La lutte contre Ebola en Afrique de l'Ouest a besoin de la participation de toutes les nations, car cette maladie «ne connaît pas de frontières», déclare Ellen Johnson Sirleaf, présidente du Liberia, pays le plus touché par l'épidémie, dans une lettre ouverte diffusée dimanche.

«En seulement un peu plus de six mois, Ebola a réussi à mettre mon pays dans une impasse. Nous avons perdu plus de 2000 Libériens» morts cette fièvre hémorragique, rappelle Mme Sirleaf dans cette «lettre au monde» transmise à la BBC et reproduite par des sites d'information en ligne.

Elle souligne que les trois pays les plus touchés - Liberia, Sierra Leone et Guinée - étaient «des États fragiles» qui tentent de se relever des effets de guerres «interconnectées».

«Mais une chose est claire», note-t-elle, la mobilisation contre Ebola «est une lutte à laquelle le monde entier doit participer. Cette maladie ne connaît pas de frontières. Les ravages qu'elle cause en Afrique de l'Ouest - que ce soit dans la Santé publique, l'économie ou au sein des communautés - se font déjà ressentir dans toute la région et à travers le monde».

«La réaction internationale à cette crise a dans un premier temps été incohérente et a manqué de coordination. Mais maintenant, enfin, le monde s'est réveillé. La communauté internationale s'est rendu compte qu'elle ne pouvait pas se barricader en espérant que la situation se dissipe», affirme Mme Sirleaf.

«Cette lutte a besoin de l'engagement de chaque nation qui est en mesure d'aider, soit avec des fonds d'urgence, des fournitures sanitaires ou de l'expertise médicale», estime-t-elle, en invitant «gouvernements, organisations internationales, institutions financières, ONG, hommes politiques et gens ordinaires» à tous «prendre part à la lutte contre Ebola».

«C'est un devoir pour chacun» de «ne pas laisser des millions d'habitants de l'Afrique de l'Ouest se débrouiller seuls contre un ennemi qu'ils ne connaissent pas et contre lequel ils ont peu de moyens de se défendre», insiste-t-elle.

Le Liberia est entré dans sa onzième année de paix fragile après des guerres civiles qui y ont fait environ 250 000 morts entre 1989 et 2003.

La Sierra Leone voisine, qui a également été affectée par une décennie de guerre civile (1991-2001) ayant causé quelque 120 000 morts, a annoncé dimanche la mise en place d'un numéro vert (le 117) pour signaler sans délai tout corps à ramasser.

En attendant l'arrivée de l'équipe mortuaire, «le corps ne doit être touché, lavé ou manipulé par personne», a insisté le ministère de la Santé dans un communiqué, afin d'assurer une meilleure exécution des opérations funéraires, qui se dérouleront quotidiennement de 7 h à 18 h (3 h à 14 h, heure de l'Est).

Au maximum dix proches d'un défunt d'Ebola - probable, suspect ou confirmé - pourront assister à son enterrement, mais ils devront observer une distance de sécurité de 5 mètres.

Selon Ellen Jonhson Sirleaf, le virus Ebola a pu se propager rapidement dans la région en raison de la faiblesse des services d'urgence et de secours ainsi que de forces militaires, sous-équipés et sous financés, mais aussi «en l'absence de la préparation nécessaire pour faire face à un tel défi».

Au début de la guerre, le Liberia comptait quelque 3000 médecins qualifiés. À la fin du conflit, il en restait «à peine trois douzaines», indique-t-elle

Selon le dernier bilan publié vendredi par l'Organisation mondiale de la santé, à la date du 13 octobre, l'épidémie d'Ebola a fait 4555 morts sur 9216 cas enregistrés dans sept pays. Pour le Liberia, on compte 2484 morts sur 4262 cas enregistrés, pour la Sierra Leone, 1200 morts sur 3410 cas.

Selon l'OMS, le Liberia dispose de six centres de traitement d'Ebola sur 28 prévus, soit une capacité de 620 lits sur 2930 (21 %) nécessaires, avec les personnels de santé requis pour seulement 16 de ces 28 centres.

La Sierra Leone compte 346 lits sur 1198 requis (29 %). La Guinée est sensiblement mieux lotie, avec 160 lits pour des besoins estimés à 260 (50 %).