La présidence ukrainienne a affirmé jeudi que Vladimir Poutine avait pour la première fois accepté la possibilité du déploiement d'une mission de maintien de la paix dans l'Est rebelle prorusse de l'Ukraine, une annonce qui n'a pas été confirmée par le Kremlin.

Kiev a fait son annonce après un entretien téléphonique entre les présidents ukrainien Petro Porochenko, français François Hollande, russe Vladimir Poutine et la chancelière allemande Angela Merkel consacré à ce conflit aux portes de l'Europe qui a fait plus de 6100 morts en un an.

«Dans le contexte de la discussion sur les voies d'un règlement pacifique (du conflit), le président Poutine a accepté la possibilité du déploiement d'un contingent de maintien de la paix dans le Donbass», bassin minier de l'Est ukrainien dont une partie est sous le contrôle des rebelles, a déclaré la présidence ukrainienne dans un communiqué.

Interrogé par l'AFP, le porte-parole de M. Porochenko n'a été en mesure de donner aucun détail sur l'accord ainsi annoncé, dont il n'est fait aucune mention dans les communiqués respectifs diffusés par le Kremlin et la présidence française à la suite de cet entretien.

Dans le texte russe, il est simplement écrit que les participants ont «constaté un certain progrès concernant le respect du cessez-le-feu et le retrait des armes lourdes de la zone du conflit».

Selon le communiqué de l'Élysée, «l'état de la mise en oeuvre» des accords de paix Minsk 2 de février dernier «a été examiné et des pistes d'amélioration ont été envisagées» par les quatre responsables qui sont par ailleurs «convenus du rôle central de l'OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe) dans l'amélioration de l'application du cessez-le-feu et la vérification du retrait des armes lourdes».

L'Ukraine appelle depuis des mois les Occidentaux à déployer une force d'interposition - mission policière de l'Union européenne ou casques bleus de l'ONU - sur la ligne de front, mais aussi à la frontière ukraino-russe. Kiev et les Occidentaux accusent Moscou de livrer des armes aux séparatistes et d'avoir déployé des troupes dans ces régions, ce que la Russie dément catégoriquement.

«Les combats doivent cesser»

Si les Occidentaux étaient globalement frileux à l'égard du déploiement d'un éventuel contingent de maintien de la paix, insistant surtout sur le renforcement de la mission d'observation de l'OSCE déployée sur le terrain, Moscou n'a de son côté pas caché son opposition à une telle initiative.

Le président Porochenko a profité d'un sommet avec l'UE à Kiev lundi pour appeler à nouveau à l'envoi d'une mission européenne, mais le président du Conseil européen Donald Tusk a aussitôt rejeté cette demande, ajoutant que seule «une mission d'évaluation civile» chargée d'examiner la situation humanitaire dans la zone de conflit pourrait y être dépêchée dans l'immédiat.

«Nous connaissons les attentes ukrainiennes, mais il est impossible d'envoyer une mission militaire» dans l'immédiat, a déclaré M. Tusk.

Le président français et la chancelière allemande sont très activement engagés dans le règlement du conflit armé entre rebelles prorusses et forces de Kiev dans l'est de l'Ukraine, à l'origine de la pire crise entre l'Occident et la Russie depuis la Guerre froide.

La médiation de M. Hollande et de Mme Merkel entre les présidents ukrainien et russe avait permis de conclure les accords de paix Minsk 2 instaurant un cessez-le-feu, globalement respecté depuis plus de deux mois mais qui reste très fragile, des combats isolés continuant d'alourdir le bilan des victimes.

Rien que jeudi, les autorités ukrainiennes ont annoncé la mort d'un soldat et les rebelles ont fait état dans un bilan séparé d'un combattant et de deux civils tués.

Dans ce contexte, «l'apaisement sur le terrain a été considéré comme la priorité absolue» au cours de cette conversation téléphonique entre les quatre responsables, selon le communiqué de la présidence française.

«Les violations du cessez-le-feu et les combats (...) doivent cesser», notamment près de Marioupol, dernière grande ville de l'Est rebelle souvent désignée par les séparatistes comme étant leur prochaine cible, a indiqué dans son texte l'Élysée.