Les cas d'Ebola s'accroissent rapidement en Afrique de l'ouest et vont probablement continuer à augmenter davantage, a indiqué mardi un haut responsable sanitaire américain, estimant qu'il fallait agir de façon urgente et massive pour endiguer cette épidémie.

«Malgré les efforts importants déployés par le gouvernement américain, les Centres fédéraux de contrôle et de prévention des maladies (CDC) et des pays affectés, le nombre de cas continue à augmenter et s'accroît désormais rapidement», a dit le Dr Tom Frieden, directeur des CDC (Centers for diseases control and prevention).

«Et je crains qu'au cours des toutes prochaines semaines, ces chiffres vont encore augmenter et de façon importante», a-t-il ajouté lors d'une conférence de presse pour faire part de sa récente tournée dans les pays d'Afrique de l'ouest touchés par cette flambée d'Ebola d'une ampleur sans précédent depuis l'émergence du virus en 1976.

L'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a estimé la semaine dernière que 20 000 personnes pourraient être touchées en Afrique.

Selon le dernier bilan de l'OMS, on dénombrait 3.069 cas dont 1552 décès au 26 août.

Pour le Dr Frieden, la période durant laquelle il est encore possible d'arrêter cette épidémie avant qu'elle ne s'étende à d'autres pays et devienne encore plus difficile à contrôler «est près d'arriver à sa fin».

«Il faut donc agir dès maintenant pour accroître la réponse...», a-t-il insisté, soulignant «qu'on sait comment faire pour arrêter Ebola». Il a cité la détection rapide de l'infection, la mise en quarantaine systématique des personnes infectées et le suivi des malades guéris encore contagieux jusqu'à 21 jours.

Mais il faut plus de moyens financiers et techniques ainsi qu'une plus grande mobilisation et coordination internationale, a expliqué le responsable, si l'on veut arriver à stopper l'épidémie.

Le président Barack Obama a réitéré dans une vidéo publiée mardi à l'adresse du public des pays affectés par Ebola (Liberia, Sierra Leone, Guinea et Nigeria) que les États-Unis avec leurs partenaires dans le monde travaillaient avec leur gouvernement respectif pour les aider à arrêter la maladie.

«Stopper l'épidémie ne va pas être facile mais nous savons quoi faire», a-t-il déclaré ajoutant que «nos pays peuvent travailler ensemble pour améliorer la santé publique et empêcher que des épidémies similaires ne se répétent dans l'avenir».

Le Dr Frieden a relevé que le virus ne semblait pas connaître de mutation qui pourrait faciliter sa propagation. Il a d'ailleurs jugé ce risque «très faible».

Plus pessimiste, la présidente de Médecins sans frontières (MSF), Joanne Liu a estimé mardi dans un discours à l'ONU que le monde est en train de «perdre la bataille» contre la progression de l'épidémie d'Ebola.

Un test de détection efficace en 30 minutes

Des chercheurs japonais ont indiqué mardi à l'AFP avoir développé une nouvelle méthode pour détecter la présence de l'Ebola en 30 minutes, avec une technologie qui pourrait permettre de diagnostiquer rapidement l'infection même dans des pays où les équipements font défaut.

Le professeur Jiro Yasuda et son équipe de l'Université de Nagasaki (ouest) affirment que leur processus est non seulement efficace dans des délais très courts, mais également moins cher que le système actuellement utilisé en Afrique de l'Ouest. Les chercheurs ont mis au point ce que l'on nomme en biologie une «amorce» qui amplifie seulement les gènes spécifiques du virus Ebola lorsqu'il est présent.

De l'acide ribonucléique (ARN) est extrait des éventuels virus présents dans un échantillon de sang, après la désactivation de ceux-ci.

À partir de ces informations de codage est créée une séquence ADN qui est mélangée à l'amorce dans une éprouvette. Le tout est ensuite chauffé à 60-65 degrés Celsius.

Si l'Ebola s'y trouve, l'ADN spécifique au virus est amplifié en 30 minutes et, le cas échéant, le liquide dans l'éprouvette devient trouble, ce qui donne alors une confirmation visuelle de l'infection.

Actuellement, une méthode appelée réaction en chaîne de la polymérase, ou PCR, est largement utilisée pour détecter le virus Ebola. Elle consiste à répliquer un gène plusieurs fois de suite afin d'avoir suffisamment de matière à analyser. Elle a pour inconvénient d'exiger du matériel spécifique et de prendre une à deux heures.

«Le nouveau procédé japonais, lui, ne nécessite qu'un simple équipement de chauffe, alimenté par une batterie, et le tout ne coûte que quelques centaines de dollars, un prix que les pays en développement devraient être en mesure de payer», a précisé M. Yasuda.

«Nous n'avons pas encore reçu de demandes, mais serions heureux d'offrir ce moyen d'analyse qui est prêt», dit-il.

-Avec Associated Press