«Les ruptures du cessez-le-feu constatées ces derniers jours» en Ukraine ont été «dénoncées» lors d'une conférence téléphonique jeudi entre François Hollande, la chancelière allemande Angela Merkel, le président ukrainien Petro Porochenko et son homologue russe Vladimir Poutine, selon un communiqué de l'Élysée.

M. Porochenko a particulièrement insisté sur les combats ayant touché la ville stratégique de Debaltseve, abandonnée par les troupes ukrainiennes mercredi, réclamant des «garanties claires» en cas de nouvelles «violations des accords» par les rebelles, selon un communiqué publié par ses services.

M. Porochenko a affirmé que le retrait des armes lourdes du front, prévu par les accords de Minsk 2 signés la semaine dernière, ne pourra être effectif qu'une fois appliqué un cessez-le-feu «total».

Il a également appelé à la libération de tous les prisonniers, «y compris ceux faits prisonniers à Debaltseve» selon le communiqué publié par son bureau.





90 prisonniers et 82 disparus



Au moins 90 soldats ont été faits prisonniers et 82 portés disparus à Debaltseve après le retrait des troupes ukrainiennes de la ville, a annoncé jeudi le service de presse de l'armée ukrainienne.

«Plus de 90 membres des forces armées ukrainiennes ont été capturés. L'état-major recherche toujours 82 soldats dont le sort est inconnu», explique un communiqué de l'armée ukrainienne, qui ajoute avoir mobilisé «certaines forces» pour localiser les disparus et demandé l'aide de l'OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe) pour les retrouver.

Le président russe Vladimir Poutine s'est «engagé à faire pression sur les séparatistes» pour l'échange des prisonniers ukrainiens et rebelles, selon le communiqué publié par la chancellerie allemande après cette réunion.

Selon le Kremlin, les quatre dirigeants «ont souligné la nécessité d'assurer la viabilité du cessez-le-feu» et «ont souligné leur volonté de soutenir le travail de la mission de surveillance de l'OSCE».

Ils ont également examiné les conséquences de la prise de Debaltseve par les séparatistes et l'application des accords de Minsk au cours de cette conférence téléphonique, d'après un communiqué de la présidence française.

Selon ce communiqué, «les représentants de l'OSCE doivent rencontrer sur le terrain les parties pour mettre en oeuvre rapidement» les mesures décidées lors de l'accord de Minsk le 12 février, et les ministres des Affaires étrangères des quatre pays «se parleront» jeudi «pour définir les modalités du mécanisme de supervision» prévu par cet accord.

De source diplomatique française, on a indiqué qu'il y aurait «une réunion, peut-être à Paris, dans les jours qui viennent», afin de «faire en sorte que les entorses constatées ne mènent pas à la rupture de l'accord» de Minsk. «Les semaines qui viennent seront critiques», a-t-on ajouté de même source.

Mercredi, le président ukrainien Petro Porochenko a annoncé que son pays allait demander l'envoi d'une mission policière de l'Union européenne mandatée par l'ONU pour maintenir la paix dans la zone de guerre de l'Est rebelle prorusse.

L'offensive des séparatistes, qui parachèvent ainsi leurs avancées militaires amorcées pendant l'été, a fragilisé le cessez-le-feu instauré dans la nuit de samedi à dimanche en conformité aux accords de Minsk conclus il y a une semaine entre Kiev et les rebelles.

Signé le 12 février à l'issue de négociations marathon entre les dirigeants allemand, français, russe et ukrainien, l'accord de Minsk prévoit notamment un cessez-le-feu et le retrait des armes lourdes.