Les séparatistes prorusses ont menacé d'étendre leur offensive dans l'est de l'Ukraine en cas d'échec des pourparlers de paix dont la tenue samedi à Minsk reste incertaine.

Sur le front diplomatique, l'Ukraine va recevoir le soutien des États-Unis avec la visite à Kiev du secrétaire d'État américain John Kerry le 5 février.

Son dernier déplacement en Ukraine date du 4 mars dernier, peu après la chute du régime prorusse et avant l'annexion de la Crimée par la Russie.

La veille, c'est l'Union européenne qui a accru sa pression sur la Russie pour son rôle dans la crise ukrainienne, en prolongeant de six mois les sanctions ciblées adoptées en mars contre des personnalités séparatistes prorusses et russes, et en élargissant la liste noire déjà longue de 132 personnes visées par un gel de leurs avoirs et une interdiction de voyager dans l'UE.

La chancelière allemande Angela Merkel, le président français François Hollande et le président du Parlement européen Martin Schulz devaient également aborder la question de l'Ukraine au cours d'un dîner vendredi soir à Strasbourg.

Alors que les combats font rage sur toute la ligne du front, les séparatistes ont menacé de «poursuivre l'offensive jusqu'à la libération totale des régions de Donetsk et de Lougansk», dont une grande partie est toujours contrôlée par le gouvernement de Kiev, en cas d'échec de négociations de paix.

Plus tôt dans la journée, les émissaires séparatistes signataires de cette déclaration avaient affirmé que les pourparlers avec Kiev, qui devaient se tenir vendredi à Minsk en présence de représentants russe et de l'OSCE, avaient été «annulés», menaçant de quitter la capitale bélarusse.

Mais l'ex-président ukrainien Léonid Koutchma, qui représente Kiev, a lui indiqué que l'Ukraine espérait que les pourparlers auraient lieu samedi à Minsk et qu'une nouvelle trêve y serait conclue.

L'Ukraine insiste sur la présence à Minsk des dirigeants des républiques séparatistes de Donetsk et de Lougansk, Alexandre Zakhartchenko et Igor Plotnitski, qui ont signé les accords de paix en septembre, et non de leurs émissaires, a indiqué à l'AFP le porte-parole de la diplomatie ukrainienne Evguen Perebyïnis.

Les rebelles exigent eux que Kiev nomme un représentant «capable de mettre en oeuvre les accords conclus», critiquant implicitement le choix de l'ex-président Koutchma.

Dans un entretien téléphonique avec la chancelière allemande Angela Merkel, le président ukrainien Petro Porochenko a souligné la nécessité de conclure «un cessez-le-feu immédiat».

Et à Paris, la France et la Pologne ont appelé à «un cessez-le-feu immédiat», demandant à la Russie de cesser «toute forme de soutien aux séparatistes».

Les Ukrainiens appelés à déposer les armes

Sur le terrain, les combats continuaient notamment autour de la ville stratégique de Debaltseve, qui relie les capitales séparatistes de Donetsk et de Lougansk.

Les combats étaient particulièrement violents près de la localité de Vougleguirsk, dont la prise par les séparatistes signifierait un encerclement quasi-total de Debaltseve.

Ce sont les civils qui paient le plus lourd tribut avec au moins 19 personnes tuées, au cours des dernières 24 heures, dans des bombardements à Donetsk, chef-lieu des rebelles, et dans la région. Il s'agit d'un des pires bilans journaliers depuis le début de ce conflit, qui a fait en neuf mois plus de 5000 morts.

L'armée a pour sa part annoncé avoir perdu cinq soldats, tandis que le dirigeant de la république séparatiste de Donetsk Alexandre Zakhartchenko a appelé les militaires ukrainiens de Debaltseve à «déposer les armes».

Vous avez une chance de sauver vos vies», a-t-il lancé sur une chaîne de télévision russe.

A Debaltseve, «ça bombarde jour et nuit», a déclaré à l'AFP Svetlana Dremliouk, conseillère municipale de la ville. «Des volontaires essayent d'évacuer la population mais les gens réfugiés dans des caves ne sont pas au courant».

Plusieurs médias ukrainiens comparent d'ores et déjà la bataille de Debaltseve à la tragédie d'Ilovaïsk, où des troupes ukrainiennes se sont fait encercler par les rebelles et où plus de cent militaires ont été tués.

Cette bataille, fin août, avait été suivie des premiers pourparlers de Minsk, lors desquels avait été conclu un cessez-le-feu très peu respecté depuis.