L'Union européenne s'est mise d'accord jeudi pour prolonger ses sanctions économiques contre la Russie jusqu'à la fin de l'année, en les «liant clairement» à la «mise en oeuvre complète» des accords de paix de Minsk sur l'Ukraine.

Les chefs d'État et de gouvernement des 28 «ont décidé que la durée des sanctions contre la Russie (...) devrait être clairement liée à la mise en oeuvre complète des accords de Minsk, en gardant à l'esprit que cela n'est envisagé que d'ici le 31 décembre 2015», selon les conclusions du sommet européen.

Ces accords, arrachés en février par la chancelière allemande Angela Merkel et le président français François Hollande, ont instauré un cessez-le-feu fragile sur le terrain. Le calendrier de mise en oeuvre de plusieurs dispositions, notamment le contrôle de ses frontières par Kiev, s'étend jusqu'à la fin de cette année.

«Les décisions nécessaires seront prises dans les prochains mois», ajoutent les dirigeants européens. Elles devraient être prises en juin lors d'un prochain sommet de l'UE.

Les sanctions économiques ont été adoptées le 31 juillet 2014, après la destruction en vol au-dessus de l'est de l'Ukraine orientale d'un Boeing de Malaysia Airlines, imputé aux séparatistes prorusses. Elles ont été alourdies le 8 septembre après que la Russie a été accusée d'avoir fait entrer des troupes et des armes lourdes sur le territoire ukrainien pour stopper l'avancée des troupes loyalistes, ce que Moscou a toujours démenti.

Ces mesures, qui ont durement frappé l'économie russe, arrivent à échéance un an après, soit cet été.

Au sein de l'UE, les tenants de la ligne dure plaidaient pour une décision de les prolonger dès maintenant, afin de maintenir la pression sur le président russe Vladimir Poutine. Mais il n'y avait pas unanimité, de nombreux États membres voulant se donner plus de temps, pour tenir compte de la situation sur le terrain, dans un sens ou dans l'autre.

«L'Union européenne se tient toujours prête à soutenir le cessez-le-feu et à répondre de manière positive aux progrès accomplis», a promis le président du Conseil européen, Donald Tusk. Mais «notre intention commune est très claire, nous devons maintenir nos sanctions jusqu'à la mise en oeuvre complète (des accords) de Minsk», a-t-il insisté. Et les 28 sont même «prêts à prendre des mesures supplémentaires si nécessaire».

Avant l'écrasement du vol MH17, les Européens étaient divisés sur les sanctions économiques, plusieurs grands pays étant réticents à aller au-delà des sanctions individuelles contre des responsables séparatistes ou russes en raison de leurs nombreux liens économiques et politiques avec la Russie.

L'UE a aussi réaffirmé jeudi sa condamnation de «l'annexion illégale» de la Crimée il y a un an, et sa détermination à «mettre en oeuvre pleinement cette politique de non-reconnaissance».

Face à Moscou, qui nie toute implication dans le conflit, l'UE a jugé bon de «répondre aux campagnes de désinformation de la Russie». Ses dirigeants ont chargé la chef de la diplomatie, Federica Mogherini, de mettre au point d'ici juin un «plan d'action sur la communication stratégique». La première étape consistera à monter une équipe pour faire une veille des médias russes, repérer les mensonges flagrants et informer les États membres pour qu'ils agissent, a précisé une source européenne.