La chancelière allemande Angela Merkel a critiqué dimanche l'absence de progrès dans la crise ukrainienne, déplorant qu'«il n'y ait toujours pas de cessez-le-feu», après des entretiens à Moscou avec Vladimir Poutine au lendemain des célébrations, boudées par les Occidentaux, marquant la victoire sur l'Allemagne nazie.

«Aujourd'hui, il n'y a toujours pas de cessez-le-feu en Ukraine», malgré son entrée en vigueur officielle fin février suite aux accords de Minsk-2, a déclaré Mme Merkel, lors d'une conférence de presse avec Vladimir Poutine.

Ces accords de paix visant à mettre fin au conflit sanglant entre Kiev et séparatistes prorusses ont été obtenus le 12 février dans la capitale bélarusse à l'issue d'un marathon diplomatique entre le président russe, la chancelière allemande et les présidents français et ukrainien, François Hollande et Petro Porochenko.

Sur le terrain, des combats sporadiques éclatent cependant régulièrement dans l'est de l'Ukraine, où le conflit armé a fait plus de 6200 morts en un peu plus d'un an.

«Tous les jours, nous recevons des rapports de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) qui expliquent de manière objective pourquoi le cessez-le-feu n'est pas respecté», a indiqué Mme Merkel.

«On ne peut pas dire qu'une partie respecte les conditions de l'accord (sur le cessez-le-feu) à 100%, et l'autre ne les respecte pas», a-t-elle précisé.

«C'est un processus très compliqué. Nous espérions qu'un cessez-le-feu serait obtenu. Mais malheureusement, cela n'a pas été le cas», a ajouté la chancelière.

Le conflit ukrainien a provoqué la pire crise dans les relations entre la Russie et l'Occident depuis la fin de la Guerre froide, l'Union européenne et les États-Unis accusant Moscou de soutenir militairement les rebelles prorusses, ce que les autorités russes démentent.

«Malgré toutes les difficultés, le processus (de paix, NDLR) lancé à Minsk avance (...), et la situation est devenue plus calme» en Ukraine, a estimé pour sa part M. Poutine.

«En ce qui concerne les plaintes sur le respect ou le non-respect des accords de Minsk, ces plaintes viennent des deux parties», de la part des séparatistes, comme de Kiev, a-t-il constaté.

«Je suis convaincu qu'on ne peut assurer un règlement à long terme que via un dialogue direct» entre Kiev et les séparatistes, a ajouté le président russe, en assurant que la Russie ferait «tout son possible» pour y contribuer.

Mais le «succès» du règlement pacifique en Ukraine «dépend en grande partie des personnes qui ont tous les pouvoirs, en premier lieu, des autorités de Kiev», a-t-il souligné.

Rendre hommage aux morts

La chancelière allemande était arrivée dans la capitale russe au lendemain des festivités marquant le 70e anniversaire de la victoire contre l'Allemagne nazie, dont le point d'orgue a été une immense parade militaire.

La plupart des pays occidentaux ont cependant boycotté ces célébrations pour protester contre le rôle de Moscou dans la crise ukrainienne et l'annexion de la Crimée par la Russie en mars 2014.

Même si les relations russo-allemandes traversent actuellement une «période difficile (...) il m'était important de rendre hommage -- ensemble avec le président Poutine -- aux morts de la Seconde Guerre mondiale», a souligné Mme Merkel, qui a déposé dans la matinée une gerbe de fleurs sur la tombe du Soldat inconnu près du Kremlin.

«Je veux ainsi dire au peuple russe que moi, en tant que chancelière allemande, je m'incline devant les millions des victimes de cette guerre déclenchée par l'Allemagne national-socialiste», a-t-elle souligné.

«Nous nous rendrons toujours compte que l'Union soviétique et les soldats de l'Armée rouge ont déploré les plus grandes pertes dans cette guerre», soit au moins 25 millions de morts, a assuré Mme Merkel.

Elle a souligné la «nécessité de chercher un dialogue» avec Moscou, «malgré les divergences» notamment sur la crise ukrainienne qui a coûté à la Russie l'année dernière une série de sanctions économiques européennes et américaines.

«Ma visite d'aujourd'hui vise à montrer que nous travaillons avec la Russie, et non pas contre elle», a ajouté la chancelière allemande.