L'Ukraine a demandé une nouvelle fois à la Russie mercredi qu'elle cesse d'attiser le conflit dans l'est de son territoire, soutenue par Washington à la veille d'une possible extension des sanctions de l'UE.

Le président ukrainien, Petro Porochenko, a indiqué avoir envoyé une lettre au président russe, Vladimir Poutine, pour «exiger» qu'il arrête les violences dans l'est du pays, où au moins huit personnes, dont cinq militaires ukrainiens, ont été tuées en 24 heures. Le conflit a fait plus de 5000 morts en neuf mois.

Le président américain, Barack Obama, et la chancelière allemande, Angela Merkel, «se sont mis d'accord» sur le fait que la Russie devra «assumer la responsabilité» de son «soutien matériel aux séparatistes» pro-russes dans l'est de l'Ukraine, lors d'un entretien téléphonique mardi, selon un communiqué de la Maison-Blanche.

Les ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne se réuniront quant à eux jeudi pour envisager de nouvelles sanctions contre la Russie, une annonce dont se sont toutefois distanciées la Grèce et Chypre mercredi, alors que le consensus est requis.

Selon des sources diplomatiques, l'UE s'oriente vers une extension de sa liste noire de personnes sanctionnées pour leur implication dans le conflit, mais n'irait pas jusqu'à alourdir les sanctions économiques envers la Russie.

Lettre à Poutine 

«J'ai envoyé une lettre au président Poutine dont un des éléments clés est non seulement l'exigence de l'arrêt des tirs et du respect des accords (de paix) de Minsk, mais aussi la libération de Nadia Savtchenko», pilote militaire ukrainienne détenue en Russie, où elle est accusé du meurtre de journalistes russes, a déclaré Petro Porochenko, cité mercredi dans un communiqué de la présidence.

Le Kremlin est accusé par les Ukrainiens et les Occidentaux d'aider militairement les séparatistes et d'avoir déployé ses troupes régulières dans l'est du pays.

La Russie, dont les relations avec l'Occident connaissent une crise inédite depuis la fin de la Guerre froide, nie toute implication directe dans ce conflit.

Face au regain des violences dans l'est de l'Ukraine, les États-Unis ont eux aussi réitéré leur menace de renforcer les sanctions économiques contre la Russie, qui ont déjà concouru, avec la chute des cours du pétrole, à plonger le pays dans la crise financière.

«Notre premier choix est la solution diplomatique, qui nous permettra d'atténuer les sanctions. Mais nous sommes préparés à faire plus si nécessaire. A cette fin, nous allons continuer de travailler avec nos alliés pour accroître la pression sur la Russie», a déclaré mercredi à Kiev le secrétaire d'État américain au Trésor, Jack Lew.

M. Porochenko a salué l'efficacité des sanctions économiques occidentales contre la Russie, dont la devise s'est effondrée en 2014 face au dollar et à l'euro. «Nous devons créer les conditions pour forcer la Russie à négocier et à remplir les engagements qu'elle a pris», a souligné le président ukrainien.

Aide occidentale 

Pour sa part, M. Lew a répété les conditions pour une levée des sanctions contre la Russie. «Nous l'avons clairement dit dès le début: si Moscou respecte intégralement ses obligations dans le cadre des accords de Minsk, les sanctions contre la Russie pourraient être allégées», a-t-il dit.

Les Occidentaux ont durci le ton contre Moscou après les bombardements sur la ville ukrainienne de Marioupol, qui ont causé samedi la mort de dizaines de civils et ont fait une centaine de blessés.

Le bilan de cette attaque s'est alourdi à 31 mort, a indiqué Kiev mercredi. Parmi les cinq soldats ukrainiens tués dans les dernières 24 heures, deux étaient des volontaires qui ont péri mercredi matin dans un affrontement à une cinquantaine de kilomètres de Marioupol, selon Kiev.

Sur le plan économique, M. Obama et Mme Merkel ont annoncé la prochaine «finalisation d'un paquet de soutien financier pour l'Ukraine» afin de stabiliser son économie, au bord du gouffre. Le pays estime avoir perdu 20% de son PIB en raison du conflit dans l'est et de la perte en mars de la Crimée, annexée par la Russie.

L'Ukraine devrait recevoir cette année deux milliards de dollars de prêts américains à condition de mettre en oeuvre des réformes, notamment en matière de lutte contre la corruption, selon M. Lew.

Le Canada a également alloué à l'Ukraine un nouveau prêt de 200 millions de dollars «à faible taux d'intérêt», a annoncé mercredi le Premier ministre canadien, Stephen Harper.