La pilote militaire ukrainienne Nadia Savtchenko, élue députée alors qu'elle était en prison en Russie, a effectué mardi sa «rentrée parlementaire» et appelé les députés à ne pas trahir l'Ukraine.

«Je suis députée de l'Ukraine. Je suis rentrée et je me mets au travail», a-t-elle déclaré devant les parlementaires, un drapeau ukrainien sur les épaules et un autre des Tatars de Crimée dans les mains.

«Je suis rentrée et je ne vous laisserai pas oublier - vous, qui êtes assis dans les fauteuils de la Rada - ces hommes qui ont commencé à tomber pour l'Ukraine sur le Maïdan et qui continuent à mourir pour elle dans le Donbass», a-t-elle poursuivi.

«Le peuple d'Ukraine ne nous permettra pas de nous asseoir dans ces fauteuils si on le trahit», a ajouté Nadia Savtchenko, députée du parti de l'ex-première ministre Ioulia Timochenko.

«L'Ukraine est plus importante que chacun d'entre nous», a-t-elle encore lancé dans un discours enflammé, avant d'entonner l'hymne ukrainien.

Nadia Savtchenko a ensuite retiré son portrait de la tribune parlementaire et déposé à la place une affiche représentant d'autres Ukrainiens détenus en Russie.

«Liberté pour les prisonniers du Kremlin», y est-il écrit.

Selon le ministre ukrainien des Affaires étrangères Pavlo Klimkine, 174 Ukrainiens sont incarcérés en Russie, dans la péninsule ukrainienne de Crimée, annexée en 2014 par Moscou, ou prisonniers des rebelles dans l'Est.

Selon les sources au sein des autorités ukrainiennes, le nombre d'Ukrainiens détenus uniquement en Russie varie d'une dizaine à une trentaine.

Nadia Savtchenko a été échangée la semaine dernière contre deux Russes, accusés par Kiev d'être des agents des services secrets militaires russes (GRU).

La jeune femme purgeait une peine de 22 ans de prison pour avoir, selon des accusations qu'elle rejette, fourni à l'armée ukrainienne la position de deux journalistes de la télévision publique russe tués par un tir de mortier en juin 2014.

Elle était devenue pour les Ukrainiens un symbole du conflit dans l'est du pays entre l'armée ukrainienne et les séparatistes prorusses soutenus, selon Kiev et les Occidentaux, par l'armée russe. Depuis son déclenchement en avril 2014, le conflit a fait 9300 morts.