Le Parlement de la Sierra Leone a adopté une loi interdisant à toute personne de cacher un patient de l'Ebola, une pratique répandue qui a contribué à une sous-estimation majeure de la crise actuelle, selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS).

Les contrevenants s'exposent à des peines d'emprisonnement pouvant aller jusqu'à deux ans.

Selon un législateur, Jaiah Kaikai, la mesure adoptée vendredi était devenue nécessaire pour amener les résidents à coopérer avec le gouvernement, puisque certaines familles refusaient d'aller chercher une aide médicale pour soigner leurs proches atteints du virus.

L'Ebola a infecté au moins 910 personnes en Sierra Leone, faisant au moins 392 victimes, a signalé l'OMS, ajoutant qu'un total de 2615 infections et de 1427 décès ont été répertoriés jusqu'à présent en Afrique occidentale.

L'agence de santé onusienne a spécifié vendredi que le bilan pourrait être plus élevé que cela, car des familles cachent leurs proches, craignant le taux élevé de mortalité et la stigmatisation qui vient avec un diagnostic positif.

On s'attend à ce que le président de la Sierra Leone, Ernest Bai Koroma, appose sa signature au bas du texte de loi.

De nouveaux centres de traitement au Libéria sont débordés de patients jusque-là non identifiés, laissant croire à une «charge invisible» de patients dont les cas restent cachés.

Les pays de la région et d'ailleurs en Afrique continuent d'imposer des restrictions aux voyageurs, même si ce n'est pas officiellement recommandé par l'OMS.

Tard vendredi, la Côte d'Ivoire a annoncé la fermeture de ses frontières terrestres avec la Guinée et le Libéria. Le Gabon, le Sénégal, l'Afrique du Sud et le Cameroun ont tous imposé des restrictions à leurs frontières concernant certains ou la totalité des pays avec des cas confirmés d'Ebola: la Guinée, le Liberia, la Sierra Leone et le Nigeria.

Le gouvernement philippin a rappelé ses 115 Casques bleus du Libéria, invoquant le risque à leur santé causé par le virus Ebola.

Le Royaume-Uni a par ailleurs confirmé qu'un ressortissant anglais vivant en Sierra Leone était un cas d'Ebola. Il s'agit du premier cas confirmé chez un citoyen britannique.

«Le risque global pour la population du Royaume-Uni continue d'être très bas, a dit John Watson, médecin-chef du gouvernement britannique. Des experts médicaux évaluent en ce moment la situation en Sierra Leone, pour s'assurer que les soins appropriés soient fournis.»

Au Libéria, des centaines de personnes ont fait la file près du plus grand bidonville de la capitale, Monrovia, pour amener de la nourriture à des membres de leurs familles cantonnés à cet endroit, après que le gouvernement y eut décrété un blocus, cette semaine.

Le bidonville West Point compte au moins 50 000 habitants. Les dirigeants estiment le blocus nécessaire pour empêcher que l'Ebola se répande davantage, mais les résidents s'inquiètent d'un manque de vivres. Ils disent que le riz distribué par le gouvernement est en quantité insuffisante et de mauvaise qualité.

Le ministre de l'Information, Lewis Brown, a dit qu'on allait continuer de distribuer de la nourriture à West Point dimanche.