Le bilan de l'éclosion sans précédent d'Ebola en Afrique de l'Ouest pourrait augmenter de dizaines ou même de centaines de milliers de cas avant la fin de l'année, indique une nouvelle étude.

La recherche, publiée jeudi dans le journal en ligne Eurosurveillance, soutient que si la progression continue à son rythme actuel, le pire scénario verrait entre 77 181 et 277 124 cas additionnels d'ici la fin de 2014.

Les plus récents chiffres de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) indiquent qu'il y a eu au moins 4269 cas de la maladie et 2288 morts dans cette éclosion qui aurait débuté à la fin de 2013.

Les auteurs estiment peu probable que le pire scénario s'avère, étant donné l'accroissement des efforts de confinement en réponse à la crise. Mais en entrevue, l'un des auteurs a reconnu que leurs évaluations pourraient être trop basses si les chiffres actuels des autorités sont erronés et que plusieurs autres cas ont été oubliés ces dernières semaines.

Gerardo Chowell, de l'Université de l'État de l'Arizona à Tempe, a affirmé que si les cas sont plus ou moins «uniformément étalés dans le temps», alors leurs évaluations «ne devraient pas trop changer». Néanmoins, si la plupart des cas non signalés sont survenus «plus récemment», il s'agirait d'une «très mauvaise nouvelle», a-t-il ajouté.

Un éditorial accompagnant l'étude prévient que le monde ne peut pas espérer que cette éclosion d'Ebola se dissipe d'elle-même. Le texte est écrit par Adam Kucharski et Peter Piot de la London School of Hygiene and Tropical Medicine. M. Piot est l'un des découvreurs du virus Ebola. Les deux experts parlent d'une crise internationale qui demande une réponse conséquente.

«Il est vrai qu'une telle épidémie décline généralement après qu'un certain nombre de personnes eurent été infectées, car il n'y a plus suffisamment d'individus pour soutenir la transmission», affirment-ils. Mais MM. Kucharski et Piot précisent qu'il n'est plus possible de se fier à un tel scénario, étant donné les vastes populations dans les secteurs touchés et le haut taux de mortalité de la maladie.

Ils laissent entendre qu'à moins que les efforts de confinement commencent à gagner du terrain, le nombre de cas pourrait doubler tous les deux semaines.