L'Espagne a envoyé un avion mercredi pour rapatrier un missionnaire espagnol de 75 ans, très affaibli après avoir contracté au Liberia le virus Ebola dont l'épidémie inquiète la communauté internationale.

Il s'agit du premier rapatriement en Europe d'une personne atteinte par le virus.

Avant le cas du prêtre espagnol Miguel Pajares Martin, deux Américains - un médecin et une missionnaire - également atteints par le virus au Liberia où ils luttaient contre l'épidémie au sein d'une ONG humanitaire, ont été rapatriés par avion sanitaire et admis dans des hôpitaux spécialement équipés à Atlanta dans le sud-est des États-Unis.

«Cette nouvelle me redonne du courage. C'est formidable. Je suis content. Ça vaut la peine de lutter», a réagi le missionnaire, Miguel Pajares Martin, membre de l'Ordre hospitalier de San Juan de Dios (Saint-Jean de Dieu), interrogé par téléphone par le journal ABC.

«J'ai de la fièvre. Je n'ai pas d'appétit [...], j'ai pas mal de douleurs articulaires. J'ai besoin d'aide pour aller d'un endroit à l'autre», avait raconté lundi le père à la chaîne de télévision américaine CNN.

Miguel Pajares et cinq autres personnes ont été placées en isolement à l'hôpital Saint Joseph de Monrovia où le directeur du centre est décédé samedi des suites d'Ebola, selon cet ordre religieux qui gère l'établissement.

Un Airbus A310 militaire médicalisé a décollé mercredi de la base aérienne de Torrejon de Ardoz, près de Madrid, avec à bord une équipe spécialisée, a indiqué le ministère de la Défense sur son compte Twitter.

À son arrivée, Miguel Pajares, sera accueilli dans un service spécialisé en maladies infectieuses de l'hôpital madrilène de Carlos III, a indiqué l'hôpital La Paz, dont dépend cet établissement.

«La sécurité des Espagnols est garantie», a assuré la directrice de la Santé Mercedes Vinuesa lors d'une conférence de presse.

L'ordre religieux «se réjouit» du rapatriement du frère Miguel Pajares, mais, a souligné son directeur José Viadero, «ce n'est pas la fin de nos inquiétudes, et nous continuons à travailler pour que ceux qui sont restés là-bas, dans l'hôpital Saint-Joseph de Monrovia, puissent compter sur une aide et une assistance adéquate».

Il précise avoir également demandé le rapatriement d'une autre missionnaire détentrice d'un passeport espagnol, Juliana Bohi.

L'appareil est «équipé avec les moyens nécessaires pour transporter en toute sécurité trois patients sans risque de contagion», a affirmé le ministère de la Défense, sans préciser combien de personnes seront effectivement transportées.

Condamnés à mort

Pour l'heure, Madrid a donné son feu vert au rapatriement du prêtre, mais n'a fourni aucune information sur les autres missionnaires.

Selon Mme Vinuesa les services de la Santé ont eu une «demande des Espagnols» et l'Espagne «examine le rapatriement des Espagnols».

L'ordre religieux avait également demandé mardi «l'évacuation d'urgence vers l'Espagne» de deux autres missionnaires, les soeurs Chantal Pascaline Mutwamene, une Congolaise, et Paciencia Melgar, une Équato-Guinéenne.

«La situation est grave au Liberia. Beaucoup de gens meurent. Ils ne s'occupent pas bien des gens. Il n'y a pas d'organisation assez forte pour mettre fin à l'épidémie. Il n'y a pas assez de moyens. La majorité des gens meurent sans soins», a affirmé Paciencia Melgar à la télévision nationale espagnole.

«Nous espérons qu'ils ne laissent pas là-bas les soeurs parce que nous savons comment cela se termine là-bas. Comme le dit Miguel, ils sont condamnés à mort. On ne peut pas les laisser mourir comme ça», a affirmé en Espagne la cousine du prêtre, Begona Martin, à la radio Cadena Ser.

Le ministre libérien de l'Information Lewis Brown a, lui, dit que son pays «regrettait tout cela parce que ces gens étaient dans notre pays pour nous aider, et ils rentrent chez eux malades».

L'actuelle épidémie d'Ebola, de loin la plus grave de l'histoire de cette fièvre hémorragique depuis son apparition en 1976, a fait 932 morts sur 1711 cas (confirmés, suspects ou probables) dans quatre pays d'Afrique de l'Ouest, la Guinée, le Liberia, la Sierra Leone et le Nigeria, selon un nouveau bilan de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) publié mercredi.