Le régiment Azov, réputé ultranationaliste, n'est rien de plus qu'«un petit nombre de pommes pourries» qui ne devraient pas être autorisées à définir l'image de l'Ukraine, a déclaré vendredi le ministre de la Défense nationale, Jason Kenney.

Dans une entrevue avec La Presse Canadienne, le ministre a de nouveau affirmé que l'unité paramilitaire ne recevrait aucun entraînement ni appui de la part du Canada. Sauf que cette assurance ne sera pas enchâssée dans une loi, contrairement à ce qui s'est fait aux États-Unis.

La décision s'appuie en partie sur le fait que la session parlementaire est ajournée et le restera jusqu'après les élections du 19 octobre prochain, mais aussi sur le fait qu'il s'agit d'un sujet controversé, entre autres au sein de la nombreuse diaspora ukrainienne au Canada.

Les opinions sur le régiment Azov sont partagées. Certains estiment que cette unité de 1500 hommes compte dans ses rangs plusieurs néonazis et suprématistes blancs alors que d'autres les voient comme des patriotes prêts à se battre pour faire reculer les séparatistes appuyés par la Russie.

Plus tôt cette semaine, le groupe paramilitaire, qui dit être victime d'une campagne de dénigrement de la part des Russes, a appelé le Canada à réfuter les allégations voulant qu'elle soit un refuge pour les fascistes.

Le porte-parole du régiment Azov, Alexander Alferov, a affirmé que son organisation estimait que le Canada avait fait preuve de leadership et de clarté morale dans le dossier de l'annexion de la Crimée par la Russie et de la guerre qui fait rage dans l'est de l'Ukraine.

Les conservateurs canadiens ont courtisé avec acharnement le vote ukrainien au pays, entre autres avec sa rhétorique anti-Valdimir Poutine. Ils se sont également assuré de photographier des élus opposés aux actions russes, dont le secrétaire parlementaire du ministre de la Défense nationale James Bezan, en train de distribuer du matériel militaire et d'aide humanitaire sur le terrain.

Le gouvernement canadien s'est ainsi attiré l'admiration de groupes ultranationalistes ukrainiens, dont le régiment Azov.

Le ministre Kenney a précisé que le fait de faire preuve de leadership moral dans ce dossier ne signifiait pas que le gouvernement de Stephen Harper allait soutenir les groupes aux idées extrémistes.

«Nous ne devons pas permettre qu'un petit nombre de pommes pourries dans un bataillon définisse la nouvelle Ukraine, a-t-il fait valoir. La nouvelle Ukraine est pro-occidentale et axée sur les valeurs démocratiques.»

L'élu conservateur entend encourager, à titre de ministre du Multiculturalisme, l'adhésion de l'Ukraine à l'Alliance internationale sur la mémoire de l'Holocauste. Il prévoit également suggérer que le pays européen «redouble ses efforts de lutte contre l'antisémitisme».

Jason Kenney a rencontré vendredi des représentants tatars, la minorité musulmane qui a été persécutée, marginalisée et déplacée par l'annexion de la Crimée par la Russie.

Il s'entretiendra également avec le président ukrainien Petro Porochenko avant de visiter les centres d'entraînement où les troupes canadiennes seront basées plus tard cet été.