L'ONU et Médecins sans Frontières (MSF) se préparaient vendredi au risque d'une nouvelle flambée de l'épidémie d'Ebola au Liberia, où le virus s'est désormais propagé à l'ensemble du territoire.

Le centre récemment installé par MSF à Monrovia, la capitale du Liberia, est toujours en cours d'agrandissement, pour quasiment quadrupler sa capacité, ont constaté les correspondants de l'AFP.

«Nous avons actuellement environ 60 patients pour une capacité de 120 lits, donc il nous reste encore un peu d'espace», a expliqué sur place un coordinateur de MSF, Henry Gray.

«Et nous sommes en train d'élargir notre site. Dans les 10 prochains jours, nous espérons avoir un site pouvant accueillir jusqu'à 400 patients», a-t-il précisé.

Le coordinateur de l'ONU contre l'épidémie, le Dr David Nabarro, a indiqué jeudi à l'AFP se fixer pour objectif de mettre les structures sanitaires en état de «pouvoir affronter si nécessaire une flambée» supplémentaire, au début de sa tournée dans les quatre pays touchés (Liberia, Guinée, Sierra Leone, Nigeria)  .

L'épidémiologiste britannique, arrivé dans la nuit à Monrovia, où il devait tenir une conférence de presse en fin d'après-midi, a précisé ne pas être en mesure de prévoir si la propagation avait atteint un pic ou allait continuer à augmenter.

Comme un début de réponse peu encourageante, des cas ont été découverts dans la seule région jusqu'alors épargnée, le sud-est du Liberia, près de la frontière avec la Côte d'Ivoire.

Le secrétaire général du syndicat des services de santé, George Williams, a fait état de «deux morts à Gbokon-jelee», une ville qui attire de nombreux marchands d'or de tout le Liberia et même de Côte d'Ivoire, soulignant que «c'était la dernière région épargnée par Ebola».

Le responsable médical de la région, George Daouda, a confirmé un cas avéré d'Ebola.

«Les systèmes de santé des principaux pays touchés étaient faibles avant le déclenchement de l'épidémie. Maintenant, ils sont submergés», a affirmé la représentante spéciale du secrétaire général de l'ONU pour le Liberia, Karin Landgren, relevant le manque de matériel d'hygiène et de protection.

Alerte dans le berceau d'Ebola 

En Sierra Leone, le Parlement a adopté en urgence une loi punissant d'une peine d'emprisonnement allant jusqu'à deux ans quiconque «cache un patient contaminé par Ebola ou d'autres maladies contagieuses de même nature».

«Nous sommes consternés par la lenteur de la réaction de certains de nos partenaires de développement, et l'abandon et l'isolement imposé par ceux que nous considérions comme nos meilleurs amis au niveau sous-régional, régional et mondial», a déclaré le chef de la majorité parlementaire, Ibrahim Bundu. Il faisait allusion à la fermeture des frontières par plusieurs pays africains, dont le Sénégal et l'Afrique du Sud.

Vendredi soir, le Gabon a lui aussi suspendu les liaisons aériennes et maritimes en provenance des pays affectés par l'épidémie. Il a indiqué qu'il délivrerait les visas «au cas par cas» aux voyageurs venant de ces pays.

La Russie a rejoint la mobilisation internationale : un avion du ministère russe des Situations d'urgence transportant une équipe de virologues et un laboratoire mobile est arrivé vendredi à Conakry, capitale de la Guinée.

Une nouvelle inquiétude est apparue sur le continent, en, provenance de République démocratique du Congo (RDC), dans la province de l'Équateur (nord-ouest) où le virus Ebola a été découvert en 1976.

Le gouvernement a annoncé jeudi la mort de 13 personnes, victimes d'une «fièvre hémorragique d'origine indéterminée» depuis le 11 août.

Mais l'OMS et MSF ont jugé prématuré d'incriminer une fièvre hémorragique.

«Beaucoup sont morts en présentant des symptômes hémorragiques, mais il y a aussi des paludismes graves qui peuvent donner ce type de symptômes, ou la fièvre typhoïde», a déclaré à l'AFP, sous couvert d'anonymat, un responsable de l'OMS basé à Kinshasa.

«Dans la région de l'Équateur, il y a une épidémie de gastro-entérite fébrile avec hémorragie», a rappelé une porte-parole de l'OMS à Genève, Fadela Chaïb.

Des prélèvements ont été effectués et les résultats sont attendus «dans sept jours», selon le ministre congolais de la Santé, Félix Kabange Numbi.

Il a affirmé vendredi soir que cette fièvre hémorragique était «sous contrôle».

Le Nigeria, le moins affecté, avec cinq morts pour 16 cas, a néanmoins annoncé deux nouveaux cas, les «deux premiers de contamination secondaire», les épouses d'hommes ayant été en contact avec le fonctionnaire libérien qui a introduit le virus dans le pays le plus peuplé d'Afrique.

Cette épidémie sans précédent dans l'histoire d'Ebola a fait au moins 1427 morts, dont 624 au Liberia, 406 en Guinée et 392 en Sierra Leone, selon le dernier bilan de l'OMS, arrêté au 20 août.

Deux nouveaux cas au Nigeria

Deux nouveaux cas d'Ebola ont été diagnostiqués au Nigeria, a annoncé vendredi le ministre de la Santé Onyebuchi Chukwu, portant à 14 le total des cas confirmés dans ce pays.

«Le Nigeria a enregistré les deux premiers cas de contamination secondaire», a expliqué le ministre lors d'une conférence de presse à Abuja.

Il s'agit du mari et d'une épouse de deux personnes ayant été en contact avec le premier malade, le fonctionnaire américano-libérien Patrick Sawyer qui avait introduit le virus mortel au Nigeria le 20 juillet, avant de mourir cinq jours plus tard dans un hôpital privé de Lagos, a précisé le ministre.

Les deux nouveaux malades, qui étaient déjà sous surveillance et avaient été placés en quarantaine depuis jours, après la mort de leurs époux, ont été placés sous traitement à l'isolement dans une unité spécialisée de Lagos, a-t-il indiqué.

Sur les quatorze cas confirmés, cinq sont morts - dont deux médecins et deux infirmières qui ont soigné Patrick Sawyer - et quatre sont soignés (dont les deux nouveaux cas).

Les cinq autres personnes atteintes «ont été soignées et déclarées guéries», a précisé le ministre.

Au total «213 personnes sont surveillées actuellement», a déclaré M. Chukwu.

Six d'entre elles se trouvent à Enugu, une ville du sud-est du Nigeria, où une infirmière qui avait soigné Patrick Sawyer s'était rendue, avant de tomber malade et de rentrer se faire soigner à Lagos.

Patrick Sawyer, un haut fonctionnaire du ministère libérien des Finances, avait voyagé en avion de Monrovia à Lagos, alors qu'il était déjà malade, et avait été amené à l'hôpital dès son arrivée.

Le cinquième mort d'Ebola est un fonctionnaire de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CÉDÉAO) qui l'avait accueilli à l'aéroport.

Inquiétude en RDC

Mais une nouvelle inquiétude est alimentée par la République démocratique du Congo (RDC), dans la même province de l'Équateur (nord-ouest) où le virus Ebola a été découvert pour la première fois en 1976.

Le gouvernement a annoncé jeudi la mort de 13 personnes, victimes d'une «fièvre hémorragique d'origine indéterminée» depuis le 11 août.

Mais l'OMS et Médecins sans frontières (MSF) ont averti vendredi qu'il était encore trop tôt pour parler de fièvre hémorragique.

«Beaucoup sont morts en présentant des symptômes hémorragiques, mais il y a aussi des paludismes graves qui peuvent aussi donner ce type de symptômes, ou la fièvre typhoïde», a déclaré à l'AFP, sous couvert d'anonymat, un responsable de l'OMS basé à Kinshasa.

Des prélèvements ont été effectués et les résultats sont attendus «dans sept jours», selon le ministre congolais de la Santé, le docteur Félix Kabange Numbi.

A Genève, une porte-parole de l'OMS, Fadela Chaïb, a rappelé que «dans la région de l'Équateur il y a une épidémie de gastro-entérite fébrile avec hémorragie».

L'OMS travaille à une «feuille de route» face à l'épidémie d'Ebola qui n'est toujours pas endiguée malgré la mobilisation internationale et la multiplication des mesures de précaution sur le continent.

«C'est un document qui détaille la stratégie de l'OMS et des partenaires de santé pour les 6 à 9 mois qui viennent», a expliqué Mme Chaïb, évoquant «un plan opérationnel par pays».

Le document sera disponible «probablement la semaine prochaine» et fera aussi le point des besoins financiers, a-t-elle indiqué.

Pays le plus peuplé d'Afrique, le Nigeria est le moins affecté par le virus, avec cinq morts. Les autorités ont annoncé vendredi avoir enregistré deux nouveaux cas, portant à 14 le total des cas confirmés.

Une petite lueur d'espoir est cependant apparue au Liberia avec «l'amélioration significative», selon l'OMS, de l'état d'un médecin et d'une infirmière, deux des trois praticiens soignés avec un sérum expérimental américain, le ZMapp. Le troisième, un autre médecin, va mieux, mais reste dans un état grave.

Aux États-Unis, les deux premières personnes à avoir bénéficié du ZMapp, un médecin et une missionnaire de l'organisation caritative américaine Samaritan's Purse, sont sortis guéris de l'hôpital, où ils avaient été admis après leur rapatriement sanitaire.