L'enclavement de la zone du nord-ouest de la République démocratique du Congo touchée par Ebola est à la fois un défi et une chance pour ce pays: elle complique le déploiement médical, mais limite aussi considérablement la progression de la maladie.

«En RDC, la logistique est un grand défi» par rapport aux États d'Afrique de l'Ouest touchés par l'épidémie de fièvre Ebola qui a fait plus de 1400 morts depuis le début de l'année, témoigne Jeroen Beijnberger, coordinateur médical pour Médecins sans frontières (MSF) au Congo.

Grande comme cinq fois la France, la RDC est un des pays les moins développés au monde et manque cruellement d'infrastructures.

Les autorités congolaises ont annoncé dimanche que 13 personnes mortes depuis le 11 août avaient été victimes du virus Ebola dans un secteur reculé du territoire de Boende, ville de la province de l'Équateur située à 800 km environ au nord-est de Kinshasa.

«Vu l'enclavement de la région, il n'y a pas eu de contact entre les personnes» contaminées en RDC et l'Afrique de l'Ouest, affirme à l'AFP le ministre de la Santé congolais, Felix Kabange Numbi, pour qui il n'y a aucun lien entre les deux épidémies.

«Étant donné les difficultés d'accès à la zone», le transport des équipes et du matériel «est un défi», reconnaît aussi Eugène Kabambi, chargé de communication pour l'Organisation mondiale de la santé (OMS) à Kinshasa.

Les services aériens de la Mission de l'ONU en RDC (Monusco) «ne desservent même plus Boende», explique-t-il. Il faut «négocier avec des petits transporteurs».

Et une fois arrivé à Boende par les airs, il reste du chemin à faire en pleine forêt équatoriale. «Par voie de route (une mauvaise piste en terre battue), il faut traverser plusieurs rivières», ajoute M. Kabambi. En l'absence de ponts, il y a des bacs, mais la traversée des cours d'eau peut rapidement tourner à l'aventure, précise-t-il.

Leçons du passé

Déjà présents sur les lieux depuis la semaine dernière avec des observateurs spécialistes en épidémiologie, MSF et l'OMS souhaitent renforcer leur présence d'ici à la fin de la semaine avec l'envoi d'équipes médicales pour aider le gouvernement à prendre en charge les patients et à contrôler l'épidémie.

Mais du côté de l'OMS, on indique que ces renforts ne pourraient arriver qu'en début de semaine prochaine.

Mercredi, la Monusco a annoncé que les Nations unies avaient déjà débloqué 1,5 million de dollars pour soutenir le gouvernement dans sa lutte contre Ebola et qu'elles pourraient rapidement doubler cette assistance.

S'il est difficile de rallier la zone de l'épidémie, il l'est également d'en sortir, et cela joue en faveur de la lutte contre la propagation de la maladie qui, pour l'instant semble rester circonscrite à une centaine de kilomètres carrés, mis en quarantaine depuis dimanche.

«Le point positif en RDC c'est que le pays n'en est pas à sa première épidémie d'Ebola. La situation est différente par rapport à l'Afrique de l'Ouest : le virus n'est pas présent dans les grandes villes et les centres urbains», dit M. Beijnberger.

Le virus Ebola a été découvert en 1976, en RDC, et le pays en est aujourd'hui à sa septième épidémie. Les autorités ont beaucoup appris, estime M. Kabambi, notant qu'Ebola fait ici «partie des maladies à déclaration obligatoire».

«La surveillance épidémique est très renforcée», ce qui permet autant que faire se peut d'agir rapidement, note M. Kabambi, rappelant qu'historiquement «il n'y a jamais eu de grande ville ou de grand centre urbain touché dans le pays».

Depuis dimanche, le nombre connu des personnes tuées par la maladie n'a pas évolué. Les autorités sanitaires ont indiqué mercredi qu'elles suivaient 168 personnes ayant eu des contacts avec des malades et que 11 personnes soupçonnées d'avoir contracté le virus étaient à l'isolement.

L'épidémie actuelle est «comme les six autres que nous avons connues», assure le ministre Kabange, promettant que les autorités feront tout pour y mettre un terme aussi vite que possible.