Demain cela fera un an que l'impensable est survenu: un Boeing rempli de civils explosait au-dessus de l'Ukraine, tuant 298 civils. Hier, le réseau CNN a dévoilé les conclusions d'un rapport officiel qui en imputerait la responsabilité aux rebelles prorusses, mais aussi à Malaysia Airlines pour son imprudence. Retour sur une tragédie qui suscite encore bien des questions.

Acte délibéré téléguidé de Moscou? Erreur de manipulation? Initiative personnelle d'un combattant détraqué? Un an plus tard, l'explosion d'un Boeing 777 rempli de civils au-dessus de l'Ukraine demeure entourée de questions.

Mais hier, deux jours avant l'anniversaire de la tragédie, le réseau américain CNN a dévoilé des informations selon lesquelles ce sont des rebelles prorusses qui auraient abattu l'avion. CNN cite deux sources qui auraient consulté le rapport définitif du Dutch Safety Board, l'organisme néerlandais chargé de faire enquête sur la tragédie.

Selon ces sources, l'enquête montre que l'avion a été abattu par un missile lancé d'une zone contrôlée par les rebelles prorusses. Ceux-ci, soutenus par Moscou, sont toujours impliqués dans des affrontements avec l'armée ukrainienne dans l'est de l'Ukraine.

Kiev et les Occidentaux ont toujours soupçonné les rebelles d'avoir utilisé un missile sol-air fourni par la Russie pour abattre l'appareil. Moscou, de son côté, dément catégoriquement toute implication en montrant du doigt les militaires ukrainiens.

L'avion abattu par des objets «extérieurs»

En septembre dernier, un rapport préliminaire du Dutch Safety Board a conclu qu'un «grand nombre d'objets à haute énergie provenant de l'extérieur de l'avion» avaient perforé la carlingue de l'appareil. Le fait que les débris de l'avion aient été retrouvés éparpillés sur une vaste zone avait mené à la conclusion qu'il avait explosé en plein vol.

Ces conclusions avaient conduit les experts à affirmer que ce sont les éclats d'un missile à charge fragmentée qui avaient fait exploser l'avion.

«Il n'y a pas 1000 façons d'abattre un avion qui vole à 33 000 pieds, confirme Karl Moore, expert de l'aviation à l'Université McGill. Il faut que ce soit fait avec de l'équipement militaire. La question, pour moi, est de savoir s'il s'agit d'un geste officiel et approuvé ou d'un acte solitaire. Ce n'est toujours pas clair aujourd'hui.»

À la recherche des responsables

Aux Pays-Bas, un rassemblement des familles des 298 victimes, dont 193 avaient la citoyenneté néerlandaise, est prévu demain. Les corps de toutes les victimes sauf deux ont été retrouvés et identifiés.

«La question la plus importante qui se pose toujours : Qui est responsable?», a lancé à l'Agence France-Presse Dennis Schouten, président de la Fondation de la catastrophe aérienne du MH17.

Après l'écrasement, le Conseil de sécurité des Nations unies avait adopté une résolution demandant que les responsables «rendent des comptes et que tous les États coopèrent pleinement dans cette tâche».

En plus de l'enquête technique menée par les Pays-Bas, une enquête judiciaire composée d'experts australiens, belges, néerlandais, malaisiens et ukrainiens a été ouverte.

Malaysia Airlines blâmé

Selon CNN, le rapport final du Dutch Safety Board blâme aussi le transporteur Malaysia Airlines pour avoir survolé une zone de conflit. Les autorités aériennes ukrainiennes avaient diffusé un avis qui restreignait l'espace aérien au-dessus de la zone des hostilités jusqu'à une altitude de 32 000 pieds. L'avion de Malaysia Airlines volait à 33 000 pieds lorsqu'il a été abattu.

«Évidemment, aujourd'hui, il faut nécessairement conclure qu'ils ont été imprudents puisque leur avion a été abattu. Sauf que plusieurs autres compagnies aériennes ont continué de survoler l'Ukraine pendant le conflit, dont plusieurs ce jour-là. Malaysia Airlines n'a pas contrevenu aux avertissements», explique Karl Moore, de McGill.

«Il y a un bon nombre de conflits actuellement sur la planète, mais ce sont des conflits locaux, à fleur de terre, qui n'affectent pas les vols commerciaux, avait aussi indiqué à La Presse Pierre Jeanniot, ancien directeur général de l'Association internationale du transport aérien, au moment de la tragédie. Aujourd'hui, on vole au-dessus d'Israël et de la Palestine, par exemple, même s'ils sont toujours en train de se bagarrer. C'est la même chose en Ukraine, un pays que les avions continuaient de survoler.»

Selon les informations dévoilées par CNN, Malaysia Airlines ne surveillait pas la publication de ces avertissements de façon systématique.

La publication du rapport du Dutch Safety Board, dont certaines conclusions ont été dévoilées hier par CNN, est prévue pour le mois d'octobre.