Une travailleuse des services de santé libériens s'étant remise de l'Ebola après avoir reçu un vaccin expérimental a pressé le fabricant d'accélérer sa production et de l'envoyer en Afrique, tandis que la foule célébrait dans les rues, samedi, après que les autorités eurent rouvert un bidonville qui avait été mis en quarantaine pendant plus d'une semaine pour tenter de contenir la maladie.

L'infirmière Kyndy Kobbah devrait obtenir samedi son congé de l'hôpital après avoir survécu à la maladie, qui s'est avérée mortelle dans plus de la moitié des cas recensés en Afrique de l'Ouest. Mme Kobbah a été contaminée par le virus alors qu'elle travaillait dans un hôpital gouvernemental au nord de la capitale.

Dans une entrevue avec l'Associated Press avant son congé, Mme Kobbah a pressé le fabricant du médicament expérimental ZMapp d'accélérer la production. L'entreprise a fait savoir que ses stocks étaient épuisés et qu'il faudra plusieurs mois pour en fabriquer d'autres.

Selon les médecins, impossible de savoir si le ZMapp a fait une différence, ou si les survivants ont guéri par eux-mêmes, tout comme environ 45 pour cent des gens infectés depuis le début de la plus récente épidémie. Le médicament n'a jamais été testé sur les humains avant d'être donné à deux Américains infectés au Liberia. Ils ont tous deux survécu et ont obtenu leur congé d'un hôpital d'Atlanta.

Cependant, une étude publiée vendredi dans le journal Nature indique que le ZMapp a guéri les 18 singes infectés par le virus mortel.

Pendant ce temps, les tensions ont diminué samedi dans le quartier West Point de Monrovia, la capitale du Liberia, après que les autorités eurent levé un blocus qui avait déclenché des troubles. Les habitants de la zone craignaient de manquer de nourriture et d'eau propre.

La présidente du pays avait ordonné la mise en quarantaine le 19 août, après que des habitants du quartier eurent attaqué un centre de traitement plusieurs jours plus tôt. Les résidents disaient ne pas vouloir de malades dans la communauté, bien que ceux qui demeuraient dans le centre étaient sous observation pendant une période d'incubation de 21 jours.

Durant l'émeute, des protestataires se sont enfuis avec des matelas tachés de sang et d'autres objets qui pourraient disséminer le virus.

La levée de la quarantaine, samedi matin, ne signifie pas qu'il n'y a pas d'Ebola dans le bidonville de West Point, a fait savoir le ministre de l'Information Lewis Brown. Les autorités croient néanmoins pouvoir mieux travailler avec les résidents pour y dénicher les malades, a-t-il dit.

Le Liberia est le plus touché des cinq pays ayant recensé des cas d'Ebola en Afrique de l'Ouest, avec au moins 694 morts sur 1378 infections. Plus de 3000 contaminations ont été signalées au Liberia, en Guinée, en Sierra Leone et au Nigeria, et le Sénégal a annoncé vendredi son premier cas.

Un étudiant guinéen porté disparu depuis plusieurs semaines est apparu à un hôpital de Dakar, mardi, en réclamant des soins, sans toutefois indiquer qu'il avait été en contact avec des victimes de la maladie, a confirmé la ministre de la Santé.

L'étudiant, éventuellement retracé après une alerte lancée par les autorités sanitaires de la Guinée, a finalement été placé en quarantaine, et serait dans un état satisfaisant. Les autorités ont également envoyé une équipe pour désinfecter la maison où il vivait au Sénégal.