Les deux Russes capturés dans l'Est de l'Ukraine ont reconnu être des soldats d'active en mission de reconnaissance, a annoncé jeudi l'OSCE, alors que  Moscou nie leur appartenance à ses forces armées.

Lors d'une rencontre avec la mission d'observation de l'OSCE en Ukraine, en l'absence des autorités ukrainiennes à l'hôpital militaire de Kiev où ces deux hommes sont soignés, «les deux individus ont affirmé qu'ils étaient membres d'une unité des forces armées russes», a indiqué l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) dans un communiqué.

Lors de cette rencontre, les deux Russes ont «affirmé qu'ils étaient en mission de reconnaissance» en Ukraine, ajoutant qu'ils étaient armés mais n'avaient pas l'ordre d'attaquer, a précisé l'organisation.

«L'un d'eux a indiqué avoir reçu l'ordre de son unité d'aller en Ukraine pour une durée de trois mois et devait faire objet d'une +rotation+ dans trois mois. Tous les deux ont déclaré avoir déjà été +en mission+ en Ukraine auparavant», poursuit le communiqué.

Un de ces hommes a cependant assuré à plusieurs reprises que «les troupes russes n'étaient pas impliquées dans les combats en Ukraine», selon la même source.

Tous les deux ont confirmé avoir été capturés le 16 mai après avoir été blessés par des tirs sur la ligne de front dans l'Est de l'Ukraine, a précisé l'OSCE.

Kiev et l'Occident accusent la Russie d'armer les rebelles et d'avoir déployé ses troupes dans la zone du conflit. Moscou, de son côté, nie farouchement ces accusations, ne concédant que la présence de «volontaires» russes partis de leur propre gré soutenir les combattants séparatistes.

Les autorités ukrainiennes avaient annoncé dimanche la capture des deux Russes, blessés dans des combats avec les forces ukrainiennes dans l'Est, affirmant qu'ils étaient des soldats russes d'active.

Dans une vidéo tirée de leur interrogatoire et diffusée par Kiev, les deux hommes ont précisé appartenir à la «3e brigade des forces spéciales russes, basée à Togliatti», à 800 kilomètres au sud-est de Moscou.

Démenti de Moscou

Le ministère russe de la Défense avait lundi catégoriquement démenti leur appartenance aux troupes d'active, assurant qu'ils «ne faisaient plus partie des forces armées russes au moment de leur capture» et suggérant qu'ils pourraient avoir fait l'objet de «torture» pour confirmer les accusations ukrainiennes.

«Ces hommes ont effectué leur service militaire dans une unité de l'armée russe et ont une formation militaire», s'est borné à dire le porte-parole du ministère russe, Igor Konachenkov.

La télévision d'État russe Rossia 24 a diffusé mercredi l'interview d'une jeune femme présentée comme l'épouse du sergent Alexandre Alexandrov, l'un des soldats capturés.

Elle a assuré que son mari avait «démissionné» de l'armée en décembre dernier et estimé qu'il pourrait avoir été «torturé» par les Ukrainiens.

Les autorités ukrainiennes avaient exhibé devant la presse les deux jeunes hommes mardi, les présentant comme des soldats des forces spéciales au sein de la Direction du renseignement militaire de l'armée russe.

Opérés la veille à l'hôpital militaire de Kiev, M. Alexandrov et son supérieur, le capitaine Evgueni Erofeïev, étaient allongés sur leur lit entourés par au moins cinq gardiens, dont trois encagoulés.

M. Alexandrov a alors refusé de dire s'il était toujours en service actif dans l'armée russe.

Sur la vidéo de leur interrogatoire, les deux hommes ont indiqué être entrés en territoire ukrainien il y a plus d'un mois avec environ 200 autres militaires russes pour effectuer des missions de renseignement dans l'Est ukrainien, en compagnie des troupes rebelles qui affrontent les forces de Kiev.

Les deux hommes ont également reçu la visite ces derniers jours de représentants de l'Union européenne, d'Amnesty International et de la Croix-Rouge.

Le conflit opposant l'armée ukrainienne aux rebelles a fait plus de 6.200 morts depuis avril 2014.

Malgré une trêve globalement respectée depuis la mi-février, des combats isolés continuent d'alourdir le bilan du conflit. Kiev a annoncé jeudi la mort d'un soldat et d'un civil dans de nouveaux affrontements.