L'Union européenne et Ban Ki-moon ont condamné lundi le regain des violences en Ukraine où dix personnes ont péri dans de nouveaux affrontements dans l'Est rebelle prorusse, alors que Moscou a accusé Kiev de préparer une offensive.

«Nous condamnons la récente escalade des affrontements qui ont continué» dans la nuit de dimanche à lundi, a déclaré la porte-parole de la Commission européenne Catherine Ray en appelant les belligérants à respecter «pleinement le cessez-le-feu» en vigueur depuis la mi-février mais violé quasi-quotidiennement et à prendre «toutes les mesures appropriées pour protéger les civils».

Le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon s'est dit «extrêmement inquiet par cette récente escalade de la violence dans l'est de l'Ukraine», qualifiant d'«inacceptables» les «violations continues du cessez-le-feu et les pertes en vies humaines qui en résultent».

Pour sa part, la Russie, accusée par Kiev et l'Occident de soutenir militairement les rebelles, a déclaré que l'Ukraine semblait préparer une nouvelle offensive.

«Nous sommes inquiets du cours qu'ont pris les événements ces derniers jours, qui ressemblent très fortement à la préparation d'une action militaire», a lancé le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov lors d'une conférence de presse à Moscou.

En réponse, l'Ukraine a rejeté la responsabilité sur la Russie. Dans un communiqué, la diplomatie ukrainienne a mis en cause des «actions provocatrices délibérées» des séparatistes «soutenus par la Fédération russe» tout en appelant cette dernière à «prendre des mesures urgentes» pour «mettre fin à l'escalade».

Plus tôt dans la journée, les autorités ukrainiennes ont annoncé la mort de trois civils et deux soldats dans les territoires contrôlés par Kiev. Treize personnes - six civils et sept soldats - ont par ailleurs été blessées.

De l'autre côté de la ligne de front, les autorités rebelles ont fait état de cinq civils tués dans la «capitale» rebelle de Donetsk et à Gorlivka, à une trentaine de kilomètres au nord-est, ainsi que de quinze blessés.

Kiev redoute une offensive rebelle

Parmi les victimes civiles côté ukrainien, deux ont été tuées dans des bombardements dimanche soir à Sartana, un faubourg du port stratégique de Marioupol. Située sur les bords de la mer d'Azov, Marioupol est la dernière grande ville de l'Est sous contrôle de Kiev et les insurgés l'avaient dans le passé ouvertement désignée comme leur prochaine cible.

Un journaliste de l'AFP a vu des dizaines d'immeubles endommagés par des éclats d'obus et une maison au toit presque totalement détruit.

«Nous étions chez nous avec les enfants et nous avons entendu le sifflement des obus», a raconté à l'AFP l'habitante de cette maison, Lioubov. «Nous avons décidé de descendre dans la cave, mais là, une explosion a retenti. Cela nous a soufflés et nous sommes tombés sur le seuil même, la terrasse est tombée aussi. Quand nous avons repris connaissance, nous avons compris que nous étions vivants», a-t-elle confié.

De nombreux habitants de Sartana blâmaient les forces ukrainiennes, jugeant que les armes séparatistes se trouvaient trop loin pour l'atteindre.

Un haut responsable militaire de Kiev, Boris Kremenetski, a accusé dans un communiqué les séparatistes de viser des quartiers résidentiels afin de «discréditer» l'armée ukrainienne.

Des affrontements entre soldats ukrainiens et rebelles prorusses se sont intensifiés ces derniers jours dans la zone du conflit qui a fait plus de 6800 morts depuis le début des hostilités il y a 16 mois.

Kiev craint une nouvelle offensive séparatiste autour du 24 août, jour de l'indépendance de cette ex-république soviétique.

Fin août 2014, les forces rebelles emmenées, selon Kiev et les Occidentaux, par des troupes régulières russes, avaient encerclé un important groupement de soldats ukrainiens près de la ville d'Ilovaïsk, au sud-est de Donetsk et l'armée ukrainienne y avait perdu, selon Kiev, 366 de ses combattants en quelques jours, la pire tragédie subie par les forces de Kiev dans cette guerre.

Le président russe Vladimir Poutine s'est par ailleurs rendu lundi dans la péninsule ukrainienne de Crimée, annexée en 2014 par la Russie après son occupation par les troupes russes. M. Poutine avait dans un premier temps nié toute implication des militaires russes dans cette opération avant de le reconnaître.

Sans surprise, son déplacement en Crimée, le troisième après son annexion, a mis en colère Kiev qui a envoyé une note de protestation à la diplomatie russe. Le président pro-occidental Petro Porochenko a qualifié cette visite d'un «défi» lancé «au monde civilisé».