Les États-Unis réfléchissent à un renforcement de leur aide militaire à l'Ukraine en lui livrant des armes pour résister aux séparatistes prorusses, ont indiqué lundi des hauts responsables américains.

«Ce qui est en cours de discussion, c'est que nous devrions peut-être fournir des armes défensives, de l'équipement défensif» aux forces armées de Kiev, a expliqué un responsable du Pentagone. Les opinions sur le sujet au sein de l'administration américaine «ont mûri», compte tenu de l'appui qu'apporte la Russie aux rebelles dans l'Est ukrainien et des violations répétées des accords de cessez-le-feu de septembre dernier, a argumenté un autre responsable militaire américain.

Du côté du département d'État, on se montre plus prudent: sa porte-parole Jennifer Psaki a répondu lors de son point de presse qu'«aucune option n'est sur la table (mais qu') aucune n'en est exclue. Une discussion est en cours».

Le New York Times dimanche avait pour la première fois évoqué le fait que l'administration du président Barack Obama envisageait de fournir des armes à l'Ukraine, alors que jusqu'à présent elle s'y était refusée.

Lundi, Michèle Flournoy, ancienne numéro 3 du Pentagone, l'ancien ambassadeur des États-Unis auprès de l'OTAN Ivo Daalder et d'autres experts proches de la Maison-Blanche ont pris position publiquement en faveur de la livraison d'armes «défensives» à l'Ukraine.

L'Occident doit «accroître les risques et les coûts» pour la Russie en cas de nouvelle offensive dans l'Est de l'Ukraine, selon un rapport signé par ces personnalités.

«Cela signifie fournir une assistance militaire directe, dans des montants largement supérieurs à ceux fournis jusqu'à présent, et comprenant des armes défensives +létales+, pour que l'Ukraine puisse mieux se défendre par elle-même», plaide ce document.

Celui-ci recommande de fournir un milliard de dollars d'armements dès cette année, dont beaucoup d'équipements de type radars anti-artillerie, drones, brouillage électronique, mais aussi des missiles antivéhicules blindés, destinés à dissuader toute nouvelle offensive russe.

Le secrétaire d'État John Kerry est attendu à Kiev jeudi, sa seconde visite depuis que la crise ukrainienne a éclaté.

«Nous continuons de voir quelle est la meilleure manière de soutenir l'Ukraine. Notre objectif reste d'aboutir à une solution par des voies diplomatiques. Et nous examinons en permanence d'autres options qui pourraient permettre de faire place à une solution négociée de la crise», a argumenté Mme Psaki, lisant un communiqué calibré au millimètre.

«Nous nous réservons le droit d'envisager toute une gamme d'options», a souligné Mme Psaki, avançant le même argumentaire développé il y a des mois par Washington sur l'opportunité ou non d'armer l'opposition en Syrie.

Les États-Unis accusent la Russie d'armer les rebelles, ce que Moscou dément, mais ils ont exclu jusqu'à présent de fournir des armes à Kiev, se limitant à une assistance militaire, comme des gilets pare-balles, de l'équipement médical et des radars.

Très critique contre Moscou sur la crise ukrainienne, Washington fait toutefois tout pour ne pas envenimer davantage ses relations avec la Russie.

«Je ne pense pas que quiconque veuille d'une guerre par procuration avec la Russie. Ce n'est pas l'objectif. Notre objectif est de changer le comportement de la Russie. C'est pour cela que nous avons mis en place des sanctions», a expliqué la porte-parole du département d'État.

Mais pour Fiona Hill, du Brookings Center à Washington, «il y a un vrai risque dorénavant que nous finissions par une guerre avec la Russie». Aux yeux de son confrère Joerg Forbrig, du centre de recherches German Marshall Fund of the United States, il existe également «bien entendu un risque» d'escalade mais c'est «un risque limité si l'on se borne à fournir des armements strictement défensifs».