L'OTAN a déploré mercredi les «attaques continues» contre l'«intégrité territoriale» de l'Ukraine, engluée depuis plus d'un an dans un conflit qui freine les réformes nécessaires à l'intégration de cette ex-république soviétique dans l'Alliance atlantique.

Ces déclarations interviennent alors que les violences se poursuivent dans l'Est malgré une trêve instaurée il y a trois mois, de plus en plus souvent violée par des combats isolés parfois meurtriers. Cinq personnes ont péri au cours des dernières 24 heures.

En visite à Kiev, le secrétaire général adjoint de l'OTAN Thrasyvoulos Terry Stamatopoulos a assuré que «tous» étaient «bien conscients des formidables défis» auxquels fait face l'Ukraine engagée depuis avril 2014 dans un conflit armé avec les séparatistes prorusses qui a fait près de 6300 morts.

«Ce n'est pas facile de lancer des réformes d'envergure tout en faisant face à un conflit majeur et des attaques continues contre votre intégrité territoriale», a-t-il poursuivi en prélude à une réunion consacrée à la réforme militaire en Ukraine.

Les autorités pro-occidentales de l'Ukraine, qui se sont fixé comme objectif l'adhésion à l'OTAN et à l'Union européenne, sont critiquées par leurs alliés occidentaux pour le manque de réformes cruciales pour moderniser cette ex-république soviétique rongée par la corruption.

L'UE comme l'OTAN restent à ce jour très réticentes quant à une perspective d'adhésion de l'Ukraine, mais M. Stamatopoulos a réaffirmé mercredi que l'Alliance atlantique aiderait l'Ukraine à «réformer les secteurs de la défense et de la sécurité».

Le président ukrainien Petro Porochenko a de son côté symboliquement approuvé un document sur la «stratégie de la sécurité nationale de l'Ukraine» qui fixe comme priorités le «rétablissement de l'intégrité territoriale» et la «création des conditions pour adhérer à l'OTAN», une perspective qui met la Russie en colère.

L'Ukraine et les Occidentaux accusent la Russie, qui a annexé en mars 2014 la péninsule ukrainienne de Crimée, d'armer la rébellion et d'avoir déployé ses troupes dans l'Est, ce que Moscou dément catégoriquement.

Kiev affirme que la Russie a continué de livrer de grandes quantités d'armement aux séparatistes et d'envoyer ses soldats en Ukraine après le début de la trêve.

Les autorités ukrainiennes pro-occidentales ont exhibé ces dernières semaines devant la presse, en guise de «preuve» de l'implication de Moscou dans le conflit, deux Russes capturés dans l'Est et présentés comme des membres de forces spéciales russes. Moscou soutient que ces hommes ne sont que d'anciens militaires.

A Washington, le vice-président des États-Unis Joe Biden a affirmé que tenir tête au président russe Vladimir Poutine était «crucial pour s'assurer qu'il (ne prépare pas) encore une autre agression».

«Le président Poutine fait le pari qu'il est le plus fort» et qu'en Ukraine il peut «survivre à l'actuel gouvernement réformiste pro-européen et le saper économiquement», a estimé M. Biden.

Funérailles d'un commandant rebelle 

Sur le terrain, cinq personnes ont péri au cours des dernières 24 heures, selon des bilans séparés.

Deux adultes et un enfant ont été tués dans des bombardements à Gorlivka, l'un des fiefs rebelles près de Donetsk, selon les autorités séparatistes qui dénoncent des bombardements de l'armée ukrainienne.

Le parquet ukrainien a de son côté accusé les rebelles d'être à l'origine de ces tirs.

Une femme a également été tuée à Popasna, ville sous contrôle des forces ukrainiennes dans la région rebelle voisine de Lougansk, dans des «tirs de mortiers» rebelles, selon le gouverneur pro-Kiev.

L'armée ukrainienne a quant à elle fait état d'un soldat tué et huit blessés.

A Altchevsk, ville sous contrôle des rebelles dans la région de Lougansk, un chef rebelle, Alexeï Mozgovoï, tué samedi avec six membres de son équipe, a été enterré mercredi en grande pompe en présence d'un millier de combattants et d'habitants locaux.

Plusieurs rues ont été bloquées par des hommes armés et le cortège funèbre a été accompagné d'un blindé et de drapeaux séparatistes.

La plupart des habitants interrogés par l'AFP estiment que ce meurtre est lié aux conflits internes au sein de la république séparatiste, Alexeï Mozgovoï ayant été en conflit ouvert avec le président de la république autoproclamée Igor Plotnitski.

Ce dernier a montré du doigt Kiev. Un responsable du ministère ukrainien de l'Intérieur, Anton Guerachtchenko, a pour sa part assuré que les troupes spéciales russes étaient derrière ce meurtre.