Après les rebelles, l'Ukraine a affirmé samedi avoir achevé la dernière étape du retrait de ses armes le long de la ligne du front dans l'Est séparatiste prorusse, mais le calme semble se faire attendre dans cette zone où des heurts sporadiques se sont intensifiés ces derniers jours malgré la trêve.

Ce retrait des armes légères par Kiev dans la région de Donetsk est censé achever la création de la zone tampon large de 30 à 140 kilomètres sur la ligne du front dans ce conflit aux portes de l'Union européenne (UE).

L'annonce de Kiev n'a cependant pas été commentée dans l'immédiat par l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) dont environ 600 observateurs sont déployés dans la zone du conflit, qui a fait plus de 8000 morts depuis son déclenchement en avril 2014.

L'armée ukrainienne a retiré samedi des mortiers de calibre de 82 millimètres des villages de Piski et Opytné, à proximité de l'aéroport de Donetsk, qui a été pendant des mois le théâtre de combats acharnés, a indiqué à l'AFP un porte-parole militaire ukrainien Oleksandre Zavtonov.

Des journalistes de l'AFP sur place ont observé un convoi militaire transportant notamment ses mortiers, quitter les positions ukrainiennes à Piski pour se diriger vers un terrain de stockage d'armes retirées dans la zone sous contrôle de Kiev.

Un des soldats ukrainiens, interrogés par l'AFP, a déclaré ne disposer désormais que d'armes à feu. «Nous ne répondons pas aux provocations ou tirs des rebelles. Mais si on est forcé à se défendre, nous ne pouvons désormais nous servir que de fusils et Kalachnikov ou encore des pierres», a ironisé Edouard, 39 ans, membre de la 93e brigade de l'armée ukrainienne.

Il s'agit de la dernière étape du retrait des armes de calibre de moins de 100 millimètres par les Ukrainiens dans la région de Donetsk. Les séparatistes prorusses de la république autoproclamée de Donetsk (DNR) ont pour leur part affirmé avoir achevé ce retrait des armes légères sur leur territoire jeudi.

Dans la région voisine de Lougansk, les deux parties ont annoncé déjà en octobre avoir terminé ce retrait des armes légères.

Des heurts plus fréquents

Selon un accord conclu en septembre, les deux parties devaient retirer leurs chars et pièces d'artillerie de calibre de moins de 100 millimètres dans une zone de 15 km d'une part et d'autre de la ligne de front.

Le retrait des armes lourdes a commencé en février, après la signature des accords de paix de Minsk 2, parrainés par les Européens. Les belligérants ont affirmé avoir retiré toutes leurs armes, mais selon l'OSCE, celles-ci demeurent encore dans certains endroits des deux côtés.

Le ministre ukrainien des Affaitres étrangères Pavlo Klimkine a accusé vendredi les rebelles de cacher des armes lourdes «dans des mines et usines», à l'issue d'une rencontre à Berlin avec ses homologues allemand, français et russe.

Le chef de la diplomatie allemande Frank-Walter Steinmeier a quant à lui souligné la nécessité de «finaliser» le retrait des armes lourdes d'ici début décembre.

Sur le terrain, des heurts se sont intensifiés ces derniers jours, même si les combats ont largement cessé dans la zone du conflit en vertu d'une nouvelle trêve décrétée le 1er septembre.

Les autorités ukrainiennes ont accusé samedi les rebelles d'avoir tiré sur les positions de l'armée avec des armes à feu, lance-grenade et mortiers. Quatre soldats ukrainiens ont par ailleurs été blessés ayant sauté sur une mine terrestre, selon Kiev.

Les rebelles ont pour leur part accusé les Ukrainiens d'avoir bombardé samedi Donetsk à l'aide du puissant système de lance-roquette multiple Grad. Peu après, ils sont revenus sur cette accusation, précisant que ce tir d'un «obus à fragmentation», qui n'a pas fait de victimes, avait été effectué depuis Piski à l'aide d'un «lance-roquette artisanal».

«Les bataillons de volontaires ukrainiens bombardent Donetsk exprès pour faire échouer les accords (de paix) de Minsk et provoquer notre riposte», a pour sa part déclaré à l'AFP un porte-parole du «ministère» de la Défense séparatiste Edouard Bassourine.