publique se montre de plus en plus inquiète : éviter la propagation du virus sur le sol européen.

Des contrôles de température sur des passagers venant des pays affectés, dans les aéroports principalement, sont désormais effectués en Grande-Bretagne, en France et en Belgique. Aux États-Unis, le président Barack Obama a appelé la population à «ne pas céder à l'hystérie».

- Avec Alix Rijckaert