Malgré une accalmie relative dans l'est rebelle de l'Ukraine, des affrontements se sont poursuivis près de Marioupol, renforçant les craintes que ce port ne soit le prochain objectif des séparatistes, tandis que les chefs de la diplomatie français, allemand, russe et ukrainien devaient se retrouver mardi à Paris.

Une source au sein du ministère ukrainien des Affaires étrangères a toutefois émis des doutes sur cette rencontre, estimant que «la situation pouvait changer» d'ici mardi.

De son côté, le président russe Vladimir Poutine a exclu un «scénario d'apocalypse» pour l'Ukraine. «Un scénario d'apocalypse est peu probable et j'espère qu'il ne se produira jamais», a-t-il déclaré à la chaîne publique Rossia-1.

Si les accords de Minsk sur un cessez-le-feu dans l'est de l'Ukraine et le retrait des armes lourdes de la ligne de front sont «respectés, c'est un chemin sûr vers la normalisation de la situation dans cette région», a-t-il estimé.

«Personne n'a besoin d'un conflit, à fortiori armé, à la périphérie de l'Europe», a ajouté le président russe.

Londres, par la voix de Philip Hammond, le ministre des Affaires étrangères, en visite à Tallinn, a pour sa part indiqué qu'au vu de «l'expérience des derniers 10 ou 12 jours, l'engagement de la Russie dans le processus de Minsk est plutôt cynique».

Plusieurs pays occidentaux, dont l'Allemagne, et l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), se sont dit inquiets de l'absence d'un cessez-le-feu complet dans l'est du pays.

Le ministre lituanien des Affaires étrangères a critiqué les Occidentaux pour leurs «réactions faibles» face aux violations du cessez-le-feu et a évoqué la possibilité de «menaces asymétriques» contre les pays baltes de la part de la Russie.

En dépit des accords de paix de Minsk, «la situation (dans l'est de l'Ukraine) n'a presque pas changé», a affirmé Linas Antanas Linkevicius dans un entretien avec l'AFP.

L'armée ukrainienne a fait état d'une nouvelle tentative d'assaut rebelle dans la nuit de dimanche à lundi sur les positions ukrainiennes à Chyrokine, un village à une quinzaine de km de Marioupol situé au sud de la ligne de front, sur les bords de la mer d'Azov.

Deux soldats ont été tués en 24 heures et 10 blessés dans l'est, a indiqué Kiev, qui a aussi affirmé que 20 chars et pièces d'artillerie russes et une cinquantaine de camions militaires, chargés notamment de munitions, avaient franchi la frontière ukrainienne à destination de Novoazovsk, base rebelle à une trentaine de km de Marioupol.

Kiev et les Occidentaux accusent la Russie de soutenir les séparatistes en leur fournissant armes et troupes, alors que Moscou nie farouchement toute implication dans ce conflit, qui a fait plus de 5.700 morts en 10 mois.

Marioupol, prochaine cible? 

Après la prise par les séparatistes de la ville stratégique de Debaltseve la semaine dernière, en dépit du cessez-le-feu, beaucoup craignent que Marioupol, dernière grande ville du bassin du Donbass sous le contrôle de Kiev, ne devienne la prochaine cible des rebelles.

Ceux-ci la convoitent depuis des mois pour notamment créer un pont terrestre avec la péninsule ukrainienne de Crimée annexée en mars par Moscou, et dont les communications avec la Russie, limitées essentiellement à la voie maritime, sont considérablement perturbées notamment en hiver.

Outre Marioupol, des tirs rebelles ont visé deux villages près de Donetsk, fief séparatiste, selon le porte-parole Anatoli Stelmakh, qui a néanmoins constaté «une baisse considérable du nombre de tirs» sur l'ensemble de la ligne de front.

Les autorités pro-Kiev de la région voisine de Lougansk, dont une partie est sous contrôle rebelle, ont également fait état d'une reprise des tirs dans plusieurs localités.

Un adolescent de 15 ans est décédé à l'hôpital lundi après une explosion lors d'une marche pro-Kiev dimanche à Kharkiv, portant le bilan à trois morts, selon la mairie.

Le procureur de cette région, Iouri Daniltchenko, a déclaré que selon de premières informations, l'explosion avait été provoquée par une mine antipersonnel.

La poursuite des hostilités empêche, selon Kiev, le retrait des armes lourdes, dont le début avait pourtant été annoncé pour dimanche par les deux parties.

Selon les accords de Minsk 2, les belligérants doivent retirer «toutes les armes lourdes» de la ligne de front afin d'établir une zone tampon d'une profondeur de 50 à 140 km en fonction du type d'armes.

Un responsable séparatiste cité par des médias russes a assuré que le cessez-le-feu était «pratiquement respecté» et que les rebelles avaient déjà commencé à retirer leurs armes. Aucune confirmation indépendante n'a pu être obtenue dans l'immédiat.

Sur le plan économique, la monnaie ukrainienne, la hryvnia, qui a perdu presque trois quarts de sa valeur en un an, a continué de s'effondrer lundi, pour s'établir à 30,5 pour un dollar.