Le Canada octroiera une aide additionnelle de 30 millions $ pour la lutte contre l'épidémie d'Ebola en Afrique.

Le ministre du Développement international, Christian Paradis, a précisé jeudi que la somme serait versée à la Société canadienne de la Croix-Rouge et à d'autres partenaires humanitaires. L'argent servira aux soins des patients, à l'éducation sanitaire et aux efforts de prévention.

Le Canada avait déjà annoncé l'octroi de 5 millions $ et l'envoi de centaines de doses d'un vaccin expérimental dans l'espoir de contenir l'épidémie mortelle.

«Comme le nombre de cas continue d'augmenter, il est évident qu'il faut en faire plus, a déclaré M. Paradis en conférence de presse à New York. On doit combattre la maladie, en plus de la peur qu'elle suscite, pour obtenir un réel succès».

Le ministre croit également que de plus grands efforts doivent être faits pour bien coordonner les mesures d'intervention internationales.

«Le Canada continue d'être très préoccupé par la coordination inadéquate des efforts actuellement entrepris. Le rôle spécifique de l'ONU et des autres agences de première ligne comme le militaire et (les organisations non-gouvernementales) doit être précisé», a-t-il ajouté.

Le président et chef de la direction d'UNICEF Canada, David Morley, s'est dit très heureux de la somme octroyée, mais elle ne fait pas disparaître ses inquiétudes.

«L'aide du Canada et celle des autres pays donateurs n'arrivent pas assez vite, car la propagation du virus Ebola est plus rapide que les efforts qui visent à la contrer», a affirmé M. Morley dans un communiqué.

Le virus a déjà fait environ 3000 morts en Sierra Leone, en Guinée, au Liberia et au Nigeria depuis l'éclosion de l'épidémie cet été.

Le président américain Barack Obama a dressé lui aussi un portrait sombre de la situation.

«Il y a un écart important entre où nous sommes et où nous devrions être», a-t-il déclaré lors d'une rencontre de haut niveau aux Nations unies au sujet de la crise d'Ebola.

L'épidémie continue de se propager et les experts en santé avertissent que le nombre de cas pourrait augmenter de façon dramatique dans les prochains mois si de meilleurs efforts d'éradication ne sont pas entrepris.

L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a souligné que dans le passé, les éclosions d'Ebola sont survenues dans des villages isolés d'Afrique, mais que la plus récente épidémie touche des zones urbaines densément peuplées de l'ouest du continent.

Selon l'OMS, le taux de mortalité pour l'Ebola est d'environ 50%, bien qu'il ait atteint 90% lors de certaines épidémies.

L'organisation souligne que l'épidémie actuelle est la plus importante et la plus complexe depuis que le virus a été découvert en 1976, avec davantage de cas rapportés et de décès que lors de toutes les autres combinées.

«L'épidémie risque d'empirer avant de s'améliorer», a averti la directrice de l'OMS, Margaret Chan. Selon elle, le virus court toujours et «saute par-dessus tout ce qui a été mis en place pour le ralentir».

Elle a fait écho à l'avertissement récemment émis par le Conseil de sécurité de l'ONU, qui a souligné que si cette épidémie n'était pas gérée adéquatement, elle pourrait dégénérer en crise de sécurité et menacer la paix mondiale.

Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a indiqué que le nombre de cas doublait toutes les trois semaines. Il a demandé que l'aide financière soit multipliée par 20 pour atteindre un milliard $ afin de s'attaquer à la crise pour les six prochains mois.

Le président Obama a envoyé 3000 soldats américains au Liberia pour installer des cliniques médicales et former des équipes pour aider les professionnels de la santé africains à traiter les victimes du virus.

Jeudi, les législateurs au Congrès américain ont approuvé l'utilisation du reste de l'argent dédié à la guerre en Afghanistan pour commencer à financer la requête d'un milliard $ du président pour combattre le virus.