La détection d'un cas de fièvre Ebola aux États-Unis ne doit pas inquiéter les Québécois: la province est toujours «aussi prête» et «aussi alerte» face à l'épidémie, a-t-on assuré hier au cabinet du ministre de la Santé, Gaétan Barrette. «Nous avons un protocole de prévention qui fonctionne, que les cas soient aussi loin qu'en Afrique ou aussi près qu'à Dallas», a déclaré l'attachée de presse Joanne Beauvais. Bilan d'une épidémie à laquelle le Canada espère échapper.

Plus de 6500 personnes se trouvant en Guinée, au Liberia, au Nigeria, au Sénégal et en Sierra Leone ont contracté la fièvre Ebola depuis le mois de mars. L'épidémie que connaît l'Afrique de l'Ouest est la plus importante de l'histoire. Le bilan des morts est tout près des 3100 personnes.

La situation peut-elle se détériorer?

Oui. Si des changements «draconiens» ne sont pas apportés, il y aura 20 000 cas de fièvre hémorragique dès novembre, selon l'Organisation mondiale de la santé. Aux États-Unis, les Centres de contrôle et de prévention des maladies formulent des projections plus pessimistes: sans aide supplémentaire, 1,4 million de personnes seront infectées par le virus d'ici le mois de janvier, y estime-t-on. Interrogé à ce sujet hier, le premier ministre Stephen Harper a rappelé que le pays s'était engagé la semaine dernière à fournir une aide supplémentaire de 30 millions de dollars pour la lutte contre le virus Ebola. L'Équipe canadienne d'intervention en cas de catastrophe n'est cependant pas en mesure d'aider les pays d'Afrique de l'Ouest, puisqu'elle est formée pour fournir des soins d'urgence de base, a précisé le premier ministre.

Comment se transmet le virus?

Le virus Ebola se transmet par contact direct avec le sang, les liquides organiques, les sécrétions ou les excrétions, par exemple les selles, les vomissements, la sueur ou le sperme d'une personne infectée, qu'elle soit vivante ou morte. Mais le virus se contracte aussi par contact indirect avec des objets, vêtements ou draps, entre autres, qui ont été contaminés par les fluides en question.

Pourquoi est-il si difficile de contrôler l'épidémie?

Les trois pays les plus durement touchés par l'épidémie - le Liberia, la Sierra Leone et la Guinée - ont des systèmes de santé qui présentent de graves lacunes. La somme des dépenses en santé publique et privée atteignait ainsi 32$US par habitant en Guinée, en 2012. Au Liberia et en Sierra Leone, ces dépenses étaient de 65 à 96$US par habitant, respectivement. En comparaison, le Canada allouait cette année-là 5741$US en dépenses de santé par habitant et les États-Unis, 8895. Dans ces conditions, il est difficile pour les équipes sur le terrain de coordonner une stratégie efficace de lutte contre l'Ebola. D'autant que certains habitants des pays où l'épidémie fait rage ne font pas confiance aux équipes médicales: ils remettent en question les méthodes qu'elles privilégient pour combattre le virus.

Sources: Centres de contrôle et de prévention des maladies, Organisation mondiale de la santé, Banque mondiale