Le Kirghizstan a adopté par référendum dimanche une nouvelle Constitution censée l'aider à surmonter son instabilité politique et tourner la page des violences des derniers mois, selon des résultats officiels quasi-définitifs publiés tôt lundi.

Les électeurs kirghizs se sont prononcés à 90,7% en faveur de la nouvelle Constitution, et à 7,96% contre seulement, selon des résultats publiés tôt lundi par la Commission électorale sur son site internet et portant sur 90% des bureaux de vote.

Les résultats définitifs sont attendus d'ici deux jours.

«Aujourd'hui est un jour très important, historique pour le pays. (...) La nouvelle Constitution a été adoptée en dépit des attaques sauvages de ses opposants», s'était déjà félicitée Rosa Otounbaïeva, présidente par intérim de ce petit pays d'Asie centrale pauvre et instable, deux heures après la clôture des bureaux de vote.

«Le monde entier a suivi attentivement le référendum et a pu voir que le Kirghizstan est un pays uni !», a-t-elle souligné.

Près de 70% des électeurs se sont rendus aux urnes, a indiqué la Commission électorale. «A notre joie et notre étonnement, on ne nous a pas signalé d'incident grave ou de plainte d'importance», a déclaré le président de la Commission, Akilbek Sariev.

Environ 2,5 millions d'électeurs étaient appelés aux urnes. Les autorités provisoires comptent beaucoup sur ces réformes pour stabiliser le pays, qui a connu plusieurs vagues de violences ces derniers mois.

La nouvelle Constitution devrait affaiblir considérablement le président au bénéfice du Parlement, afin d'éviter la concentration du pouvoir dans les mains d'une seule personne.

«Le peuple a mis un point final à l'époque de la gestion autoritaire et familiale», a estimé Mme Otounbaïeva en allusion aux précédentes présidences de Askar Akaïev et Kourmanbek Bakiev, tous deux renversés lors de soulèvements populaires.

Beaucoup d'observateurs locaux et étrangers avaient mis en garde contre la tenue de ce vote alors que la situation demeure très précaire dans le sud du pays après les violences de la mi-juin entre Kirghizs et Ouzbeks, qui ont fait plusieurs centaines de morts selon un bilan provisoire.

Le président russe Dmitri Medvedev a lui déclaré dimanche redouter une «division» du pays et craindre que la nouvelle Constitution n'attise l'extrémisme.

«Une république parlementaire au Kirghizstan pourrait encourager l'arrivée au pouvoir de forces extrémistes», a déclaré M. Medvedev à l'issue du sommet du G20 à Toronto, estimant nécessaire «un pouvoir fort» pour éviter l'«éclatement» du pays.

Les violences avaient poussé quelque 400 000 personnes à fuir leur domicile. Beaucoup sont rentrées chez elles, mais font face à une situation humanitaire très difficile.

Historiquement, les relations entre la minorité ouzbèke (15 à 20% de la population du Kirghizstan) et les Kirghizs sont tendues dans le sud, notamment en raison des disparités économiques entre communautés.

La présidente a appelé ses concitoyens à rendre hommage aux victimes des violences de la mi-juin.

«Notre devoir aujourd'hui est de leur rendre hommage et de faire renaître Och et Djalal-Abad (villes les plus touchées par les violences, ndlr). Nous les rendrons plus belles et meilleures qu'avant la tragédie», a-t-elle lancé.

Le couvre-feu imposé depuis les violences dans plusieurs zones du sud du pays et temporairement levé samedi pour le scrutin, devait avoir été rétabli dimanche soir.

Le «oui» au référendum devrait permettre la formation d'un nouveau gouvernement qui restera en poste jusqu'aux législatives anticipées prévues en septembre. Leur date exacte sera prochainement annoncée.

Mme Otounbaïeva devrait assumer les fonctions de présidente jusqu'à la présidentielle prévue en octobre 2011.