Les chefs de la diplomatie allemand, français, russe et ukrainien ont exprimé lundi soir leur «vive inquiétude» sur les violations du cessez-le-feu en Ukraine, appelant à la fin des combats et au dialogue politique, dans un communiqué commun.

«Nous exprimons notre vive inquiétude au sujet des combats survenus ce week-end, notamment avec l'engagement d'armes lourdes près de Chirokiné et de l'aéroport de Donetsk. Nous appelons toutes les parties à cesser les combats», ont déclaré les quatre ministres du format dit «Normandie», dans un texte diffusé à l'issue d'une longue réunion à Berlin.

Ils ont appelé au «retrait des armes lourdes» mais aussi au retrait des «mortiers, armes lourdes d'un calibre inférieur à 100mm ainsi que de tous les types de chars». Cet appel va «au delà» de l'accord de Minsk signé en février, a affirmé le chef de la diplomatie allemande, Frank-Walter Steinmeier, en commentant le résultat de la réunion devant des journalistes.

Il a insisté sur l'importance de travailler à l'organisation d'élections locales dans l'Est de l'Ukraine.

Les quatre ministres ont annoncé leur volonté de mettre en place «quatre groupes de travail aussi vite que possible au sein du groupe de contact trilatéral» qui regroupe l'Ukraine, la Russie et l'OSCE. Ils devront plancher sur «la sécurité, le processus politique, les questions humanitaires et les affaires économiques» dans la zone de conflit.

M. Steinmeier a souligné que la discussion de lundi soir avait été «très longue, très intense, et en partie très conflictuelle».

«Rien n'est facile dans la crise ukrainienne, ce n'est pas nouveau», a-t-il lâché, tout en soulignant qu'il n'y avait «pas d'alternative» au dialogue politique.

Intensification des combats 

Les résultats de la rencontre de Berlin seront largement discutés lors d'une réunion des ministres des Affaires étrangères du G7 mardi soir et mercredi à Lübeck (nord de l'Allemagne), alors que les tensions sur le terrain ont gagné en intensité ces derniers jours.

Dimanche soir et lundi matin, un journaliste de l'AFP à Donetsk a entendu des tirs intenses. Selon le porte-parole militaire ukrainien, Olexandre Motouzianyk, un soldat ukrainien a été tué et six blessés en 24 heures. Les autorités séparatistes ont de leur côté fait état de quatre civils blessés dans la zone sous leur contrôle.

La mission de surveillance de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), présente dans la zone de conflit, a fait état «du renouvellement de combats intenses près de Donetsk et à Chirokiné», à 10 km du port stratégique de Marioupol, dernière grande ville dans la zone de conflit sous contrôle de Kiev.

Le 12 avril, l'OSCE a «enregistré 1166 explosions, provoquées principalement par des tirs d'artillerie et de mortier» près de Donetsk, où des combats faisaient rage avec notamment chars et artillerie lourde.

Les volontaires du groupe ultranationaliste Pravy Sektor ont de leur côté fait état sur les réseaux sociaux d'intenses combats à Piski, localité sous contrôle des forces ukrainiennes près des ruines de l'aéroport de Donetsk passé en janvier sous contrôle des rebelles.

À Lougansk, la situation s'est aussi «largement détériorée», selon les autorités locales, fidèles à Kiev. «Dans plusieurs zones, il y a eu des affrontements militaires et aussi des tirs à l'arme automatique et à l'aide de chars», a indiqué le gouverneur pro-Kiev de la région, Guennadi Moskal.

Selon l'OSCE, les armes utilisées par les «deux parties durant les affrontements» étaient d'un calibre supérieur à 100 mm.

Or, selon les accords de Minsk 2, signés le 12 février et prévoyant une nouvelle trêve, un retrait de ce type d'armes aurait dû être effectué le long de la ligne de front pour créer une zone tampon de 50 à 140 km.

Le conflit ukrainien a fait plus de 6000 morts en un an.

Kiev et les Occidentaux accusent la Russie d'armer les rebelles prorusses de l'Est et d'y avoir déployé des troupes régulières, ce que la Russie nie farouchement.