Le président russe Vladimir Poutine, qui a annexé la péninsule ukrainienne de Crimée en 2014, a déclaré lundi au quotidien allemand Bild que les frontières n'étaient à ses yeux «pas importantes» et qu'il ne s'intéressait qu'au «destin des gens».

«Pour moi, ce ne sont pas les frontières ou les territoires nationaux qui sont importants, mais le destin des gens», a déclaré M. Poutine dans une longue interview au tabloïd.

«Il faut toujours s'en tenir au droit international. C'est ce qui est arrivé aussi dans le cas de la Crimée», annexée par Moscou en 2014, a-t-il assuré.

«La population russe est parfaitement claire sur la situation (de la Crimée) (...). Je vous dis: la réunification de la Crimée avec la Russie est juste», a-t-il ajouté, qualifiant les sanctions occidentales contre son pays «d'insensées».

La Russie et l'Ukraine sont engagées dans une crise sans précédent depuis l'arrivée au pouvoir de pro-occidentaux en Ukraine début 2014, suivie de l'annexion par Moscou de la péninsule ukrainienne de Crimée puis du conflit avec les séparatistes prorusses dans l'est du pays. Le conflit a fait plus de 9000 morts depuis mai 2014.

En août 2008, une guerre éclair de cinq jours avait par ailleurs opposé la Géorgie et la Russie pour le contrôle de l'Ossétie du Sud.

Le conflit s'était soldé par une victoire russe. Moscou avait ensuite reconnu l'indépendance de ce territoire en même temps que celle d'une autre république séparatiste géorgienne, l'Abkhazie.

Des sanctions qui affectent la Russie

Le président Poutine a par ailleurs reconnu lundi dans ce même entretien au quotidien allemand que les sanctions économiques en lien avec la crise ukrainienne affectaient de façon «sensible» la Russie.

«En agissant sur les marchés internationaux, les sanctions affectent de façon sensible la Russie», a déclaré le dirigeant russe dans cette longue entrevue, les qualifiant de «théâtre de l'absurde».

Moscou est sous le coup de sanctions américaines et européennes pour son rôle dans le conflit entre forces ukrainiennes et séparatistes prorusses.

Fin décembre, l'UE a prolongé de six mois ses sanctions économiques. Bruxelles a justifié cette décision par la non-application dans leur intégralité des accords de paix de Minsk, signés par Moscou.

«Les dommages les plus importants (à l'économie russe) proviennent de la chute des prix de l'énergie. Au niveau des exportations de pétrole, nous enregistrons un rapport entre recettes et pertes que nous pouvons partiellement compenser» avec d'autres secteurs, a-t-il encore dit.

L'économie russe se stabilise «petit à petit» : le PIB a baissé de 3,8 % en 2015, la production industrielle de 3,3 % «mais le bilan commercial est positif», a toutefois estimé M. Poutine. «Nous exportons pour la première fois depuis des années clairement plus de biens avec une haute valeur ajoutée et nous avons plus de 300 milliards en réserve d'or», a-t-il poursuivi.

Alors que la Russie a entamé le 30 septembre des frappes aériennes en Syrie, le président russe a appelé les pays occidentaux à collaborer de façon plus étroite avec Moscou dans la lutte contre le groupe État islamique (EI). «Oui, nous devons être plus proches dans le monde entier pour lutter contre le terrorisme islamiste, qui représente un grand défi», a-t-il insisté.

Selon Moscou, les frappes russes ne visent que les groupes terroristes djihadistes, dont l'EI, mais les Occidentaux accusent la Russie de frapper également les opposants au président syrien Bachar al-Assad.