L'armée du Kirghizistan a levé dimanche dans le calme les barricades bloquant l'accès aux quartiers ouzbeks dévastés à Och, épicentre des récentes violences interethniques dans le sud, où un premier avion chargée d'aide humanitaire est arrivé.

La communauté ouzbèke n'a pas opposé de résistance aux militaires lors de cette opération et les autorités kirghizes n'ont pas insisté sur le déblayage des quelques barrages restants dans cette deuxième ville du pays.

Le maire d'Och avait donné jusqu'à 12H00 GMT dimanche pour la levée de ces barricades qui bloquent l'accès aux quartiers ouzbeks ravagés par les émeutes, faute de quoi les autorités menaçaient de «recourir à la force».

Ces déclarations laissaient craindre une nouvelle flambée de violence, les tensions restant vives entre Kirghiz et les autorités d'un côté et les Ouzbeks de l'autre.

Après l'expiration de l'ultimatum, l'essentiel des barrages de fortune semblait avoir été démonté sans que des émeutes reprennent, a constaté un journaliste de l'AFP.

«Il ne reste que quelques barricades dans des petites rues, des impasses et aux abords de la ville», a indiqué à l'AFP le service de presse de la police à Och.

«Il y a eu quelques moments de tensions (...) mais les négociations ont payé», a-t-il assuré, excluant un recours à la force pour dégager ces derniers barrages. «Les gens vont comprendre d'eux-mêmes qu'il faut les enlever pour obtenir de l'aide humanitaire», a estimé un porte-parole de la police.

Un premier avion du Haut commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR) chargé d'aide humanitaire (abris et assistance non-alimentaire) est arrivé dimanche à Och et un deuxième appareil est attendu pour acheminer au total 80 tonnes de matériel, selon le HCR.

Ces deux chargements doivent permettre de venir en aide à environ 15 000 personnes, selon le HCR. Quelque 240 tonnes d'aide ont par ailleurs été transportées en Ouzbékistan voisin, qui a accueilli des centaines de milliers de réfugiés en provenance de Kirghizistan.

L'opération de déblayage a commencé dans la matinée à Och. Des véhicules blindés poussaient sur le bas côté des rues les camions, piliers en béton et arbres qui servaient à barricader les districts ayant le plus souffert dans les affrontements.

Par endroits, les habitants ouzbeks aidaient même les militaires, bien qu'ils craignent encore des nouveaux affrontements et accusent l'armée d'avoir participé avec la communauté kirghize aux violences ayant visé leur minorité.

Malgré un calme précaire, le gouvernement intérimaire kirghiz a prolongé la veille l'état d'urgence et le couvre-feu à Och et les districts avoisinants jusqu'au 25 juin. Ces mesures étaient censées s'achever dimanche.

Les autorités ont par ailleurs promis une enquête sur les émeutes à un émissaire américain en visite à Bichkek samedi.

Le ministère de l'Intérieur a annoncé dimanche avoir arrêté 20 personnes soupçonnées d'implication dans les violences à Och et ouvert 90 enquêtes criminelles, notamment pour meurtres et incendies volontaires.

«Une opération spéciale» a été lancée dimanche dans cette ville pour confisquer les armes des habitants locaux qui ne les ont pas rendues volontairement, selon la même source.

Les violences entre les communautés kirghize et ouzbèke qui ont éclaté dans la nuit du 10 au 11 juin à Och avant de se répandre dans la région voisine de Djalal-Abad, ont fait jusqu'à 2000 morts, selon la présidente kirghize par intérim, Rosa Otounbaïeva.