Une bagarre générale entre d'une part des députés favorables au président et d'autres part des députés favorables au gouvernement a éclaté vendredi au Parlement ukrainien lorsqu'un élu s'est attaqué au premier ministre Arseni Iatseniouk, en tentant de l'éloigner de la tribune parlementaire.

Une douzaine de députés, pourtant tous membres de la coalition prooccidentale au pouvoir, ont participé à cette rixe, qui n'a pas fait de blessés, selon des journalistes de l'AFP.

L'incident s'est produit lors d'un rapport annuel devant le Parlement de M. Iatseniouk, devenu très impopulaire depuis sa nomination à ce poste en 2014 et dont les relations avec le camp du président Petro Porochenko sont tendues.

Un député du groupe parlementaire favorable au président, Oleg Barna, qui recueille depuis plusieurs jours des signatures afin de lancer un vote de destitution à l'encontre de M. Iatseniouk, s'est ainsi rapproché de ce dernier en lui remettant un bouquet de roses, puis d'un coup a tenté de l'éloigner de force de la tribune.

M. Iatseniouk semblait garder son calme en s'accrochant à cette tribune. Des députés de son parti lui sont immédiatement venus en aide, se bousculant avec des confrères du parti proprésident.

Le Parlement «n'est pas un cirque et pas un spectacle», a lancé le premier ministre aux députés, une fois la rixe terminée.

«C'est une honte pour notre État», a renchéri une députée de son parti, Viktoria Sioumar.

Le chef du groupe parlementaire favorable au président Iouri Loutsenko a aussitôt présenté ses excuses pour cet incident, promettant que son collègue allait être «réprimandé» pour cet «acte inadmissible».

Ce conflit, qui est loin d'être rare au Parlement ukrainien, met en lumière la fragilité de la coalition prooccidentale au pouvoir en Ukraine composée de quatre partis dont ceux du président (Bloc Porochenko) et du premier ministre (Front populaire), qui ont du mal à s'entendre malgré le sanglant conflit armé avec les rebelles prorusses dans l'Est et une grave crise économique.

Presque deux ans après le soulèvement pro-européen du Maïdan, qui a abouti à la fuite du président Viktor Ianoukovitch, les nouvelles autorités prooccidentales peinent à mettre en oeuvre les réformes nécessaires et à éradiquer la corruption omniprésente, à la grande déception des Ukrainiens et des Occidentaux.