Le bilan de l'épidémie d'Ebola qui frappe l'Afrique de l'Ouest a dépassé 1500 morts, a dévoilé jeudi l'OMS, alors que les ministres de la Santé de la région sont en réunion de crise à Accra.

De nouveaux chiffres qui confirment les avertissements lancés par plusieurs responsables ces derniers jours sur l'aggravation de l'épidémie.

L'Organisation mondiale de la santé a dénombré 3069 cas d'Ebola, dont 1552 décès, dans quatre pays d'Afrique de l'Ouest, selon son dernier bilan arrêté au 26 août et publié à Genève.

Le précédent bilan faisait état de 2615 cas, dont 1427 décès au 20 août.

En Guinée, d'où l'épidémie a démarré au début de 2014, il y a 648 cas, dont 430 morts. Le Liberia, pays le plus touché, compte 1378 cas, dont 694 morts et la Sierra Leone, 1026 cas, dont 422 morts.

L'épidémie de fièvre hémorragique continue à progresser de «manière accélérée», «plus de 40 % du nombre total de cas sont survenus» au cours des 21 derniers jours, et sont concentrés dans quelques localités, commente l'OMS.

L'OMS s'attend à terme à plus de 20 000 cas de fièvre Ebola, mais espère néanmoins stopper la progression du virus d'ici à trois mois.

Au Nigeria, premier décès hors de Lagos

Une autre mauvaise nouvelle est venue du Nigeria. Le pays le plus peuplé d'Afrique, qui ne déplorait que 5 morts et où l'épidémie semblait contenue jusqu'à présent, a annoncé un nouveau décès jeudi, celui d'un médecin.

De plus, alors que tous les cas d'Ebola étaient jusqu'alors concentrés à Lagos, ce nouveau décès s'est produit à Port-Harcourt, à 400 kilomètres de là, risquant d'étendre le champ de l'épidémie.

Port-Harcourt, qui compte environ 3,5 millions d'habitants, est le centre névralgique de la production de pétrole du Nigeria. Plusieurs géantes étrangères y sont installées, comme l'anglo-néerlandaise Shell, la française Total et l'américaine Chevron.

Des chercheurs du géant pharmaceutique GlaxoSmtihKline ont annoncé parallèlement jeudi qu'ils allaient mener des essais de vaccins contre le virus Ebola de manière accélérée dès septembre.

Mercredi, un des principaux responsables des services de santé américains avait tenu des propos alarmistes sur la pandémie.

«Le monde n'a jamais vu une épidémie d'Ebola comme celle-ci. Par conséquent, non seulement les bilans sont élevés, mais nous savons qu'il y a beaucoup plus de cas que ceux diagnostiqués ou signalés», a averti le directeur du Centre américain de contrôle et de prévention des maladies (CDC) Tom Frieden, à l'issue d'une mission de plusieurs jours au Liberia.

Le CDC apporte une aide technique aux services de santé des pays africains confrontés à l'épidémie.

Des propos qui faisaient écho à ceux du coordinateur de l'ONU contre le virus Ebola, le Dr David Nabarro, et du directeur adjoint de l'OMS pour la sécurité sanitaire, le Dr Keiji Fukuda. Les deux hommes estimaient la semaine dernière qu'il faudrait au moins six mois pour stopper l'épidémie.

Définir une stratégie commune

Pour tenter d'enrayer la progression qualifiée par Médecins sans Frontières (MSF) d'«incontrôlable» de cette pandémie, les ministres de la Santé des pays de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CÉDÉAO) se retrouvent une nouvelle fois dans la capitale ghanéenne pour discuter d'une stratégie commune.

Ils doivent «évaluer la mise en oeuvre des mesures» déjà décidées auparavant, «identifier les difficultés à chaque niveau» et «déterminer les stratégies adaptées et les ressources nécessaires» pour lutter contre Ebola, selon un communiqué du ministère ghanéen de la Santé.

Le ministre de la Santé de la République démocratique du Congo (RDC), où le virus Ebola a réapparu depuis deux semaines et tué 13 personnes, a indiqué à l'AFP jeudi qu'il ne serait pas présent à Accra, n'ayant pas été invité.

Selon l'OMS, le foyer apparu en RDC est distinct de ceux d'Afrique de l'Ouest.

Dans un témoignage publié mercredi dans le New England Journal of Medicine,  la coordinatrice d'urgence de MSF en Sierra Leone, Anja Wolz, a jugé mercredi «dangereusement inadaptée» «la réponse internationale à l'Ebola», et l'épidémie «incontrôlable depuis plusieurs mois».

L'épidémie, qui s'est déclarée au début de l'année en Guinée, avant de se propager au Liberia et à la Sierra Leone, pays voisins, puis au Nigeria, est la plus grave depuis que cette fièvre hémorragique a été identifiée en 1976 en RDC.

Ces trois pays se retrouvent de plus en plus isolés, les dernières compagnies aériennes encore présentes ayant suspendu leurs vols mercredi.

En Espagne, un cas suspect a été repéré, un homme de 38 ans d'origine guinéenne qui a été placé à l'isolement, en attendant les résultats des tests.