L'Union européenne va rallonger sa liste des personnes sanctionnées pour leur implication dans le conflit en Ukraine, alors que de nouveaux pourparlers de paix auront lieu vendredi à Minsk, en présence des séparatistes prorusses.

«Nous allons renforcer les sanctions qui visent les séparatistes et ceux qui les soutiennent, y compris en Russie», a déclaré le secrétaire d'État français aux Affaires européennes, Harlem Désir, à son arrivée à une réunion à Bruxelles convoquée après la nouvelle offensive des séparatistes pro-russes et le bombardement de Marioupol samedi, qui a fait au moins 30 morts.

«Nous allons manifester une unité très forte de l'UE et exercer toutes les pressions nécessaires, y compris par la prolongation et l'extension des sanctions individuelles, pour obtenir un retour à une solution négociée», a-t-il insisté.

De nouveaux pourparlers de paix entre le «Groupe» de contact composé de représentants de l'Ukraine, de la Russie et de l'OSCE, et les rebelles prorusses, doivent se tenir vendredi à Minsk pour négocier une trêve, alors que sur le terrain les combats ont encore fait 11 morts.

Cette annonce du gouvernement bélarusse est intervenue quelques minutes après un appel en ce sens du président ukrainien Petro Porochenko.

Le dernier cycle de pourparlers à Minsk le 24 décembre s'est soldé par un échec. Depuis la situation s'est nettement dégradée dans l'est de l'Ukraine, où le conflit a déjà fait depuis avril au moins 5000 morts, selon l'ONU.

À Bruxelles, l'unité des Européens est mise à mal sur la question de l'éventuel renforcement des sanctions économiques, auquel s'opposent plusieurs États membres. Ces sanctions «sont en place» et elles «sont lourdes», a relevé le ministre français.

Selon un projet de conclusions consulté par l'AFP, les 28 doivent décider, outre de l'extension de la liste noire, de reconduire au moins jusqu'en septembre la première série de sanctions ciblées visant des séparatistes ukrainiens et des responsables russes, qui arrivent à échéance en mars. Jusqu'à présent, cette liste compte 132 personnes et 28 entités.

Sur la question des sanctions économiques, le document évoque «de nouveaux travaux préparatoires (...) sur des actions appropriées, en particulier de nouvelles sanctions».

Nouvelle attaque rebelle

L'Autriche, la République tchèque et la Slovaquie, trois pays gouvernés par des sociaux-démocrates, se sont dits «sceptiques» sur l'adoption de nouvelles sanctions contre Moscou, rejoignant la position exprimée la veille par l'Allemagne.

Alors que le nouveau gouvernement grec est soupçonné de vouloir s'opposer à un durcissement envers Moscou, le ministre grec, Nikos Kotzias, a indiqué qu'il voulait «prévenir une fracture» entre l'UE et la Russie.

Sur le terrain, les combats ont gagné en intensité ces derniers jours avec cinq soldats et six civils tués en 24 heures. L'armée ukrainienne a annoncé une attaque des rebelles appuyée par des chars contre la ville de Vougleguirsk située à 10 km à l'ouest de Debaltseve, localité stratégique et l'un des principaux points chauds du conflit ces derniers jours.

L'armée ukrainienne et les autorités de la République autoproclamée de Donetsk (DNR) ont par ailleurs procédé à un premier échange de prisonniers depuis la prise de l'aéroport de Donetsk, a constaté une journaliste de l'AFP.

La guerre des mots entre Russes et Occidentaux est également à son comble. Dernier exemple en date: le Parlement russe réfléchit à une résolution condamnant «l'annexion» de la RDA par la RFA après la chute du mur de Berlin en 1989.

C'est dans ce contexte que Mikhaïl Gorbatchev est sorti de son silence. «On n'entend que parler de sanctions de l'Amérique et de l'Union européenne contre la Russie. Ont-ils perdu la tête?», a-t-il lancé. Washington «nous entraîne dans une nouvelle Guerre froide», a fustigé l'ancien dirigeant, âgé de 83 ans. «Et ensuite? Je ne suis pas en mesure de déclarer qu'elle ne va pas se transformer en véritable guerre».

Signe de la fébrilité, la Pologne a annoncé qu'elle allait encourager ses citoyens à suivre une formation militaire, augmenter le nombre d'exercices pour les réservistes et faire appel à des groupes paramilitaires pour renforcer son système de défense.

Au cours d'un entretien téléphonique avec M. Porochenko, le vice-président des États-Unis, Joe Biden, avait affirmé mercredi soir que le prix à payer «continuera d'augmenter» pour Moscou «tant que la Russie ne cessera pas ses atteintes flagrantes à ses obligations».