Le président ukrainien Petro Porochenko a estimé vendredi que le conflit dans l'est de l'Ukraine était en voie de «désescalade», alors que Kiev recevait 5 milliards de dollars dans le cadre d'un prêt du FMI visant à stabiliser son économie au bord de l'effondrement.

«Je peux vous dire que le fait que nous n'ayons pas à déplorer de pertes militaires depuis déjà plusieurs jours, que les vies de nos héros ukrainiens sont préservées, ceci est une indication claire qu'une désescalade progressive est en cours», a-t-il déclaré lors d'une interview à la chaîne ukrainienne 1+1.

Peu avant, les chefs de la diplomatie des pays nordiques et baltes et des États du groupe de Visegrad, réunis en Slovaquie, avaient eux aussi estimé que la situation en Ukraine était «meilleure qu'avant la conclusion des accords de Minsk», signés le 12 février pour tenter de ramener la paix dans l'Est, tout en soulignant qu'elle n'était «pas idéale».

Une relative accalmie est observée depuis plusieurs semaines dans l'est du pays, où un nouveau cessez-le-feu est entré en vigueur le 15 février. Néanmoins, les autorités ukrainiennes continuent de dénoncer une concentration de forces ennemies le long de la ligne de front.

Selon le président ukrainien, la situation reste particulièrement tendue dans deux zones: autour des ruines de l'aéroport de Donetsk, repris par les rebelles en janvier après des combats acharnés, et au niveau du village de Chirokiné, à une dizaine de kilomètres du port stratégique de Marioupol, dernière grande ville de la zone de conflit sous contrôle de Kiev.

Néanmoins, M. Porochenko s'est montré confiant face au soutien de l'Occident en cas de violation majeure des accords de Minsk, prévoyant outre la trêve, un retrait des armes lourdes le long de la ligne de front.

«Si un nouveau cycle d'agression contre l'Ukraine est lancé, je peux vous assurer que nous obtiendrons rapidement des armes létales et une nouvelle vague de sanctions contre l'agresseur. Nous agirons avec fermeté et de manière coordonnée», a-t-il dit.

Les États-Unis ont pourtant encore récemment refusé de fournir ces armes «létales».

Ils ont néanmoins musclé mercredi leur aide militaire à l'Ukraine, annonçant qu'ils lui livreraient pour 75 millions de dollars d'équipements «non-létaux», dont des drones d'observation Raven, des radars antimortiers, des équipements de vision nocturne et des véhicules de transport Humvee.

L'Ukraine comme les Occidentaux accuse Moscou d'armer la rébellion et d'avoir déployé des troupes régulières dans l'Est, ce que Moscou dément.

Désaccord inhabituel au FMI

Le conflit a fait plus de 6000 morts en onze mois, principalement des civils, et accéléré l'effondrement économique du pays, déjà en récession quasi ininterrompue depuis plus de deux ans.

L'inflation a atteint 34,5% en février sur un an, les réserves de devises sont quasi épuisées, l'activité chute et la monnaie nationale a subi une dévaluation record.

Dans ce contexte, le Fonds monétaire international a approuvé mercredi un programme d'aide «risqué» de 17,5 milliards de dollars pour l'Ukraine.

Des sources concordantes ont indiqué à l'AFP que les représentants russe et brésilien au FMI avaient refusé de voter en faveur de ce plan d'aide, reflétant un niveau de désaccord inhabituel au sein du Fonds.

Kiev a reçu vendredi la première tranche de 5 milliards de dollars de ce prêt, a indiqué le ministère des Finances.

L'aide du FMI s'inscrit dans un plan global de 40 milliards de dollars dont les contours commencent lentement à se préciser.

En sus de l'apport de pays donateurs, les créanciers privés de l'Ukraine doivent y contribuer à hauteur de 15 milliards de dollars via une restructuration de dette actuellement en discussion et dont les modalités (effacement de dette, rééchelonnement...) restent à déterminer.

La dette publique ukrainienne (70 milliards de dollars en 2014) a explosé cette année. En 2015, elle devrait atteindre 94% du PIB contre 40,6% en 2013 et sa dette extérieure, 158% du PIB, selon les estimations du FMI.

Et les perspectives ne sont pas radieuses pour le pays, selon le groupe d'investissement ukrainien ICU qui ne prévoit une reprise de la croissance qu'en 2017 en pronostiquant une baisse de 7,6% du PIB cette année et une croissance nulle pour 2016.

La ministre ukrainienne des Finances Natalie Jaresko a dit espérer «une solution» sur la dette d'ici «deux mois» sans donner plus de détails.