Les autorités du Texas recherchaient mercredi toutes les personnes - dont des enfants - qui auraient pu entrer en contact avec le patient, un Libérien, dont l'infection par Ebola a été tardivement diagnostiquée aux États-Unis.

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Les Centres de contrôle et de prévention des maladies (CDC) ont affirmé que toutes les personnes qui risquaient d'avoir été infectées faisaient l'objet d'une étroite surveillance médicale.

Parmi eux, «des enfants en âge scolaire ont été en contact avec le patient», a déclaré le gouverneur du Texas Rick Perry.

Le directeur de l'école secondaire Emmett J. Conrad de Dallas a informé les parents qu'un élève «aurait été en contact» avec le malade mais qu'il ne présentait «aucun symptôme». «On lui a conseillé de rester chez lui», a ajouté le proviseur, David Hamilton, dans un courrier obtenu par l'AFP.

Un proche du malade est suivi de près par les médecins, a par ailleurs indiqué le directeur des services de santé du comté de Dallas, Zachary Thompson.

Un expert des CDC a indiqué lors d'une conférence de presse à Monrovia que le malade était Libérien.

La période d'incubation va de deux à 21 jours et une personne ayant contracté le virus n'est pas contagieuse tant qu'elle n'a pas de symptômes (maux de tête, fièvre ou vomissements).

L'hôpital, le Texas Health Resources, a admis avoir fait une erreur en renvoyant le patient chez lui après être une première fois passé aux urgences.

«Le patient a dit à l'infirmière chargée d'établir la fiche d'informations qu'il avait récemment voyagé en Afrique», a rapporté mercredi Dr Mark Lester, directeur général de Texas Health Resources.

«Malheureusement cette information n'a pas été transmise à toute l'équipe soignante et n'a pas pu être prise en compte dans sa décision clinique», a-t-il ajouté. Le patient a donc été renvoyé chez lui le jour même, avec un diagnostic «d'infection virale bénigne».

Sans symptôme depuis son arrivée à Dallas le 20 septembre en provenance du Liberia, il a commencé à se sentir mal le 24 et s'est rendu aux urgences le 25 septembre au soir --et non le 26 comme indiqué précédemment par l'hôpital--, avant d'y retourner en ambulance le 28 pour y être placé en quarantaine.

Son infection par le virus a été confirmée mardi par deux laboratoires.

«Sonnette d'alarme» 

Il se trouve dans un état «grave mais stationnaire», a fait savoir l'hôpital mercredi.

Mais les autorités sanitaires s'inquiètent du fait que pendant les quatre jours (du 24 au 28 septembre) où il était contagieux sans être en quarantaine, il ait pu contaminer d'autres personnes.

Le virus Ebola ne se transmet pas par voie aérienne, comme la grippe par exemple, et ne peut être transmis qu'au contact direct de fluides contaminés, comme le sang ou la salive.

Pour Dr Anthony Fauci, directeur de l'Institut national des allergies et des maladies infectieuses (NIAID), ce patient aurait dû être traité comme un cas suspect d'infection par Ebola dès sa première visite à l'hôpital le 25 septembre.

«Si le médecin du service d'urgence avait interrogé cette personne sur ses antécédents de voyage et que celle-ci lui avait dit revenir d'Afrique de l'Ouest, cela aurait tiré une énorme sonnette d'alarme», a-t-il déclaré à l'AFP.

«Il est vraiment important de s'assurer que les médecins sont bien conscients que nous avons un problème, qu'il y a une épidémie en Afrique et que des personnes vont voyager aux États-Unis sans aucun symptôme», a-t-il poursuivi.

Toutefois, le Dr Fauci a écarté tout risque «d'épidémie aux États-Unis» étant donné les capacités du système médical à retrouver et à suivre les personnes ayant eu des contacts avec un malade.

Le directeur des CDC, le Dr Tom Frieden, a répété mercredi qu'il n'y avait «aucun risque» de contamination des passagers de l'avion dans lequel il a voyagé entre le 19 et le 20 septembre, car il ne présentait alors aucun symptôme.

En revanche, il n'a pas écarté la possibilité que des membres de son entourage puissent avoir été infectés et «développent Ebola au cours des prochaines semaines».

De son côté, le directeur de la Banque mondiale Jim Yong Kim, lui-même un infectiologue, a affirmé que le combat contre Ebola était également celui contre «l'inégalité» Nord-Sud en termes d'accès aux soins, estimant que la communauté internationale n'agissait pas «assez vite» contre l'épidémie.

L'OMS a averti cette semaine que l'épidémie était en croissance «explosive» et pourrait contaminer 20 000 personnes d'ici novembre.

L'épidémie actuelle d'Ebola est la plus grave depuis l'identification du virus en 1976, avec 3338 morts sur les 7178 cas enregistrés dans cinq pays africains (Sierra Leone, Guinée, Liberia, Nigeria, Sénégal), selon le dernier bilan de l'OMS au 28 septembre.

Il n'existe actuellement aucun médicament ni vaccin homologué contre Ebola. Un essai clinique avec un vaccin prometteur est en cours aux États-Unis depuis début septembre et pourrait être prêt en 2015.

L'annonce de ce premier cas d'Ebola identifié hors d'Afrique chez une personne ayant voyagé en avion a fait chuter les actions des compagnies aériennes américaines de plus de 2,5% mercredi à Wall Street.