Les Pays-Bas et d'autres pays ont rendu hommage vendredi aux victimes de l'écrasement du Boeing de Malaysia Airlines, abattu il y a un an au-dessus de l'Ukraine, alors que Londres a appelé à créer un tribunal spécial pour juger les responsables.

Aux Pays-Bas, d'où étaient originaires la plupart des 298 personnes qui ont péri lorsque l'appareil s'est écrasé le 17 juillet 2014 dans l'est de l'Ukraine, les drapeaux étaient en berne.

Quelque 2000 proches et amis des victimes ont assisté à une cérémonie privée à Nieuwegein, dans le centre des Pays-Bas.

«J'y pense encore chaque jour», a déclaré le premier ministre néerlandais Mark Rutte à une télévision de son pays peu avant le début des cérémonies.

Son homologue australien Tony Abbott a dévoilé à Canberra une plaque devant 120 membres des familles des 38 victimes venues d'Australie. «Aujourd'hui nous nous souvenons de nos morts», a-t-il dit.

En Ukraine, près de 200 personnes ont participé à une cérémonie, organisée par les autorités séparatistes, dans un champ aujourd'hui nettoyé, près du village de Grabove, où la majorité des débris du vol MH17 sont tombés.

«Nous sommes prêts à fournir toute l'aide nécessaire aux gens qui prouveront que c'est le pouvoir ukrainien criminel qui a laissé cette tragédie se produire», a dit un dirigeant séparatiste, Alexandre Zakhartchenko, devant une petite foule.

«Vous avez été tués, mais nous on nous tue encore», pouvait-on lire sur une banderole.

Les familles des victimes n'ont pas participé à cette commémoration organisée par les séparatistes, que Kiev et les Occidentaux accusent d'avoir abattu l'avion.

À Moscou, pas de commentaire officiel du Kremlin mais le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a déposé une corbeille de fleurs devant l'ambassade des Pays-Bas, a rapporté la radio Écho de Moscou.

une centaine de Russes ont aussi déposé des fleurs et des avions en papier à l'ambassade néerlandaise à l'appel de l'ONG Open Russia (Russie ouverte) créée par l'ex-oligarque et opposant russe Mikhaïl Khodorkovski.

«Je suis moi aussi responsable»

L'une des Russes, Tatiana, a affirmé qu'elle était venue simplement «demander pardon».

«Toute l'information disponible m'amène à penser qu'en tant que Russe je suis, moi aussi, impliquée dans cette affaire, cette tragédie, que je suis, moi aussi,responsable», a-t-elle dit.

Londres s'est prononcé pour la création d'un tribunal international chargé de juger les responsables de l'écrasement, toujours inconnus. «Justice doit être rendue», a déclaré le secrétaire au Foreign Office, Philip Hammond. «Cela requiert un tribunal international (...) afin de poursuivre les responsables».

Le président ukrainien Petro Porochenko a appelé la communauté internationale à assumer son «devoir moral» en punissant ceux qui ont abattu le Boeing.

Peu après l'écrasement, le Conseil de sécurité des Nations unies avait adopté la résolution 2166, qui réclame que les responsables «rendent des comptes et que tous les États coopèrent pleinement dans cette tâche».

La Malaisie et les Pays-Bas, premiers concernés, ont lancé l'idée d'un tribunal qui serait soutenu par l'ONU, mais la Russie, qui dispose d'un droit de veto au Conseil de sécurité, y est opposée.

Les 298 passagers et membres d'équipage sont morts lorsque l'avion effectuant un vol régulier entre Amsterdam et Kuala Lumpur a été abattu, au cours de l'une des phases les plus violentes des hostilités entre les forces ukrainiennes et les séparatistes prorusses dans l'est de l'Ukraine.

Kiev et les Occidentaux soupçonnent les séparatistes d'avoir utilisé un missile sol-air BUK, fourni selon eux par la Russie, pour abattre l'appareil civil, croyant tirer sur un appareil militaire ukrainien.

Moscou dément toute implication et accuse les militaires ukrainiens.

«La question la plus importante qui se pose toujours est: qui est responsable?», a déclaré à l'AFP Dennis Schouten, président de la Fondation de la catastrophe aérienne du MH17, créée pour représenter les familles des victimes.

Le Bureau néerlandais d'enquête pour la sécurité (OVV) doit remettre son rapport final sur les raisons de l'écrasement début octobre. Mais ce rapport ne s'intéresse qu'aux causes de la catastrophe et n'identifiera pas les responsables.

Une enquête judiciaire internationale est en cours. Le procureur néerlandais Fred Westerbeke a indiqué en juin que l'on a identifié «de nombreuses personnes présentant un certain intérêt», mais que le dossier ne serait pas finalisé avant la fin de l'année au plus tôt.

Les rebelles commémorent les victimes et accusent Kiev

Près de 200 personnes ont participé vendredi à Grabove, dans l'est de l'Ukraine, à une autre cérémonie à la mémoire des victimes de l'écrasement du vol MH17 de la Malaysia Airlines, abattu il y a un an au-dessus de cette zone alors en proie aux combats.

La cérémonie, organisée par les autorités séparatistes, a eu lieu dans un champ, aujourd'hui nettoyé, près du village de Grabove, où la majorité des débris du vol MH17 sont tombés.

«Nous sommes prêts à fournir toute l'aide nécessaire aux gens qui prouveront que c'est le pouvoir ukrainien criminel qui a laissé cette tragédie se produire», a déclaré un dirigeant séparatiste, Alexandre Zakhartchenko, devant la petite foule rassemblée.

Les séparatistes prorusses et les autorités ukrainiennes se rejettent mutuellement la responsabilité de la catastrophe. Une enquête internationale est en cours pour élucider les circonstances du drame.

Les familles des victimes, qui n'ont pas participé aux commémorations organisées par les séparatistes, ont été invitées par M. Zakhartchenko à se rendre sur le site de la catastrophe, malgré les affrontements qui secouent encore quotidiennement l'est de l'Ukraine.

«Si vous souhaitez venir ici, sur les lieux du drame, nous allons prendre toutes les mesures de sécurité (nécessaires) et nous vous accueillerons comme nos invités les plus chers», a-t-il affirmé.

Selon des responsables locaux, plusieurs familles des victimes se sont rendues sur le site il y a une quinzaine de jours.

Un prêtre orthodoxe, un gréco-catholique et un dignitaire musulman ont prononcé des prières à la mémoire des défunts.

Amenés en bus par les autorités séparatistes, des habitants des villages voisins de Grabove ont déposé des fleurs devant un petit mémorial en granit et lâché dans le ciel des ballons blancs symbolisant les victimes, pour la plupart des ressortissants des Pays-Bas.

Ils brandissaient également des pancartes accusant le gouvernement pro-occidental de Kiev d'avoir provoqué cette catastrophe et de poursuivre les combats dans l'est. «Vous avez été tués et nous, on continue encore à nous tuer» ou encore «Kiev, arrête de tirer», pouvait-on lire sur leurs pancartes.