En campagne au coeur de la Pennsylvanie rurale, Rick Santorum se livre à un rituel bien rodé: la prière. Le candidat catholique compte plus que jamais sur un miracle pour ressusciter sa campagne pour l'investiture républicaine à la présidentielle de novembre.

M. Santorum arrive en deuxième position, loin derrière le favori Mitt Romney, dans la bataille républicaine pour désigner un adversaire au président démocrate sortant Barack Obama à l'élection du 6 novembre.

Après une pause pour les fêtes de Pâques, il passera le plus clair de son temps dans cet État qu'il a représenté au Congrès pendant 16 ans, jusqu'à la primaire du 24 avril.

«Nous devons gagner ici», lance-t-il à qui veut l'entendre. Une victoire lui donnerait de l'élan pour d'autres consultations en terrain plus favorable au mois de mai: les États du sud, tels que le Texas ou l'Arkansas, réputés plus conservateurs.

«La Pennsylvanie peut être un nouveau départ pour Rick», dit à l'AFP John Eichelberger, un élu local lors d'une réunion publique du candidat dans la petite ville d'Hollidaysburg.

«Il va avoir bien plus de mal à continuer s'il ne gagne pas la Pennsylvanie», ajoute-t-il.

En 2006, après avoir représenté la Pennsylvanie quatre ans à la Chambre des représentants et 12 ans au Sénat, Rick Santorum avait subi une cinglante défaite lors des législatives. Beaucoup de commentateurs avaient alors estimé que ce revers sonnait le glas de la carrière politique de M. Santorum, abandonné par sa base républicaine.

Mais le candidat, farouchement opposé à l'avortement et au mariage homosexuel, est parvenu à surfer sur la vague ultraconservatrice pour réussir un retour remarqué sur le devant de la scène politique américaine dans la campagne pour la présidentielle de cette année.

Il s'est fait l'un des chantres de la liberté de choix des Américains, bafouée selon lui par la réforme de la couverture maladie du président Barack Obama adoptée en 2010.

«Nous devons cesser de croire que le gouvernement peut vous assister, et commencer à libérer les gens pour qu'ils puissent s'occuper d'eux-mêmes et de leurs familles», a-t-il clamé à Hollidaysburg.

Malgré ces arguments, qui ne laissent pas l'électorat républicain indifférent, M. Romney reste largement en tête de la course à la Maison-Blanche dans le camp conservateur. Le candidat modéré a raflé à ce jour 655 des 1.144 délégués nécessaires pour décrocher l'investiture conte 272 seulement pour Rick Santorum, selon le site spécialisé RealClearPolitics.

L'establishment du parti, qui refuse de voir les candidats républicains se déchirer davantage, accentue la pression en faveur d'un retrait de M. Santorum.

À ce jour pourtant, rien n'a entamé sa détermination. Mais selon le journal The Hill, qui a cité cette semaine un proche de Rick Santorum, ce dernier pourrait bien se retirer plutôt que de perdre la Pennsylvanie. «C'est un réaliste», a indiqué au journal l'élu local Jake Corman.

De son côté, le représentant de Pennsylvanie Bill Shuster, l'un des soutiens de Mitt Romney dans cet État, a assuré à l'AFP que «ce n'est qu'une question de temps» avant que le candidat modéré ne remporte l'investiture.

Avec ses idées ultraconservatrices, M. Santorum aurait beaucoup de mal à séduire les électeurs centristes en Pennsylvanie s'il devenait l'adversaire de Barack Obama en novembre.

En outre, M. Santorum suscite beaucoup de scepticisme chez les républicains y compris sur l'aile droite, dans le mouvement du «Tea party». «Il semble très gentil, il semble avoir une charmante famille. Je ne pense tout simplement pas qu'il soit qualifié pour être président des États-Unis», lance Andrew Katz, un responsable local du «Tea party».