Les aspirations présidentielles de Newt Gingrich sont menacées depuis plusieurs semaines, mais le candidat à l'investiture républicaine a défendu mercredi sa décision de rester dans la course malgré ses mauvais résultats dans les primaires et une réduction significative de son personnel de campagne.

L'ancien président de la Chambre des représentants a exprimé sa consternation face à ceux qui lui suggèrent de quitter la course pour permettre à Mitt Romney de s'assurer l'investiture bien avant la convention du parti au mois d'août à Tampa, en Floride.

«Pour certaines raisons, tout le monde dans l'establishment affirme que (Rick) Santorum et moi devrions quitter la course», a dit M. Gingrich lors d'une entrevue radiophonique à Washington, bien que M. Santorum soit moins poussé que lui vers la porte de sortie.

«Eh bien, vous savez, Romney doit le mériter. (L'investiture) ne lui sera pas donnée et nous avons tous les droits de concourir. J'ai 176 000 partisans qui sont allés sur le site Newt.org et qui ont fait un don, et je crois que c'est un facteur très important. J'ai un devoir envers ceux qui m'ont soutenu.»

Il a ajouté que personne n'imaginerait une situation où une équipe sportive perdante arrêterait de jouer au milieu de la saison.

«Je trouve cela fascinant. Personne n'oserait appeler une équipe de football ou de basketball pour dire: »Hé! Pourquoi n'abandonnez-vous pas?«. Vous diriez plutôt: »D'accord, il y a une saison, jouons jusqu'à la fin et voyons ce qui arrivera«.»

Cette prise de position survient après une série de défaites dévastatrices pour Newt Gingrich. Même s'il a remporté les primaires en Géorgie, qu'il a représentée pendant deux décennies au Congrès, ce n'est que l'un des deux seuls États qu'il a réussi à remporter, avec la Caroline du Sud.

Pendant ce temps, Rick Santorum, ancien sénateur de la Pennsylvanie, a remporté trois États du Sud: le Mississippi, l'Alabama et la Louisiane. M. Gingrich est arrivé deuxième de justesse dans deux de ces trois États.

Selon un nouveau sondage CNN/ORC, Newt Gingrich est le candidat républicain le moins populaire à l'échelle nationale, derrière le libertarien Ron Paul. Quelque 60 pour cent des républicains estiment que M. Gingrich devrait abandonner la course. Il ne récolte que cinq pour cent d'appuis au Wisconsin, où se tiendra une primaire la semaine prochaine.

Les derniers journalistes qui suivaient la campagne de M. Gingrich au quotidien ont quitté son autocar la semaine dernière. Sa campagne accumule une dette de plus de 1,5 million $US. M. Gingrich est si fauché qu'il a récemment commencé à facturer 50 $US aux partisans qui veulent se faire photographier avec lui.

«Les finances sont très serrées, évidemment», a admis l'ancien président de la Chambre des représentants mardi lors d'un arrêt au Maryland. «C'est pourquoi nous tentons de collecter des fonds.»

Plus tard mardi, les médias ont rapporté que M. Gingrich s'était départi de plusieurs employés de sa campagne, qu'il avait réduit le nombre d'événements auxquels il participera et avait remplacé son directeur de campagne.

Il a affirmé avoir fait des choix stratégiques qui lui permettront de passer les prochains mois à appeler personnellement les délégués pour les exhorter à le soutenir dans l'éventualité d'une «convention négociée» en août.

Un tel scénario pourrait se produire si aucun candidat ne réussit à obtenir les 1144 délégués nécessaires pour remporter l'investiture. Mais cette hypothèse est considérée comme peu probable cette année.

«Nous restons dans la course, et c'est exactement la raison pour laquelle nous réduisons nos dépenses», a dit M. Gingrich mercredi. «Nous prenons les décisions appropriées pour être en mesure de faire campagne.»

Il s'agit d'un autre exemple de l'incapacité de Newt Gingrich à admettre la défaite, ont estimé certains commentateurs politiques mercredi.

«Gingrich se voit comme une personnalité d'importance historique et cela était certainement vrai au début des années 1990», a dit le consultant républicain Matt Mackowiak.

«Mais cette fois-ci, il croit toujours qu'il est le candidat le plus fort et qu'il serait un président transformateur. Et il est difficile pour lui d'abandonner ce rêve. Mais la course est terminée pour lui, sauf si la théorie du chaos prévaut et si (la convention de) Tampa vire au cirque, et je crois que cela n'a aucune chance de se produire.»